Européenne

Un bouclier contre les défis de la Mondialisation, pour s’émanciper du nationalisme.

Par Han-Ul Chang

L’Europe : un bouclier contre les défis de la mondialisation et pour s’émanciper du nationalisme ?

Roma non fu fatta in un giorno…

Tout comme Rome, l’Union Européenne ne se construira pas en un jour (sans doute parce que je n’y officie pas*), et c’est à nous en tant que citoyens de l’Union européenne, de continuer à poser les briques de cette fondation qui a plus de 60 ans.

* Brian Clough, entraineur du club de football anglais de Nottingham Forrest lors d’une conférence de presse : « Rome ne s’est pas faite en un jour. Mais je ne m’en occupais pas »

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Han-Ul Chang, l’Européen, l’auteur.

C’est en mon nom propre d’étudiant en droit ( master) et en tant qu’Européen avec des origines sud-coréennes, attentif et fasciné par la construction européenne, que je m’exprime ici avant de participer avec un groupe d’étudiants à une série d’articles voulus pédagogiques donc abordables par tous. Un fascicule sera édité pour les réunir et mis à disposition avant le 26 mai pour faire découvrir ou rappeler simplement les « fondamentaux ». Apprendre, comprendre et décider!

Certes l’Union européenne n’est pas parfaite.

 Sinon, elle n’aurait pas été sujette à autant de critiques et de crises dans les dernières années. Bien sûr, je conçois que certaines critiques soient fondées telles que celles portant sur un eurojargon souvent indéchiffrable ou sur un déficit de légitimité ressenti donc de lisibilité de certaines institutions comme le Conseil Européen ( ne pas confondre avec le Conseil de l’Europe), ou encore sur l’appellation ironique de « UERSS » où Bruxelles serait la New Moscow, avec en plus des affaires comme celle du « Selmayrgate » qui serait digne d’un épisode de House of Cards ( nomination fortement contestée de Martin Selmayr dans le staff de M.Juncker)…

Cependant, n’est-ce pas dans les imperfections que réside l’appel à la perfection (du moins en amour) ? Bien sûr, les corriger prendra du temps, mais je ne crois pas que ce soit dans le désintérêt à l’Europe  ou le désamour que nous serions plus constructifs pour notre pays. Et en tant que citoyen(ne) européen(ne), notre premier devoir sera d’aller aux urnes en mai prochain (26 mai).

L’Union Européenne, si bleue soit-elle, ne nous permet pas de vivre dans le monde merveilleux des Schtroumpfs, mais bel et bien dans un monde global avec ses enjeux.

Nationalisme, « Retour vers le passé » ?

Il y a des milliers d’années en Chine, l’Histoire du Fleuve Huang He fut une preuve d’un patriotisme réussi. Il s’agit des conditions de vie de plusieurs tribus qui dépendaient dudit fleuve pour leur survie et leur prospérité. Ces tribus souffraient du même problème d’ inondations périodiques et de sécheresse ensuite,  mais chacune des tribus ne pouvait contrôler qu’une petite partie du fleuve. Après un long et difficile dialogue, elles ont fini par se coaliser, donnant naissance à la « nation chinoise ». Ceci leur a permis de mieux contrôler le fleuve et de le réguler par la construction de barrages et de canaux, ce qui in fine garantit un haut niveau de prospérité à l’ensemble des tribus.

Cependant, au XXIe siècle, les problèmes de fleuves aquatiques ont laissé place à d’autres flux plus grands et plus dangereux, ceux des flux de données, que l’on pourrait baptiser « cyber-fleuve ? ». Or, aucun Etat, seul, ne peut réguler un tel fleuve. Le souci provenant de ce que nous vivons toutes et tous sur la même planète. On sait aussi que le nationalisme n’a pas la capacité de résoudre des problèmes d’une telle envergure que le réchauffement climatique ou l’avancée technologique. C’est dans cette lutte, qu’une coopération mondiale deviendrait plus propice.

Lorsque Donald Trump, encore candidat à la présidence, lança comme slogan de campagne « Make America Great Again », il a sans doute imaginé qu’un retour en arrière était profitable. Comme si les Etats-Unis étaient à la recherche d’un glorieux passé (années 60 ? 80 ? ou bien avant?), et qu’ils devaient faire demi-tour pour revenir à une safe zone. Il s’agit d’un instinct (humain) viscéral : « si ça ne fonctionne pas, alors retournons en arrière ! », comme lorsque l’on se sent perdu lors d’une déambulation en ville. Mais c’est vers l’avenir que nos pensées devraient être tournées.

