Culture

Strasbourg, l’unique, l’incontestable capitale

par Antoine Spohr

Un livre superbe dans la collection « La merveilleuse histoire de » plaide dans le sens de la capitale de l’Europe.

Qu’on se le dise : dans toute l’Europe et au-delà, Strasbourg est le « nid » et le cœur de la création de « l’Europe » et pourrait se substituer à la princesse phénicienne de la mythologie enlevée par Zeus sur les rives de  la Méditerranée, Europa. L’entité géographique était indéterminée mais lui a valu ce nom. On la garde cette légende tant elle est belle et significative mais on veut aussi de l’actualité pressante : Strasbourg ( tout court) devrait devenir un symbole réel, tangible de même entité en évolution.

Georges Bischoff et Jean-Louis de Valmigère à la librairie Kléber

Un livre, un de plus direz vous, vient de paraître sous la plume du Professeur Georges Bischoff,  historien généraliste autorisé dès lors qu’il s’agit de Strasbourg.

Un livre merveilleux pour une histoire merveilleuse

 « O Strasburg, O Strasburg, du wunderschöne Stadt » (texte en allemand et en français en annexe)

On voit qu’il s’agit d’un nouveau livre d’une collection imaginée, conçue et dirigée par Jean-Louis de Valmigère et que l’auteur est un grand historien, médiéviste réputé qui, en la circonstance, se fait généraliste pour couvrir toute l’Histoire de la ville de Strasbourg, le professeur Georges Bischoff.

Un véritable petit bijou

Précis et court (107 pages) ce livre n’est pas un digest, ni une caricature hâtive ou encore moins un ouvrage de vulgarisation. L’auteur nous dit qu’il a cherché à tout simplifier sans rien omettre d’essentiel pour, en même temps,  répandre la connaissance et susciter l’amour.

L’ouvrage est construit avec une belle rigueur, concis certes mais complet sans aridité pour ne pas ennuyer. Opération réussie sans conteste. Un objet gracieux comme une boite à bijou précieusement ciselée qui renferme un texte clair sans longueurs avec des sous-titres un peu à la manière journalistique, des illustrations légères, élégantes et astucieuses. Comme d’ailleurs les pavés qui mettent en relief des évènements ou des personnages les plus marquants rendus ainsi plus facilement mémorisables.

 La littérature sur cette belle ville reconnue comme telle par tous ceux qui la connaissent est abondante mais toujours savoureuse en dépit de quelques « bavures ».

Même un des Silbermann (les orgues) s’y est appliqué en 1775.

Plus tard, entre autres, deux illustres  historiens, l’éminent doyen Georges Livet et l’immense Francis Rapp qui fut un des proches professeurs de Georges Bischoff, produisirent une somme cinq fois plus volumineuse (Histoire de Strasbourg. Sous la direction de G. Livet et F. Rapp, 1987, 528 pages, chez Privat, Capitale de l’Europe, Surtout celle des peuples) destinée plutôt à des spécialistes historiens ou chercheurs de toutes les disciplines des sciences humaines (le soft).

Compte tenu de la bataille du siège du Parlement Européen relancée par la crise sanitaire, ce livre vient un peu tard bien qu’il comporte un épilogue édifiant dans lequel Georges Bischoff associe l’Europe et la paix. Mais il n’a pas eu pendant sa rédaction une connaissance véritable des menaces  plus précises qui pèsent sur le Parlement  Européen. Cependant, en dépit des acquis comme « l’association de l’Europe et de la paix, indissociables », il oppose les  questions de logistique et de rendement d’ailleurs erronées, l’ « esprit de gestion et vision administrative de gouvernance » à « la conception humaniste d’une Europe des valeurs… car ce qui fait une capitale c’est le symbole qu’elle porte et pas l’éventuel confort de son administration » . C’est dit !

