par Antoine Spohr, octogénaire vacciné
La salle de la Bourse à Strasbourg est devenue un plaisant vaccinodrome au fonctionnement exemplaire prouvant que, si l’on veut, on peut « allumer le feu » dans les yeux des plus de 75 ans… Soucieux d’échapper au Covid et bourrés d’espérance.

La Place de la Bourse à Strasbourg (photo Antoine Spohr)
Une sortie particulière, souvent en famille
En famille, en couple très souvent, peut-être plus unis que jamais, main dans la main ou « anciens » plus souvent déjà éprouvés, seuls mais souriants comme ceux que leurs enfants accompagnent avec une grande attention. Calme et sérénité, paroles chuchotées sous les masques rigoureusement portés, pas de tentation de gagner une place dans un box de médecin, deuxième étape après l’inscription administrative et celle précédant l’acte réalisé en douceur par un professionnel de santé. Puis un quart d’heure de méditation ou de bavardage mais aussi de surveillance immédiate post-vaccinale et remise du certificat de pré-vacciné et le rendez vous pour la deuxième injection. « Alles in Ordnung » dit un vieux monsieur, et on repart de bonne humeur.
Au revoir donc et rendez-vous dans 3 ou 4 semaines.
Bravo à l’équipe des intervenants, du haut au bas de l’échelle
Dans l’ambiance maussade qui gagne toutes nos sociétés frappées par la Covid, l’équipe qui œuvre dans ce lieu beau, propret, judicieusement et intelligemment agencé, fonctionne gentiment et pourrait si nécessaire passer au mode « marche forcée » car les « pros » ne feraient pas défaut. Ville, département, hôpitaux et tous les professionnels de santé en quelque sorte les privés même retraités, coopèrent dans un partenariat étroit et visiblement sans préjugés d’appartenance de structure politique ou sociale claironnée. Les structures administratives et les agents concernés sont en place depuis longtemps et la nouvelle municipalité ne les a pas dérangés et visiblement au contraire, les a soutenus.
Voici donc 5 lignes de vaccination ouvertes de 9h à 20h capables d’injecter 2 300 doses par semaine pour la population concernée de 20 000 personnes dans cette catégorie pour la commune strasbourgeoise.
Rien n’empêche qu’il en aille ainsi pour les suivants, peut-être même crescendo et l’objectif annoncé par le gouvernement serait atteint aisément. Tous les centres de vaccination fonctionnent sur ce mode associés et, plus tard, le recours aux interventions à demeure (dispositif mobile ou cabinets médicaux).
Sauf que
La salle de la Bourse de Strasbourg sera fermée pendant deux jours en raison de retards annoncés, pas en raison d’une défaillance des personnels. Plutôt à cause de l’impérieuse loi de l’offre et de la demande, comme dans un business ordinaire. La demande est forte et permanente et l’offre est cahotante selon des aléas mystérieux ou parfois jugés coupables. À qui la faute ? Dans le microcosme ou « microdème » qui nous sert d’exemple ici, les rendez-vous de 25 et 26 janvier sont reportés, faute de doses de vaccin. La pharmacie centrale des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg ne peut distribuer que ce qu’elle a reçu comme « la plus belle fille du monde ». Dès lors on voit bien que le problème de logistique n’existe pas. L’approvisionnement en vaccin est le seul problème. Il n’effacera pas immédiatement le sourire satisfait des vaccinés du jour mais il ne sont pas seuls… Et d’autres attendent.
Une anecdote à laquelle on ne résiste pas. Je la dois à la remarque fort judicieuse d’un voisin de l’espace de repos/observation :
« Vous souvenez-vous de Spoutnik en 1957, de Gagarine en 1961, de la station orbitale Mir ? Chaque fois dans un premier temps en Occident on n’y a pas cru et on a ri, et pourtant c’était bien vrai… Alors le vaccin russe ? On l’ignore ou on en rit… »
Troublant non ? De même, des vaccins pourtant déjà utilisés ailleurs comme au Royaume-Uni ne sont pas encore autorisés dans l’Union européenne, l’homologation des instances sanitaires faisant défaut là encore pour de mystérieuses raisons. Offre et demande, c’est la règle et leur rencontre fait le prix. La bourse ou la vie !
Aujourd’hui il s’agit de la Vie ou la Mort. « Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés… ». Relisons Les animaux malades de la peste (Lafontaine) et gardons hauts les cœurs en voyant le dévouement des gens comme ceux de la Bourse à Strasbourg. Ils contribuent à faire briller le brin de paille de l’espoir car, dans la tourmente, il y a des moments de répit et des gens bien aussi qui agissent.
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