Puisque tous nos plus grands défis sont, par essence, planétaires ou mondiaux comme l’écologie, sujet brûlant du moment ( !) ou les questions liées à l’intelligence artificielle qui impacteront sans aucun doute le futur du marché du travail (la Corée du Sud a mis en place des robots faisant office de recruteurs) ou encore le génie biologique, tous ces changements risqueraient de chambouler notre économie à l’échelle mondiale. Par conséquent, il deviendrait inutile pour un seul Etat d’interdire, par exemple, les modifications génétiques, si d’un autre côté, la Chine continue ses recherches sur le « transhumanisme ».

Ainsi, une législation qui serait uniquement nationale n’aurait aucun effet. De même, une volonté d’un retour en arrière n’empêcherait pas les autres Etats de poursuivre leur avancée technologique et scientifique.

L’Union européenne, un (premier) rempart ?

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La Triade. Qu’on imagine l’UE disloquée!

Pour pouvoir lutter dans ces nombreux challenges, l’Union européenne forte permettrait d’échapper à la tentation de nationalisme par ses lois qui s’appliquent généralement à l’ensemble du territoire de l’Union. Bien évidemment, toutes ne sont pas efficaces ou utiles. L’UE n’est pas un deus ex machina. Cette capacité à légiférer sur le plan de plusieurs Etats (27) doit être utilisée à bon escient afin de garantir une meilleure protection et de lutter efficacement face aux autres hyper-puissances pour assurer une véritable indépendance vis-à-vis d’elles.

L’euro, qui souffle cette année ses vingt bougies, est un parfait exemple d’une réussite européenne. Si la France avait conservé son franc, la crise des Gilets jaunes, qui frappe le pays depuis maintenant 2 mois, ferait fuir les investisseurs vers des Etats comme les Pays-Bas, la Suède ou encore les Etats-Unis où le climat social et économique est peut-être moins violent. Cette perte de capitaux aurait eu pour conséquence immédiate l’affaiblissement de la monnaie nationale et donc un ralentissement de l’économie nationale.

Certes cela aurait eu des répercussions bénéfiques sur les l’exportations, mais concernant l’importation des produits comme les carburants (eh oui !), leur prix aurait augmenté. Une inflation de l’importation qui affaiblirait alors le pouvoir d’achat des ménages, la consommation et, a fortiori, l’activité économique. Ainsi, l’euro a permis que le taux de change de la monnaie unique ne change pas, malgré les actions des Gilets Jaunes. De ce fait, leurs actions sont protégées par un bouclier qui s’appelle, l’euro (étonnant, non ?!).

De même le retour à une monnaie nationale voulu par certains partis démagogues (je n’use pas du terme de populiste  car je considère qu’ils n’ont pas de monopole parce que ils ne sont pas, eux-seuls, le peuple) n’est plus d’actualité.

Il en va ainsi pour le Brexit qui nous semblait regrettable il y a encore 2 ans et adopté par les Britanniques. Il connaît une tendance tout autre aujourd’hui en UK. Une bonne partie des Britanniques regrettent la sortie de l’Union Européenne basée sur des slogans mensongers avec le fameux « Give our money back ! », et surtout la complexité de convenir un accord satisfaisant pour toutes les parties : l’UE, Thérésa May et les conservateurs, l’opposition travailliste….Par ailleurs, l’effet domino tant redouté après l’annonce du Brexit, n’est plus dans les bouches des gouvernements néerlandais ou suédois ni même des populistes. Ainsi, le Brexit est une formidable opportunité pour l’Union Européenne de faire preuve d’unité, notamment pour lutter contre les ogres Américains, Russes et Chinois, et l’émergence des « Quatre Dragons » (Corée, Japon, Singapour et Taiwan).

Face à ces nombreux enjeux, ainsi qu’une concurrence mondiale croissante, essayons alors de devenir un grand et beau village d’irréductibles européens résistant encore et toujours à l’envahisseur potentiel.

Han-Ul CHANG

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