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Ringards tous ces Français unis en Chiracophilie collective ?

Qui ose encore parler d’amour et dire des choses tendres ouvertement, là, devant et pour tout le monde. Obsolète, ringarde, « bisousnours », ridicule toute expression d’un quelconque «  affect » dans le monde politique. La haine oui, mais l’amour non ! Oui pour l’eau ferrugineuse ? ou l’autre ?

Tout est clivant dans notre pays, du choix de la couleur du sable des bacs où joueront ensemble nos enfants à celui de nos droits….fondamentaux.

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Chirac mon ami, un jour…. et à présent à jamais.

Dans cette symphonie avec cependant quelques bémols qui ne la cacophonisent pas trop, j’apporte ici un léger triolet. Oui, jeune assistant parlementaire, j’ai rencontré au début de l’été 1967 un jeune ( de sept ans mon aîné) Secrétaire d’Etat à l’emploi depuis quelques semaines, à Saint-Avold, Moselle , ville du Bassin Houiller de Lorraine ( BHL) en grande difficulté, même en perdition.

C’était Jacques Chirac.

On imaginera la teneur des discours et débats entre le ministre et les autorités politiques locales et surtout les responsables des Houillères. On saura à terme qu’il n’y avait déjà plus rien à sauver. Mais en Lorraine aussi, même en désarroi, on invite les hôtes à déjeuner. J’avais, avec un sous-préfet ami, la charge de la logistique de l’organisation de la journée.

La seule salle de restaurant digne et capable d’accueillir un aréopage aussi huppé et nombreux in situ était l’ Hôtel de Paris. Eh Oui ! Au centre d’une gigantesque table en U, au milieu de la barre horizontale avec les plus hauts dignitaires face à tous les convives évidemment, Jacques Chirac.

Tout le monde est assis tout va bien , la salive monte aux dents et mon collègue et moi restons debout soucieux de voir si tout allait bien comme nous l’avions organisé. Avant de nous éclipser.

«  Et ces deux là ? » crie le ministre. Mon patron le sénateur-maire de Forbach ( un peu le baron en ces lieux) explique  à l’oreille…Pas question pour l’invité qui exige qu’on mette deux chaises face à lui , à l’intérieur de la face vide. Protocole ? Nous avions pris tant de soins à placer les gens et voilà que nous étions les plus proches….face à Chirac moi, pile en face.

Nous fumes servis et encore, en vin par Monsieur le ministre en personne qui s’intéressait davantage à nous qu’aux dignitaires ( connaissance de la Lorraine, du Charbon, de nos vies , nos études, nos familles,notre service militaire, nos expériences…nos voeux ) à bâtons rompus comme entre vieux potes. J’étais fier, heureux et surtout impressionné par cette mue du personnage brillantissime du matin en compagnon si détendu, amical au déjeuner. Je l’ai rencontré une autrefois à Paris et m’étant présenté et j’ai été gratifié d’un «  mais bien sûr je m’en souviens », feint sans doute…Peu importe de tous les « grands » que j’ai rencontrés c’est lui qui m’est entré le plus irrémédiablement dans le cœur. Alors je comprends aujourd’hui…..

« Sur les pianos du cœur et les violons de l’âme » ( Ferré, Les poètes)

Je profite de cette opportunité d’attendrissement pour fustiger les comportements de critique péremptoire, systématique, irréfléchie et trop souvent haineux de nos concitoyens. Les débats sur les réseaux sociaux sont à l’image de ceux proposés sur les écrans et dans la presse d’opinion. Nougaro chantait Toulouse «  où même les mémés aiment la castagne » Oui , on peut mais loyalement et sans kalachnikov.

La crise morale est généralisée sans qu’on en connaisse le fond du fond. Peut-être est ce au fond de l’âme imprégnée d’égoïsme, de jalousie, d’envies démesurées, de solitude ou au mieux de clanisme ou sectarisme.Amen !

Mais là, sans gâtisme , on peut dire que c’était mieux avant au temps du bistrot du coin, du bal populaire, des excursions, du respect des élus qu’on avait choisis ou pas….avec quelques libertés en plus….

Sic transit…..vita mundi. On peut y aller, dans les néologismes, surtout en latin.

Antoine Spohr.

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