Européenne

Retrouvailles franco-allemandes sur la passerelle Mimram

par Alice Ferber

Ce samedi à midi, les habitants de Strasbourg et de Kehl ont reconduit leur mobilisation à la frontière. Pour la première fois depuis le 16 mars, ils se sont retrouvés sur la plateforme commune de la passerelle Mimram. Les salutations lointaines depuis leur rive du Rhin respective ont laissé place à une véritable rencontre, sous la surveillance de la police allemande.

À Strasbourg, les mesures de la phase 2 du déconfinement incluent la réouverture des parcs et jardins dès le samedi 30 mai au matin. Sans plus attendre, les citoyens français et allemands en ont profité pour braver la frontière qu’ils combattent activement depuis quatre semaines.

Les drapeaux français, allemand et européen sont de sortie

Les Strasbourgeois renouent avec le jardin des Deux Rives et sa fameuse passerelle Mimram, qui communique avec la rive allemande. Les amis de longue date se retrouvent, les conversations s’entremêlent.

Le vent souffle fort mais ne décourage pas l’ascension des participants

Alors que retentit l’hymne de l’Union européenne, l’Ode à la joie de Beethoven, Français et Allemands partent à l’assaut de la passerelle. Au sommet, une réunion symbolique et tant espérée les attend.

Le samedi 4 avril 2009, la passerelle Mirmam accueillait des chefs d’États
comme Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et Barack Obama lors du Sommet de l’OTAN

Peter Cleiss, Jacques Schmitt et leurs partenaires à l’origine de cette initiative rappellent que la fermeture des frontières n’a toujours pas été levée. « Cette décision unilatérale est en contradiction avec le principe de libre circulation » déplorent-ils en interpellant les dirigeants politiques responsables.

Lorsque les frontières ont été fermées entre nos pays, ici et là, des barrières sont elles aussi réapparues dans les têtes et les cœurs des citoyens européens. C’est dans ce contexte que nous, citoyennes et citoyens de l’Union européenne, nous demandons aujourd’hui aux responsables politiques :

1. L’ouverture immédiate des frontières et l’arrêt des contrôles frontaliers, ainsi que l’abandon des attestations nécessaires pour aller dans un pays européen voisin.

2. D’utiliser davantage les structures politiques et administratives transfrontalières pour trouver des solutions communes lors des crises futures.

3. Le développement de l’Union européenne : certains sujets et problèmes ne peuvent pas être traités comme s’ils ne concernaient qu’une seule nation et demandent une réponse globale européenne.

Communiqué commun
Peter Cleiss et Jacques Schmitt déclament leur communiqué en présence de la police allemande

Jacques Schmitt se réjouit de ce nouveau succès : « C’est la première fois qu’autant de monde se déplace. On peut célébrer la réouverture de la passerelle comme une première victoire. » Le président de l’association Unir l’Europe estime que « les décisions vont dans le bon sens. Il est temps que cela revienne à la normale. »

Les militants des Jeunes Européens (JEP) ont lancé le hashtag #DontTouchMySchengen

Chaque semaine, les collectifs français et allemands comme Pulse of Europe, Lions-Club Strasbourg Métropole Europe et Europa-Union Kehl renouvellent leur soutien. Pour Clément Maury, vice président de l’association des Jeunes Européens de Strasbourg, « fermer la frontière de cette manière crée des tensions. Travailler chacun chez soi sur des projets frontaliers n’a pas de sens, c’est même déprimant. » Il se satisfait de l’ampleur que prennent les mobilisations, si bien qu’elles sont devenues « un sujet politique. » Jeanne Barseghian est d’ailleurs la seule candidate à la mairie de Strasbourg à être venue apporter son soutien.

Même si la passerelle Mimram accueille à nouveau piétons et cyclistes,
les barrières et contrôles policiers restent de rigueur.

Pas à pas, les habitants du Rhin Supérieur retrouvent leurs habitudes quotidiennes. Mais pour aller faire ses courses à Kehl ou profiter des restaurants et bars voisins, il faudra patienter encore quelques semaines.

1 réponse »

  1. Bravo pour ce reportage qui ne manque pas d’air, ni de rapidité : merci pour le vent d’Espérance qui franchit les frontières et les passerelles, pour les parapluies et les drapeaux européens capables de baigner de couleurs la police, puis de voguer au souffle de Pentecôte et d’Europe !

Laisser un commentaire