Elections municipales : Echos de campagne
On attendait un déroulement ordinaire, à l’alsacienne : les têtes de listes étaient annoncées ; le contenu dans sa phase finale était largement élaboré sans qu’on attende de grandes surprises ; aucun bruit de « casseroles » n’était audible ; la volonté de comportement correct était partagée ….. Et voici que le «casting » change sans changer le contenu du scénario mais trouble une partie de l’électorat, surtout les militants…
Le séisme de 2017 : ses répliques locales et le désarroi des partis.
Comme dans tout le pays les cartes ont été rebattues en 2017 et les jeux ne sont pas faits. Les experts ou prétendus tels, sont « chobionqués » (expression de patois des Vosges, joliment évocatrice de perturbation du fondement, vermoulu). Mais peu à peu se dessinait en gros un profil connu : une liste de la majorité LREM ( Alain Fontanel et alliés) ; une droite retrouvant sa crédibilité et son poids avec LR (Jean-Philippe Vetter et alliés ; une gauche (PS et alliés) visant un score à deux chiffres (Mathieu Cahn…) ; les écologistes de Jeanne Barseghian ; à droite de la droite dite extrême droite Hombeline du Parc RN; à gauche de la gauche dite extrême gauche avec Kevin Loquais; Citoyens Engagés nouveauté créée par Chantal Cutajar, ex-adjointe de Keller/Grossmann , droite et centre puis ex-adjointe de Roland Ries, gauche et non encartés ( PS).
L’offre est suffisante, l’éventail des « sensibilités » est ouvert, mais les limites, les interfaces sont floues surtout avec la dispersion des centristes (jadis une composante essentielle en Alsace et à Strasbourg) qu’on retrouve chez Fontanel, chez Vetter, même quelques-uns au PS et chez Chantal Cutajar qui fut jadis Modem aussi, donc centriste.
Salle comble ( Foto Franck Gackel pour SPE)
Un coup de tonnerre en deux temps et un mensonge (pieux) par le PS.
Les associations et fondations europhiles sont nombreuses et actives dans la capitale européenne. Si les débats qu’elles organisent poursuivent le même but, si les invités sont les mêmes, si le public en gros est le même, si les sujets proposés sont les mêmes, si l’ensemble est cohérent et partant aussi récurrent comme on peut le voir, ils permettent à l’observateur attentif de constater que d’entrée, dans ces conditions les jeux sont faits : « je viens pour elle ou lui » et ce n’est pas l’autre là que je n’écoute même pas qui m’en dissuadera » . Ne pas le faire, pas organiser ces rencontres serait une déni de démocratie ! Certes, il faut faire avec…
Lors, dans un premier temps, c’est l’ association SPE ( Strasbourg pour l’Europe avec un staff rajeuni sous la présidence de Pierre Loeb) qui s’y colle. Salle comble et calme, attentive. La règle adoptée requiert impérativement la présence des têtes de liste, seuls les maires potentiels étant engagés. L’un d’entre eux est absent, il en reste trois sur huit mais le candidat PS , Mathieu Cahn est souffrant et n’a pas pu communiquer en temps utlile . On « envoie » donc la N°2, en l’occurrence Catherine Trautmann. Comme on n’a pas admis les remplacements pour les autres candidats, on ne peut l’admettre dans ce cas en dépit de la qualité intrinsèque de l’ancienne ministre et maire. On lui accorde trois minutes hors programme pour « compenser » et elle s’en sert avec un talent chevronné mais finirait en conférence. Le journaliste/ médiateur Croquis , l’arrête. Elle en prend ombrage et claque la porte, impérialement…
On peut comprendre car elle n’est pas n’importe qui, quand même !
A part cet incident, tout est fairplay et les plus friands de castagne en sont pour leurs frais. La conclusion comme l’introduction évoquait plutôt « Embrassons nous Folleville » Tant mieux .
Deux jours après, au club de la presse, ladite reine Catherine apparaît avec un Mathieu Cahn en pleine forme pour annoncer la permutation, Mathieu cédant la place à Catherine. Pour la liste, çà change tout car voici le PS d’antan de retour…. Ils avaient voté « à l’interne » et puis après ? comme chantait Ferré . Quelques jours plus tard, on apprend que Mathieu Cahn a été écarté ,sans gastro paralysante, après enquête par les instances parisiennes du parti pour des problèmes de pratique ou fantasme à connotation sexuelle intime ,« sans mort d’homme ». C’est là, à Paris que le journaliste de Mediapart, L. Bredoux a trouvé la matière, forcément bien intentionnée, l’entente en Alsace étant sereine.
Catherine Trautmann savait vraisemblablement et elle a laissé croire à l’impromptu théâtral. Elle aurait donc menti par omission, a minima. On la connaît, on l’estime et la respecte mais là, elle a déçu ses plus ardents partisans. Reste que c’est l’image la plus marquante du parti, -les pointures historiques, R.Ries, R.Herrmann, P.Bies etc s’étant retirées-, c’est elle qui en sauve la pérennité .
Deuxième temps
Les artilleurs insisteraient en commandant: « même batterie, même position, même cible, continuez le feu ».Cette formule, les non-aguerri(es) ne peuvent la connaître.
Cette fois, à une semaine d’intervalle, c’est dans la même salle que les puissances invitantes sont les Jeunes : Jeunes Européens et Mouvement Européen, Jeune Chambre Economique et Jeunes Entrepreneurs respectivement présidés par Peio Dugoua-Macé, Andrea Carmen et Jean-Baptiste Horhant.
Cette fois , ils sont tous là sauf les deux challengers finalistes, souvent supputés tels.
Mais leur remplaçant, de Fontanel comme de Vetter, n’ont pas fait piètre figure : Nawel Rafik Elmrini, égale à elle-même, très à l’aise dans les questions européennes , rappelant souvent qu’elle parlait au nom de son leader et Pascale Mangin, l’ancien adjoint de Fabienne Keller pour le second. P. Mangin qu’on sait très pugnace a été excellent débatteur et, oh surprise, pris à partie par Catherine Trautmann au titre d’un point relevant de ses fonctions à la Région, il s’en est amusé rappelant que, avec la Nouvelle organisation du territoire (Notre) bien des choses avaient changé.
Bien que favorite de sondages très hâtifs, la tête de liste écologiste,Jeanne Barseghian est sans doute une tête de classe mais encore peu aguerrie, elle décline des arguments nationaux, internationaux , mondiaux avec justesse en omettant de zoomer sur Strasbourg, le sujet. « Nous sommes tous écologistes » disait une auditrice.
Son collègue de la France Insoumise et+,, Kevin Loquais, courageux, clair et droit dans ses bottes, n’échappe guère à la même réticence à « localiser »son propos
En ce qui concerne les grands sujets concrets directement liés à la seule Ville et à l’Eurométropole, nous y reviendrons car là se trouve le nerf des enjeux.
Antoine Spohr
PS: les fotos sont de Franck Gackel pour SPE