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Téléthon : la face cachée des dons

Par Marie-Charlotte Ehret

La période hivernale, celle de fêtes de fin d’année, est également celle de la campagne pour financer le téléthon. On sait qu’en cette période cette « œuvre de charité » appelle aux dons en usant de stratégies commerciales plutôt couteuses (12 millions d’euros dépensés en 2018). Pour parvenir à un résultat efficace, les organisateurs s’entourent, chaque année, de célébrités. Les marraines et parrains permettent de toucher le plus grand nombre en organisant des concerts dont l’argent collecté revient à l’organisation. Tout cela, appuyé par un argument financier, à savoir une réduction d’impôt de 66% du don. Cette année, la collecte a été mise à mal par la pandémie de la COVID-19, avec 58 millions d’euros contre près de 88 millions l’an dernier. Mais ce que le téléthon se garde de révéler pendant ces campagnes, c’est comment est utilisé l’argent des donations, en aval. Evidemment l’intention est noble et belle mais…

Le meilleur ami de l’homme contribue dans la douleur

Pour élaborer de nouveaux remèdes, les laboratoires de l’AFM (Agence française du médicament) se servent la plupart du temps d’animaux et notamment de chiens, comme cobayes. C’est donc un don à double tranchant : aider à soigner des malades en faisant souffrir des êtres dotés de sensibilité.  

La lutte contre la souffrance animale prend de l’ampleur dans le monde. Lors des campagnes de dons organisées par le téléthon, des associations et de plus en plus de simples particuliers se mobilisent pour dénoncer ces agissements En 2016, l’association PETA (People for the ethical treatment of animals) dédiée à la défense animale, a révélé une vidéo tournée dans un laboratoire français de l’école vétérinaire d’Alfort connu pour ses liens étroits avec le téléthon. On y voit des chiens enfermés, collerette au cou, bandages, sales et en détresse. Ces chiens, des Golden Retrievers, sont « élevés spécialement dans le but de développer une dystrophie musculaire paralysante ». Au préalable, les élevages modifient génétiquement les portées afin de faire naitre des chiots avec des problèmes moteurs similaires à ceux des patients qu’on veut soigner. Interrogés sur la qualité de vie de ces chiens,  les employés de ce laboratoire admettent qu’ils souffrent et que la plupart d’entre eux ne dépassent pas l’âge de 10 mois…

Réponse d’un responsable du Téléthon

Question. Le Téléthon expérimente-t-il réellement sur les animaux ?

Réponse. La réponse est oui. Depuis que la polémique a éclaté, l’un des responsables du laboratoire mis en cause a déclaré que « si le public voyait l’état des chiens ils (le Téléthon) perdraient leurs financements ». Financement qui, il faut le rappeler, est en grande partie produit par des dons. Interrogé sur les images chocs, le chargé de missions à la direction scientifique du Téléthon, Alexandre Méjat, assure que « Les élevages et écoles vétérinaires sont dotés de personnes expérimentées pour prendre en compte leurs difficultés (celle des chiens) et les soulager au maximum ».

Q. Le Téléthon se cache-t-il derrière la législation française afin de justifier ces souffrances ?

R. Malheureusement oui. Depuis toutes les polémiques qui ont touché l’association, celle-ci a même créé une rubrique sur son site internet, justifiant les actions pour être en conformité avec la législation française. En matière médicale notamment, sujet jugé sensible à juste titre par l’Etat, celle-ci impose pour la commercialisation d’un médicament que celui-ci soit testé sur les animaux. L’article L214-105 du code rural autorise l’expérimentation animale notamment à des fins médicamenteuses, précisant qu’elles ne doivent être pratiquées qu’en cas de nécessité, ce qui implique qu’aucun autre moyen de substitution ne puisse convenir.

Q. Le droit français est donc tourné vers le bien-être animal ?

R. Partiellement. Car, comme on a pu le voir, il autorise cette expérimentation même si de nombreux textes viennent cependant l’encadrer. L’article précité impose une liste restrictive des cas où cette expérimentation est légale : – elle doit être nécessaire (irremplaçables, effectuée par un personnel compétent, dans des établissements agréés et que les projets associés à ces expérimentations doivent être autorisés et enfin que les animaux utilisés ne proviennent que d’élevages agréés).

Un décret de 2013 est venu apporter une précision qui dispose qu’ « une procédure expérimentale n’est pas mise en œuvre si elle implique une douleur, une souffrance ou une angoisse intenses susceptibles de se prolonger… sans soulagement possible ».

La question que l’on peut se poser alors est de savoir si bien que, sur le papier, ces expérimentations sont contrôlées, un contrôle effectif est réellement mis en place lorsque l’on constate la « réalité » in situ dans les laboratoires ? Ou bien la « douleur » énoncée par la loi doit-elle être comprise comme étant supérieure à celle qu’un humain aurait pu endurer à la place de l’animal ?

Q. Peut-on « faire autrement » ?

R. Des chercheurs se sont penchés sur des alternatives aux expérimentations animales. Le professeur Michael Balls, à la tête de laboratoire de référence de l’Union européenne pour la promotion des méthodes de substitution à l’expérimentation animale (EURL ECVAM) a fait part de son espoir que toutes les expériences animales prennent fin un jour. Les expériences sur les animaux sont cruelles et coûteuses et elles mènent à des résultats faussés. C’est en partant de ce constat que les scientifiques travaillent pour développer des méthodes pour remplacer le recours aux animaux. Parmi elles, on peut noter l’expérimentation in vitro composée de cellules humaines ; in sillo, ici il s’agit d’une modélisation informatique simulant la biologie humaine. Ou encore la recherche à l’aide d’humains volontaires.

Pascaline Wittkowski, atteinte de dystrophie musculaire dans une lettre à l’AFM-Téléthon: « En plus de la terrible dépendance que m’inflige la maladie, cela m’est insupportable de savoir que des êtres vivants, des individus sensibles ressentant les émotions (…) sont maltraités, enfermés, torturés et utilisés comme nous ne voudrions jamais l’être. Je n’ai pas demandé à ce que ces animaux souffrent pour moi, meurent pour moi. »

STOP aux expériences animales.

Marie-Charlotte Ehret

Réveil Citoyen France

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