Bons plans

Le manuscrit de « Flohr » trait d’union entre Boston et Strasbourg.

La Médiathèque André Malraux présente actuellement une exposition intéressante de livres d’artistes. C’est l’aboutissement du projet Ex-Libris proposé par l’association Trafic d’Art.     Vingt six artistes contemporains (13 bostoniens, 13 strasbourgeois) se sont inspirés du « Flohr », pièce maitresse du Fonds patrimonial de la ville de Strasbourg, pour réaliser ces œuvres.

Une aventure passionnante et féconde qu’il faut se dépêcher d’aller voir, elle s’achèvera le 24 juin.

Le fabuleux destin du soldat Georg Daniel Flohr.

Tout débute en 1776 quand Georg Daniel Flohr, jeune allemand du Palatinat, entre au Royal Deux- Ponts à Zweibrücken.(cf*) Ce régiment sera très vite envoyé en Amérique pour participer à la guerre d’indépendance des Etats-Unis. Dès son embarquement à Brest, G.D. Flohr aura l’idée géniale et surtout le talent de tenir un journal de son périple.

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Il y relate la traversée de l’Atlantique, la guerre (Bataille de Yorktown de1781) mais semble bien plus impressionné par ce mystérieux « Nouveau monde » qu’il découvre alors : la faune, la flore, les villes, les peuplades, les modes de vie … Le jeune soldat en rapportera des souvenirs émerveillés qu’il transcrira, dès son retour sur le vieux continent, dans cet admirable ouvrage qui est le cœur de l’exposition.

La « perle » du fonds patrimonial de la ville de Strasbourg.

Le « Flohr » est un texte singulier dans sa forme comme dans son contenu » (Isabelle Laboulais, Professeure d’histoire moderne à l’université de Strasbourg)

Le mystère reste entier quant à la façon dont ce manuscrit a atterri sur les rayons de la bibliothèque municipale. Quoiqu’il en soit il est considéré comme le fleuron du Fonds Patrimonial des médiathèques de Strasbourg

C’est un objet précieux du point de vue historique car les journaux relatant la Guerre d’indépendance ne sont pas nombreux et, en principe, rédigés par des officiers et non par de simples soldats. (On peut penser à l’école des Annales!)

Son originalité tient dans ses illustrations qui lui donnent toute sa valeur. Une trentaine de petits tableaux naïfs et colorés accompagnent le texte et font de ce manuscrit autant un objet d’art qu’un livre d’histoire.

Une aventure transatlantique

Des liens étroits unissent Strasbourg et Boston depuis les années soixante. Le jumelage des deux villes fut initié par le grand chef d’orchestre strasbourgeois Charles Munch qui dirigea le Boston Symphony Orchestra de 1949 à 1962.

Ce partenariat se concrétise principalement par des coopérations fructueuses entre universités et chercheurs dans le domaine scientifique : A Strasbourg, l’IRCAD (institut de recherche contre les cancers de l’appareil digestif) ou l’ESBS (Ecole supérieure de biotechnologie de Strasbourg). A Boston, la prestigieuse université Harvard et le MIT (Massachusetts Institute of Technology).

La collaboration entre les deux villes se fait également autour d’autres axes avec des échanges d’expertise dans le domaine des mobilités urbaines, des technologies médicales, des politiques en matière d’accueil des réfugiés…

Les échanges culturels sont également nombreux et variés autant dans le domaine musical qu’artistique.

En 2012, un projet artistique croisé intitulé « Par avion » avait déjà donné lieu à une exposition de 50 œuvres de chaque côté de l’Atlantique. La vente aux enchères de ces peintures à la Foire d’art contemporain St’art a permis de financer le projet Ex-Libris dévoilé aujourd’hui à Strasbourg, après Boston à l’automne 2016.

Utilisant la diversité des techniques modernes d’expression les vingt six propositions d’artistes font montre de créativité, d’esprit et de fantaisie pour réinventer le manuscrit de Flohr..

En voici une par Sara

PhotoContemprain inspiré« C’est certainement dans la richesse même de ce récit que réside l’explication d’une telle diversitéElles sont les preuves irréfutables d’un profond dialogue par delà les siècles » (Jacques Stoll, secrétaire de l’Association Trafic d’Art)

On voit une fois de plus que l’art est sans conteste un formidable outil pour écrire l’Histoire.

Gervaise Thirion

 

 

* LE ROYAL-DEUX-PONTS (pour les férus d’Histoire Militaire)

Aux termes d’un accord conclu entre Louis XV et Christian IV, signé le 7 avril 1756, le duc de Zweibrücken (Christian IV) s’engage à lever un « corps de deux mille hommes d’infanterie », contre-partie d’une rente annuelle de 80 000 florins. Dix mois plus tard, l’ordonnance royale du 19 février 1757 officialise la création d’un « Régiment d’infanterie allemande », sous la dénomination de Royal-Deux-Ponts, avec effet au 1er avril 1757.

C’est le début d’un cycle qui conduit le tout nouveau régiment à participer quelques mois plus tard à la guerre de Sept Ans. Le 27 mars 1780, il est désigné pour faire partie du corps expéditionnaire de six mille hommes qui, sous les ordres du comte de Rochambeau, a mission de venir en aide aux Américains qui luttent pour leur indépendance. Le 4 avril 1780, il s’embarque à Brest pour arriver trois mois plus tard à Newport, au nord de New-York. Commandé par le comte de Forbach des Deux-Ponts, le régiment est composé à 60 % de sujets allemands et à 40 % d’Alsaciens-Lorrains. La brigade franco-allemande avant l’heure ! Dans la nuit du 14 au 15 octobre 1781, les grenadiers du Royal-Deux-Ponts jouent un rôle déterminant dans la conquête de la redoute n° 9, clé de voûte du système défensif anglais de Yorktown (Virginie). La capitulation est signée le 19 octobre. Acteur décisif de la bataille, le régiment quitte les Etats-Unis en juillet 1783, couvert d’honneurs et de gloire.

(Extrait du site de la FRAC-fédération d association d’Anciens Combattants)

 

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