Bons plans

La Côte d’Azur reste égale à elle-même en dépit du Covid

« La Côte » est toujours celle que le vocable suffit à signifier sans autre précision. Grosso modo, des calanques de Cassis à Menton, c’est tout ce rivage escarpé, du sud de la Provence à la Ligurie (Gênes).

La saison estivale l’a gavée de vacanciers européens (espace Schengen), habitués ou nouveaux (Allemands, Belges, Néerlandais surtout), dissuadés de rejoindre leur lieu coutumier ailleurs, en Espagne par exemple. Le Covid-19 n’est pas absent de ce choix et la recrudescence de cas fait craindre une nouvelle vague. La Région PACA semble cependant épargnée, pour le moment en tout cas. On peut en juger d’après ces données de Caducée.net.

 Hospitalisations de cas de Covid-19 par département à la date du 06/08/2020

Département Hospitalisation Réanimation Retour à domicile Décès
Bouches-du-Rhône 279-0.36% 100% 3459+0.03% 5680% (0)
Var 50-1.96% 20% 1015+0.2% 1400% (0)
Alpes-Maritimes 46+6.98% 5+25% 784+0.13% 1900% (0)
Vaucluse 7 2 262 38
Hautes-Alpes 3 0 134 18
Alpes-de-Haute-Provence 20.00% 00% 132+0.76% 130% (0)

 

Masques, gel et distanciation insuffisamment respectés par le public

Évidemment la moyenne d’âge des résidents s’en trouve fortement modifiée. Les retraités « à demeure » sont désormais moins visibles qu’en hiver car ils restent terrés dans leur gîte derrière des volets mi-clos ou dans l’espace à air conditionné.

Pour les autres, jeunes ou moins jeunes d’un âge encore moins fragilisant, c’est le défi au soleil avec quelques répits à l’ombre des parasols, des arbres ou des terrasses équipées.

Mais les masques, la mise à disposition de gel et surtout la distanciation sont très largement ignorés du public bien qu’on doive rendre un hommage aux professionnels du tourisme qui font un réel effort, parfois scrupuleux à l’extrême. À St Tropez, ainsi que dans d’autres lieux hautement touristiques, le masque est obligatoire en ville, dans l’espace public, comme l’a instauré le maire Estrosi à Nice depuis quelques semaines. Mais on peut connaître des couacs maladroits à l’intérieur.

Anecdote :

Capture d’écran 2020-08-09 à 19.18.03

Dans le port des Issambres (le golfe de St Tropez) les restaurants se côtoient joliment autour de la capitainerie. Concurrence salutaire au profit de la qualité et des prix, n’était cette manie d’associer à la mastication en concert des convives, les chansons des artistes souvent de bonne qualité mais qu’on entendrait sans doute avec plaisir en d’autres lieux et circonstances, même en payant, loin des tables avec une sonorisation « trop pro » pour un espace réduit où l’on cherche à dîner tranquillement. Est-ce la nostalgie des discothèques, des boîtes ou bars de nuit contraints à la fermeture qui poussent ces restaurateurs – pas toujours bien inspirés – à vouloir s’y substituer au moins partiellement ?

Irritation bien compréhensible des commensaux venus sur réservation se restaurer joyeusement au « restaurant Le Quai » et qui se trouvent à peine à la distance réglementée du micro de l’artiste, en espérant qu’il ne «  postillonne » pas trop fort.

Plus loin à quelques mètres les décibels sont moins élevés, on est ravi, le concert étant gratuit… Il suffisait de placer la chanteuse sur la terrasse ouverte et la colonne/son à un endroit intelligemment choisi et les uns auraient pu comme les autres jouir d’un son mesuré. Cela aurait évité un début d’altercation stupide ! Et éventuellement un rappel à l’ordre. Même pas grave, mais ce sont des petites libertés prises innocemment qui conduisent à des abus.

Mais la Côte continue patiemment de panser ses plaies

Les incendies de 2017 ont détruit par endroit la végétation du bord de mer et rendu les criques à plage de sable moins hospitalières.

Capture d’écran 2020-08-09 à 12.21.56Cap Taillat dégarni  – photo Nicolas Colle

Cap Taillat par exemple est en timide voie de guérison et il faudra attendre encore quelques saisons sans flammes pour retrouver la splendeur verte d’antan.

Capture d’écran 2020-08-09 à 12.23.31À l’an prochain, plus reverdi !

Les bénéficiaires, à terme, de ces bouleversements climatiques et de leurs effets sur l’environnement ne sont pas les humains, encore moins la flore – du moins dans un premier temps – mais la faune et surtout les sangliers. Ces bestiaux grégaires omnivores sont en principe inoffensifs sauf quand ils sont blessés ou lorsqu’une mère défend ses marcassins. On les trouve de plus en plus souvent en meute et à la nuit tombée ; ils sont en recherche de nourriture, tous ensemble, tous ensemble…

sangliersIls sont mignons et barrent la route sans s’affoler – photo Mathieu Colle

Sympathiques, émouvants, étonnants ? On peut les considérer avec cette passagère bienveillance qui s’efface rapidement et se transforme en guerre menée par les résidents dont les jardins, les plates-bandes et les potagers non protégés sont saccagés à coup de groins et de pattes. Ces hôtes du maquis, de la garrigue, de la forêt se rapprochent de plus en plus des zones habitées où ils sont indésirables et difficiles à refouler.

Évidemment nous parlons encore de la Côte car les agriculteurs connaissent bien sûr ce fléau mais savent s’en protéger.

Le charme de la « Riviera » française demeure.

Et cela en dépit des crises sanitaire et climatique, d’une saturation par endroit des possibilités d’accès et aussi des différences sociales qui exaspèrent et révoltent les plus démunis en face de la richesse clinquante des plus favorisés.

Antoine Spohr

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