L’Europe et non seulement le Rhin supérieur mais tous les musées et lieux les plus prestigieux de la planète doivent en rêver : exposer l’œuvre d’un des plus grands maîtres de la Renaissance, quelque peu délaissé parmi les plus grands et sans doute le plus extraordinaire, le plus original : Hans Baldung Grien (1486 -1545), HBG puisque c’est sa signature.
A Karlsruhe depuis le 30 novembre et jusqu’au 8 mars
La Staatliche Kunshalle est au sommet des grands musées d’ Allemagne. C‘est le troisième musée d ‘Etat ( Staatlich) dans la deuxième ville du Bade-Wurtemberg.
Le sous-titre de l’exposition très discrètement porté sur les affiches et sur les publications semble rappeler comme un malaise persistant aujourd’hui:
« Sacré et profane ». On trouve aussi dans certains documents , « religion et érotisme » « sacré et sulfureux » et d’autres encore pour dire la complexité de cet immense artiste méconnu sans doute en raison de cette dualité antipodique. Une grande liberté même au moment de la Réforme.
L’élève de Albrecht DÜRER ,« artis praeceptor germaniae »
Autoportrait à 19 ans
On parle de Renaissance Allemande ou d’un « Age d’or de la peinture Allemande » de 1490 à 1545, courte période dont l’événement le plus définitivement marquant a été la Réforme de Luther (1517). Presque de la naissance à la mort de Hans Baldung, né en 1486 à quelques heures de cheval de Strasbourg ville libre du Saint-Empire-Romain-Germanique dont il fut citoyen et même membre du Conseil et où il a longtemps séjourné jusqu’à sa mort en 1545 précisément.
Son maître fut le plus prestigieux de tous, l’immense Dürer (1471-1528), dit « précepteur de l’Art de la Germanie », qui pendant un long séjour à Venise laissa la responsabilité de son atelier à Hans alors âgé de 20 ans et ajouta à son nom l’adjectif « grien » (vert), la couleur de sa tunique de travail pour le distinguer d’autres Hans que comptaient ses ateliers de Nuremberg. Et voilà sa signature HBG. Après la mort de son maître, il conservera de lui précieusement une mèche de cheveu .Fétichiste ? Sûrement pas mais vénération Certains contemporains les considéraient comme des rivaux…
La mèche de cheveu de Dürer
Une exposition unique conçue sur deux axes qui se confondent.
Les 250 œuvres (tableaux , les dessins, les vitraux et sculptures sur bois… )sont présentées par thèmes et en même temps dans le respect de la chronologie, une véritable gageure pour éviter des anachronismes trop troublants
Les sorcières
Un autre aspect est révélé par la juxtaposition d’ oeuvres pieuses, sacrées, religieuses et des scènes de la mythologie grecque ou encore de l’Ancien Testament et des peintures énigmatiques s’il ne s’agit pas des très célèbres portraits de sorcières. Celles ci n’apparaissent plus comme au Moyen-Age en vieilles femmes repoussantes mais , au contraire, elles sont nues, belles, aguichantes inspirant le désir de luxure et la volupté Erotiques vraiment car provocantes. Loin d’être un hymne à la beauté de la femme, il s’agit surtout dans l’air du temps de fustiger son pouvoir démoniaque de séduction. Ces oeuvres n’ont évidemment pas la même destination. Nobles et riches bourgeois peuvent commander des oeuvres à usage « privé » tandis que les autres contribueront à une préparation à l’au-delà
thème récurrent.
La jeune fille et la mort . ( Aurait-il inspiré Schubert?)
En revanche Adam et Eve semblent heureux au jardin d’Eden mais Eve tient en main la pomme….
Pour les scènes bucoliques il faudra attendre ,même en Allemagne où le fantastique obsède HBG
La femme et le dragon à forme de poisson, une scène sulfureuse
La Réforme qu’on dira » protestante » n’a pas balayé les » images saintes de la vierge mais elles deviennent plus rares et moins douces. Les catholiques continuent de prier la mère du Christ et sont fortunés…..L’argent n’est jamais négligé. Baldung est riche
Mais le temps passe comme le suggère ce tableau datant de la dernière séquence de sa vie
Les 7 âges de la femme, entièrement restauré
Il faut ajouter à son oeuvre le somptueux triptyque de la cathédrale de Fribourg.
Alors peut-on classer cet immense artiste? Il signe souvent en …
Amateurs d’art: Il ne faut en aucun cas rater cette évènement, cette exposition mondiale unique qui se termine le 8 mars.
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Antoine Spohr
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Immense plaisir assuré.
Catégories :Bons plans, Sainte Sophie Istambul