Littérature

« Funérailles célestes » de Xinran : un voyage dans le Tibet des années 1960.

Par Morgane Geoffroy

Xinran, journaliste et écrivaine chinoise née en 1958, est surtout renommée pour l’émission de radio qu’elle anime et dont elle tirera un livre, Chinoises, publié chez Picquier en 2003, qui la fera connaître au grand public. En 2005 elle publie, toujours chez Picquier, les Funérailles célestes, roman très bien reçu par la critique.

Ce roman raconte l’histoire vraie de Shu Wen, une jeune médecin chinoise qui part à la recherche de son mari Kejun, médecin lui aussi, après que l’armée de libération lui a annoncé sa mort au Tibet. N’y croyant pas et voulant à tout prix savoir ce qui lui est arrivé, elle s’enrôle auprès de l’armée de libération pour suivre ses pas et tenter de le retrouver. Au Tibet, la vie n’est pas la même que celle qu’elle avait en Chine. Là-bas, sur le plateau habité le plus élevé de la planète, Wen rencontre une famille de nomades qui la prend sous son aile. Ne partageant ni la langue ni les coutumes tibétaines et bouddhistes, l’adaptation de Wen est des plus ardues. Toutefois, l’amitié, la compassion, la résilience et surtout l’amour, essentiel à sa survie, suivront et encourageront Wen tout au long de son périple.

Au terme de la lecture des Funérailles célestes, le besoin de cesser de retenir sa respiration se fait sentir. Comment lâcher ce livre quand tant de questions restent sans réponse ? Comment reprendre pied dans le monde réel après avoir passé une trentaine d’années au Tibet en compagnie de Wen ? Comment comprendre, enfin, la grande marche du monde, sans se sentir blessé par tout ce qu’elle rate, tout ce qu’elle ignore ? En lisant Funérailles célestes, nous sommes profondément impliqués dans le périple de Wen et nous apprenons à ses côtés. Comment dès lors ne pas s’attacher à ces nomades, à cette nature et à ce mode de vie si authentique et spirituel ? Il est difficile de se plonger dans les confins du Tibet des années 1960, mais Xinran réussit parfaitement à rendre l’ambiance et l’environnement d’une telle vie. Chaque adjectif, chaque couleur décrite, chaque mot prend tout son sens et semble s’insérer dans un ensemble plus vaste, faisant émerger le Tibet lui-même.

Souvent répété dans ce roman, le mantra bouddhiste dit de la grande compassion, Om Mani Padme Hum, nous accompagne tout au long de notre lecture. Compassion pour Wen, compassion pour Kejun, compassion pour cette famille nomade et enfin, compassion pour ces traditions et ces paysages inépuisables de beauté et de sens. En lisant les Funérailles célestes de Xinran, c’est tout un autre monde que l’on découvre, et c’en est un que l’on n’a pas envie de quitter.

Lien vers la biographie de l’auteur : https://www.editions-picquier.com/auteur/xinran/

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