Conseil de l'Europe

COE : ambiance inhabituelle dans la vénérable institution.

 

La délégation russe est de retour à Strasbourg, répondant à une aimable invitation d’une majorité de parlementaires. ( cf l’article précédent et puis celui en lien))

https://eurolatio.org/2018/10/13/les-parlementaires-du-conseil-de-leurope-boudent-toujours-la-russie/

 Cet article ci-dessus qui rend compte de la session d’octobre 2018, rappelle qu’une résolution en tous points comparable avait déjà été rejetée et retirée par la même rapporteur Mme Petra de Sutter.

Avec la Russie, on en restait alors à la situation et aux relations engendrées par l’annexion de la Crimée en 2014 et les suites en détériorations permanentes…

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Voyez par exemple cette intervention en octobre 2018 du député alsacien Sylvain Waserman ( photo), délégué à l’APCE, vice-président de l’Assemblée Nationale française. Un homme de talent et logique….

Extrait :La langue de la diplomatie ayant été très longtemps le français, c’est à un député français de surcroît vice- président de l’Assemblée Nationale, Sylvain Waserman que nous donnons la parole, la plus habile pour dire non ,tout en pensant oui en même temps …,  « …pour défendre notre communauté de principes et de droit…même si la crise que l’on essaye de résoudre est le problème conjoncturel de la réintégration de la délégation russe… la Russie devant être un de nos partenaires au sein du Conseil, au nom de la pérennité de l’Institution, des droits et libertés des citoyens russes et de la paix en Europe…nous ne pouvons ni ne devons (à la fin d’une d’une courte anaphore, eh oui !) pas sacrifier nos pouvoirs d’action donc nos valeurs sur l’autel de la Realpoltik que je comprends mais qui atteint ses limites … aujourd’hui c’est la liberté et l’honneur de la diplomatie parlementaire … de dire sereinement et fermement non. »

Et voici que quelques mois plus tard notre député qu’on sait non seulement intelligent, mais compétent, bardé de diplômes, probe et respecté, se trouve sur la liste des «  Oui » à la nouvelle résolution pour le retour de la délégation russe qui est d’ailleurs revenue illico presto.

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L’hémicycle de Strasbourg.

Un refus de la ratification par 1/3 des votants ( surtout des députés de Pologne, d’Ukraine de deux Etats baltes – Lituanie et Lettonie, de Géorgie, du Royaume -Uni) … n’a pas suffi pour enrayer le processus. Mais l’Assemblée en est sortie beaucoup plus divisée qu’avant, ce qui n’était assurément pas le but recherché.

 

Capture d’écran 2019-06-27 à 20.36.28La salleen demi-cercle et vitrée du Comité des Ministres sur le côté du  palais

Que s’est-il donc passé de si déterminant ?

 Poutine est resté Poutine et n’a  changé ni de politique ni de comportement et on sait pertinemment qu’il ne changera pas. La Crimée est annexée de fait, le Donbass est en grave ébullition mortifère, 21 marins ukrainiens sont « aux fers », des journalistes sont au cachot, l’opposition est muselée et fait du cabotage entre prison et place publique….Enfin pas pire que du temps des Tsars et du servage ni même de celui de l’URSS de Staline et ses émules!

De l’autre côté en toute sérénité le Conseil de l’Europe campe sur ses positions déclinant à loisir la sacro-sainte litanie des poncifs : valeurs, droits , démocratie , justice, ouverture à tous.. C‘est sa raison d’être que nous célébrons d’ailleurs  .

Au demeurant , les communicants de l’Institution qui sont d’une qualité professionnelle irréprochable, exceptionnelle même, sont taiseux, prudents, un peu gênés peut-être. Les compte-rendus toujours très promptement mis à disposition ne sortent qu’au compte-gouttes. Il y a comme un malaise.

La présidence française du Comité des Ministres et la rencontre de Helsinki ?

 

Capture d’écran 2019-06-27 à 22.04.46Le Comité  des Ministres à Helsinki le 17 mai ( peu de  femme mais on reconnaît la Française….en rouge

Les représentants des Etats membres se sont réunis à Helsinki le 17 mai dernier pour la passation des pouvoirs de la présidence entre la Finlande( sortante) et la France ( entrante)

Dans la déclaration finale du comité on trouve entre autres réjouissantes intentions attendues et qu’on ne peut qu’applaudir celle-ci :

 .         eu égard à l’importance des élections du/de la Secrétaire Général(e) et de juges à la Cour européenne des droits de l’homme, apprécierait vivement que les délégations de tous les États membres participent à la prochaine partie de Session de juin de l’Assemblée parlementaire ;

 C’est peut-être là l’origine de toute cette page mémorable à coup sûr de l’Histoire du Conseil de l’Europe.

D’ailleurs, l’argument le plus répété est celui de « l’ Agora » des 47 membres au complet quoi qu’il en coûte, suivi de celui de la protection de la population russe par la possibilité d’en appeler à la Cour Européenne des Droits de l’Homme, ultime recours quand toutes les juridictions nationales ne sont pas satisfaisantes…

De l’argent, on en parle pudiquement moins, bien qu’on sache pertinemment que des postes ( jobs de tous ordres) sont menacés si le plus gros contributeur ( la Russie) ne s’acquitte pas de sa dette et de sa nouvelle «  cotisation ».

Mais élevant les esprits et les cœurs, certains invoquent l’argument le plus touchant : le Conseil de l’Europe serait en quelque sorte une fédération philosophico-socio-politique d’Etats prodiguant des conseils d’experts dans son propre espace et au-delà. Oui pour sûr, c’est l’aspect qu’on préfère et qu’il faut préserver à tout prix mais le dépasser aussi par le travail de recherche qui se fait toujours avec détermination et justesse, façon Dick Marty. Alors ?

 « Le pape, combien de divisions ?» C’est la réponse de Staline faite à Pierre Laval qui lui demandait de prendre en compte les contextes religieux. Division non seulement dans le sens militaire…

Antoine Spohr

 

 

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