Conseil de l'Europe

Erdogan persiste dans la provocation

Qu’on nous permette de mettre en situation ce communiqué des dirigeants du Conseil de l’Europe. La Convention dite d’Istanbul, dont l’objet se trouve dans le communiqué qui suit, a précisément été signée à Istanbul et, de surcroît, par la Turquie en premier. Le Premier ministre turc était alors Erdogan qui, petit à petit, en trois législatures à ce poste de 2003 à 2014, s’est hissé sur la marche au-dessus, celle de président de la République, oui république, dès 2014. Et réélu plus difficilement en 2018, malgré la répression terrible qui a tenté d’éliminer l’opposition… Nous l’avions vu au Conseil de l’Europe escorté par un escouade de spadassins en costume/uniforme (civil) gris qui s’est installée dans les premiers rangs de l’hémicycle comme une garde prétorienne. C’était un présage !

Une réaction à chaud

Radical, Gérard Bouquet, responsable politique en observateur avisé, suggère sur FB des sanctions immédiates.

« Erdogan retire la Turquie de la Convention d’Istanbul (Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à égard des femmes et la violence domestique). Il faut en tirer immédiatement les conséquences : suspension du Conseil de l’Europe, arrêt des négociations d’entrée dans l’Union Européenne, arrêt des subventions directes ou indirectes aux associations pro-AKP, comme le soutien sur deniers publics à la mosquée Eyyub Sultan à Strasbourg. »

On est bien tenté de lui emboiter le pas sans hésitation tout en espérant que les protestations internationales, et surtout dans le pays concerné, celles exprimées clairement par la manifestation gigantesque des femmes turques hier, seront suivies d’effet.

La Turquie de Mustapha Kemal Atatürk (1881-1938) qui institua la république laïque, serait-elle bien morte ? Pas si sûr car même, pour l’heure, le maître ultra-autoritaire d’Ankara ne baigne pas en odeur de sainteté partout, surtout pas à Istanbul. Ni même dans le monde musulman qu’il rêve d’unifier sous sa coupe. Pour mille ans peut-être comme un certain… ?

AS

On garde ou on jette…? P_G Wibaux

Les dirigeants du Conseil de l’Europe réagissent au retrait annoncé par la Turquie de la Convention d’Istanbul

Communiqué

Le Ministre fédéral allemand des Affaires étrangères, Président du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe, Heiko Maas, et le Président de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe, Rik Daems, ont joint leurs voix à celle de la Secrétaire général du Conseil de l’Europe de 47 pays, Marija Pejčinović Burić , et ont fait la déclaration suivante au sujet du retrait annoncé de la Turquie de la Convention d’Istanbul :

« La Turquie a été le premier État membre à ratifier en 2012 la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, adoptée à Istanbul sous la présidence turque de l’Organisation il y a 10 ans. Et elle l’a fait par un vote unanime prononcé par la Grande Assemblée nationale.

Nous regrettons donc vivement la décision du Président de la Turquie de se retirer de cette Convention, largement soutenue dans le pays, sans aucun débat parlementaire.  

Nous rappelons que l’objectif de la Convention est de prévenir la violence à l’égard des femmes, de protéger les victimes et de poursuivre les auteurs. Elle défend le droit fondamental des femmes à une vie exempte de violence.  

Quitter la Convention priverait la Turquie et les femmes turques d’un outil vital pour lutter contre la violence.  

Nous appelons les autorités turques à ne pas affaiblir le système international de protection des femmes contre la violence mise en place par la Convention d’Istanbul ».

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