Et si Strasbourg se cantonnait à fond dans cette merveilleuse destinée de Capitale de l’Europe, transcendant son rôle national et surtout local, en ajoutant à la seule ville ses adjuvants de l’Eurométropole dans lesquels elle baigne ?

Elle ne renoncerait pas pour autant  à son identité alsacienne  en laissant à des villes sœurs les charges que le projet de la CEA met en place… Elle est l’Européenne avant tout et au-dessus de tout.

Evidemment, cette idée paraîtra saugrenue ou utopique surtout à ceux qui croient aimer l’Alsace plus que d’autres et qui sans le savoir nuisent à son image à la ronde, au-delà même des ses voisins de la République indivisible, chez ses voisins frontaliers allemands, luxembourgeois et belges comme, en moindre mesure, chez les Italiens ou les Espagnols. De l’audace que diable, Strasbourg n’est à nulle autre pareille.

Suivent en annexe annoncée les textes « O Strasburg… »

O Strassburg, o Strassburg, du wunderschöne Stadt ! (bis)
Darinnen liegt begraben so manicher Soldat. (bis)


So mancher und schöner, auch tapferer Soldat,
Der Vater und lieb Mutter böslich verlassen hat.


Verlassen, verlassen, es kann nicht anders sein,
Zu Strassburg, ja zu Strassburg Soldaten müssen sein.


Der Vater, die Mutter, die gingen vor’s Hauptmanns Haus :
Ach Hauptmann, lieber Herr Hauptmann, gebt unsern Sohn heraus !


Euern Sohn kann ich nicht geben für noch so vieles Geld,
Euer Sohn und der muss sterben im weit und breiten Feld.


Im weiten, im breiten, im weit und breiten Feld,
Wann auch sein schwarzbraun Mädchen so bitter um ihn weint.


Sie weinet, sie greinet, sie klaget gar zu sehr :
Adje, mein liebes Schätzchen, wir sehn uns nimmermehr !


Was lauft ihr, was rennt ihr nach fremdem Dienst und Land ?
Es hat’s euch niemand g’heissen, dient ihr dem Vaterland !

Oh Strasbourg, Oh Strasbourg, tu es si belle !
Bien des soldats sont enterrés dans cette terre

Bien des soldats, de beaux et de vaillants soldats,
Qui ont abandonné, courroucés, père et mère

Abandonné, abandonné, cela ne peut en être autrement,
Pour se rendre à Strasbourg, oui à Strasbourg, où était leur place

Le père et la mère se rendirent à la capitainerie
Capitaine, Monsieur le Capitaine, rendez-nous notre fils !

Je ne peux pas vous rendre votre fils, même pour tout l’or du monde,
Votre fils doit mourir, dans les vastes champs lointains.

Dans le lointain, les larges étendues, dans les vastes prairies,
Même si sa promise brunette le pleure amèrement chaque jour.

Elle pleure, elle se lamente, elle gémit bien trop :
Adieu, mon cher amour, nous ne nous reverrons plus !

Qu’est-ce qui vous emmène, qu’est-ce qui vous précipite en pays étranger ?
Personne ne vous a demandé de servir la patrie !

2 réponses »

  1. Merci Martine. Une plume comme celle-là est si rare. Fine, glissant sur le clavier avec cette élégance savante ( ce n’est pas incompatible) elle rehausse encore l »a luminosité » de ce petit ouvrage » délicieux ».

  2. Mais tenez la bien, votre cathédrale, mademoiselle : sinon, bientôt, elle ne sera plus qu’une illustration en première de couverture. Nul besoin de considérer la réalité du point de vue stellaire de Sirius ni même d’Europe pour prendre la mesure des risques courus par une cité qui pourrait bien s’écrouler de fond en comble, de folie foreuse en lanternon d’horizon, sur sa « merveilleuse histoire »… Que ce délicieux ouvrage lumineux inspire donc vigoureusement prudence, sagesse et jeunesse aux Strasbourgeois !

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