par Antoine Spohr
Dans les termes du business, on parle de « savoir se vendre » ou vendre une idée, un produit. En termes plus gracieux, on parlera de séduction dans des domaines plus affectifs et même politiques.
En tout cas, on devrait faire fi de l’autosatisfaction ou de l’amour de soi si ce n’est pour montrer, répandre, diffuser, partager tous les intérêts, avantages, charmes ou plaisirs dont on jouit à Strasbourg, et accessoirement en Alsace et en France. Accessoirement ? Non pour exclure notre environnement immédiat du champ de notre préoccupation mais pour donner à Strasbourg un statut unique, inéluctable au-delà du contexte régional et même national.
L’Europe ne peut se passer de Strasbourg et réciproquement car elle en est le symbole, le « Wahrzeichen », l’emblème. Plus trivialement : stop à l’onanisme que l’on sait improductif.
Nous sommes légion à aimer Strasbourg et la France, à le clamer très fort surtout quand un danger menace, ce qui est le cas en ce moment. Nous sommes nombreux dans les associations, d’ailleurs souvent avec un don d’ubiquité « décalé ». On rencontre souvent les mêmes personnes dans des manifestations trop souvent dans nos murs. Mais souvent sont légitimes nos satisfactions, performances, mêmes rouspétances… Certaines de ces associations sont presque devenues des institutions quand elles ne sont pas supposées de servir de « faire valoir » à quelque ambitieux en quête de notabilité. Intra muros, ou presque !
Alors quoi ?
Est-il urgent d’ajouter du beau au beau qui est déjà reconnu et pas assez connu ? On aura pu remarquer que lors d’une réunion de « l’Agora » cette idée de pub, de démonstration surtout tournée vers l’extérieur européen a été jetée à la volée sans trop rebondir mais elle n’en interpelle pas moins pour autant. Le temps…
On continuera inlassablement de « sauter comme des cabris » en scandant « les trai-tés, les trai-tés, que les traités ». Le général ne serait sans doute pas fâché par cet emprunt à son style.
Les autorités, le(s) président(s) de la République en tête, s’ils ne sont pas toujours joints à cette scansion avec autant d’ardeur, ont toujours cru ou au moins feint de le croire, qu’on détenait là la panacée contre toute attaque comme celle de la perte, même partielle, du siège du Parlement européen et ce qui suivrait vraisemblablement. Hors des traités, il existe des atermoiements dangereux qui aboutissent au chaos. Il faut en venir au siège unique comme on le proclame. Chiche ! Retour aux dispositions initiales… Les traités et encore les traités et plus de problème de choix hasardeux et fallacieux. Strasbourg for ever !
Puisque ce sont déjà les associations qui militent à la base horizontale du combat laissons les développer leurs actions, leurs idées avec l’écoute bienveillante, l’aide et même l’encadrement par les sommets verticaux comme la maire de Strasbourg Mme Barseghian qui se dit acquise à la cause comme évidemment la présidente de l’Eurométropole Mme Imbs dont personne ne doute, pas plus d’ailleurs que des présidents des Départements et de la Région tout entière, si l’Alsace ne joue pas trop « extrawurst », ce qui irrite des voisins.
Par où commencer, tout de suite… Des réseaux et encore des réseaux…
Évidemment, à commencer par les parlementaires et surtout les plus sceptiques.
Ils n’ont pas la capacité juridique établie hors traités de choisir leur lieu de travail qu’ils connaissent dès leur candidature pas plus que Mme Michu ou M. Dupont ne choisissent le leur. Il leur resterait donc le chantage : bouder les sessions et perturber ainsi gravement le fonctionnement de la machine. On n’ose pas y croire car cela conduirait à terme à toutes sortes de blocages et à la mort du projet européen.
Donc les convaincre, les chouchouter en facilitant leurs séjours ; leur montrer les erreurs répandues par des réseaux malveillants et menteurs animés surtout au départ par les Britanniques (Anglais surtout). Leur remettre les fascicules édités par Pierre Loeb (AJEE) qui montrent clairement que la plupart des arguments contre Strasbourg sont faux, chiffres à l’appui.
Les associations souvent bilatérales « d’amitié entre les nations », les jumelages des Villes, les rencontres entre les institutions plus spécialisées dans tout ce qui constitue des liens, y compris économiques, constituent autant de réseaux de diffusion de l’idée européenne.
Et enfin, la culture
Vrais, inexacts ou encore apocryphes, on prête à Jean Monnet (1888-1979), l’un des pères fondateurs, ces propos vivifiants : « Si c’était à refaire, je commencerais par la culture ». Évidemment avant « refaire » il y a ce qui a été fait avant : c’était le Conseil de l’Europe (1949) qui héberge d’emblée la CECA (1951) à Strasbourg, la CEE (traité de Rome en 1957) et naissance de l’Union Européenne soit l’UE (Maastricht, 1992) .
Dans tout cette belle et cahotique histoire, Strasbourg a été le nid.
Mais interface nord/sud ou entre monde latin et monde germanique, l’Humanisme (on pense, pour simplifier, à Erasme) s’y est offert avec toute la finesse du plaisir de l’esprit : un lieu d’élection, sur le chemin de la mer du Nord à l’Italie… Ah Strasbourg !
De tout cela il reste tant de choses, c’est pourquoi il faut élaborer des grands projets culturels européens, avec des Européens dans la capitale des peuples européens, la seule possible. Qu’on en suggère seulement une autre qui aurait autant d’atouts ? On ne craint rien.
Alors voilà qu’après ce que certains considèreront comme un prêchi-prêcha mille fois répété, nous présentons un projet culturel et artistique européen qui a été boudé faute de détermination, d’argent, de volonté du maire et de surtout de l’adjoint à la Culture qui n’était pas Alain Fontanel (il était aux Finances et les affaires culturelles étaient exclues de ses attributions), un adjoint dont on a oublié jusqu’au nom qui était d’une pâleur translucide. C’était un ancien universitaire qui, dit-on, ne sortait pas de son bureau… Tragique ! Alors malgré le soutien appuyé et écrit du président du Parlement Européen, des milieux culturels et des élus locaux et régionaux, le projet n’a même pas été réellement discuté.
Il s’agit du projet de Jean-Louis Agobet, auteur-compositeur et professeur de conservatoires nationaux, ancien pensionnaire de la Villa Médicis à Rome (deux ans), Victoire de la Musique 2006 avec le Philhar de Strasbourg, joué dans le monde entier sauf à Strasbourg.
On ne vous en dira pas plus pour le moment mais nous vous livrerons très prochainement le contenu de ce magnifique projet.
Considérant que dans la culture, l’art le plus universellement partagé est la musique (un peu comme les mathématiques dans les sciences dites hard) Jean-Louis Agobet propose un festival des orchestres symphoniques des jeunes (professionnels) des 27 pays de l’Union. À l’unissons ! Demandez le programme ! À suivre. Manifestez vous !