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La romancière, le film et le heureux hasard : un pur amour des arts et des opportunités qu’offre la vie.

Par Morgane Geoffroy

Le réalisateur sud-coréen Hong Sangsoo revient avec un nouveau chef-d’œuvre en noir et blanc, La romancière, le film et le heureux hasard, récompensé de l’Ours d’Argent à la Berlinale 2022. À travers des rencontres fortuites, des discussions profondes et une qualité d’image remarquable, ce long-métrage mérite tout à fait sa reconnaissance.

Junhee, célèbre romancière, quitte Séoul le temps d’une journée pour rendre visite à une libraire, amie de longue date dont elle n’a plus de nouvelles. Plus tard ce même jour, elle tombe sur un réalisateur et sa femme, avec qui elle s’était brouillée quelques années auparavant. De fil en aiguille, elle en vient à rencontrer Kilsoo, une actrice reconnue et qu’elle admire, et son neveu, étudiant en cinéma. Elle leur propose de réaliser un film, un court-métrage fictif qui contiendra néanmoins toute la vérité et la pureté de la vie.

© Arizona Distribution

Avec ce long métrage en noir et blanc, Ours d’Argent de la Berlinale 2022 et sorti en salle à l’international à l’occasion de la Berlinale 2023, le réalisateur sud-coréen Hong Sangsoo, déjà primé par le festival en 2020 et de nombreuses fois nominé à Cannes, nous livre un recueil de discussions sans fioritures, des plus simples et des plus honnêtes.

Au fil des rencontres, les langues se délient et les confessions rapprochent les protagonistes. Difficulté d’écrire un roman, sentiment d’essoufflement, mais volonté débordante, autant d’impressions qui animent Junhee et la poussent à vouloir réaliser un film, dont la rencontre fortuite avec Kilsoo est l’élément déclencheur, et quel bonheur d’être témoin de l’amitié naissante entre ces deux femmes qu’unissent un profond respect mutuel et surtout un amour pour l’art, quelle que soit la forme qu’il prend.

Un noir et blanc chaleureux

Si le film peut avoir ses longueurs – pas de rebondissements inattendus, pas de musique entraînante ou d’action folle – cette percée dans l’intimité des artistes demeure des plus enrichissantes. Qu’est-ce qui les anime ? Quelle est leur vision de l’art, de la vie ?

Il semble que tous ces éléments se recoupent pour aboutir à une évidence : ce sont les petites choses de la vie, ses coïncidences et ses opportunités, qui font ce que nous sommes et ce que nous aimons. Loin d’en rester là, ils donnent forme à ces choses : dans un livre, un film, un poème ou une rencontre. Autour d’un verre ou d’un repas, dans un parc ou en haut d’une tour, toute interaction, toute discussion et toute chose est une matière propice à la création, peu importe notre profil.

© Arizona Distribution

Finalement, avec son rythme lent et réaliste, La romancière, le film et le heureux hasard est un véritable moteur. Il fait naître chez le spectateur une réflexion sur ce que sont le cinéma et l’écriture, mais aussi sur ce qui fait la beauté de la vie qui n’apparaît que comme une succession d’opportunités et de rencontres, toutes autant significatives. Par ailleurs, la qualité de l’image est sans égal : le noir et blanc est étincelant et donne aux scènes une dimension intime et pure, presque naïve.

Ci-joint un lien vers une interview du réalisateur Hong Sangsoo : https://www.arizonafilms.fr/upload/ROMANCIERE/La%20romanci%C3%A8re_DP_web.pdf

La romancière, le film et le heureux hasard

Réalisé par Hong Sangsoo

Avec Lee Hyeyoung, Kim Minhee et Seo Younghwa

Durée : 92 minutes

En salle depuis le 15 février 2023

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