Par Vusala Aliyeva et Yana Baev
L’amitié entre une ville impériale française et une ville étape de la route de la Soie
L’Asie centrale est peu connue pour son rôle de centre historique de l’Islam à travers l’histoire. La culture islamique d’Asie centrale se concentre notamment dans l’actuel Ouzbékistan. Cela s’explique par le fait que les oasis de cette région étaient des étapes importantes de la route de la Soie, des centres urbains de cultures iraniennes, voire en partie grecque de l’époque d’Alexandre le Grand, puis des caravanes dans les empires Arabes et Mongols. Ces villes-oasis de légende se trouvaient sur les routes de la soie. Elles étaient essentielles pour les échanges Chine-Europe avant l’avènement des grandes voies maritimes. En outre, les Ouzbeks se sont sédentarisés et islamisés beaucoup plus vite que les autres peuples de l’Asie Centrale.
Le président de l’Ouzbékistan Chavkat Mirzioïev a choisi la France pour son premier voyage officiel en Europe après sa prise de fonction. « De manière générale, l’ Asie centrale a toujours eu un amour pour la France » : nous raconte Daniyor Rozmetov, le président de l’Association « Asie Centrale, voyage ». « Les premières relations politiques se sont faites entre Tamerlan et Charles VI qui se sont échangés des correspondances diplomatiques. Lorsque nous nous penchons sur la littérature des auteurs qui ont voyagé en Asie centrale, nous nous rendons compte quand ils parlent des français, ils parlent avec énormément de respect et surtout avec beaucoup d’amour». L’arrivée des Russes en Ouzbékistan a contribué à cet amour pour la France. …..Par la suite, avec l’indépendance, l’Ouzbékistan et les pays de l’Asie centrale ont toujours gardé cet amour et ont tenté de mettre en place des relations amicales et chaleureuses avec la France. Daniyor Rozmetov nous raconte: « Il y a une expression en Ouzbékistan qui dit « Son maître est un français». C’est un compliment qui est employé pour désigner quelqu’un qui fait très bien son travail, c’est un éloge ». De son côté, la France, malgré les obstacles géopolitiques, préserve une relation amicale avec l’Ouzbékistan.
L’amitié entre une ville impériale française et une ville étape de la route de la Soie |
Aujourd’hui, trois villes françaises sont jumelées avec des villes d’Ouzbékistan. Cette année, Rueil-Malmaison et Boukhara fêtent leur 20 ème année d’amitié. A moins d’une dizaine de kilomètres de la capitale, Rueil-Malmaison offre une agréable plongée dans l’histoire. Les voyageurs découvrent les charmes d’une cité qui avait su séduire le couple impérial, Napoléon Bonaparte et son épouse l’impératrice Joséphine, qui a choisi le Château de Malmaison comme principale résidence. De son côté, Boukhara est une cité antique située sur la Route de la soie, une ville qui a plus de 2 000 ans. Boukhara a été, pendant des siècles, un centre économique et culturel majeur du monde islamique en Asie centrale. À travers les siècles, Boukhara a su conserver son charme d’une ville médiévale d’Asie centrale. Aujourd’hui, icent-quarante monuments placés sous la protection de l’UNESCO témoignent de la richesse historique et culturelle de Boukhara. L’empreinte des grands architectes a su perdurer jusqu’à nous.
A l’heure actuelle, la société de production française « B-Tween » travaille en Ouzbékistan afin de réaliser un documentaire sur le patrimoine historique et architectural, ainsi que sur les traditions culturelles et culinaires d’Ouzbékistan, avec la participation du célèbre acteur Gerard Depardieu. Le film «Route de la soie» sera consacré aux monuments historiques et architecturaux, aux sites archéologiques, aux œuvres d’art, aux lieux de culte, aux plats nationaux, ainsi qu’à l’hospitalité ouzbek.
Premier jardin ouzbek en Europe
photo eurolatio
C’était un jour d’avril où plus de trois cent personnes sont venues à Rueil-Malmaison pour assister à la cérémonie d’inauguration du jardin ouzbek dans la ville de Rueil-Malmaison. Celui-ci est le premier et le seul jardin d’ouzbek en Europe. Lors de son inauguration, on y trouvait déjà les cerisiers, les pommiers, les figuiers, des abricotiers et d’autres variétés de fruits importés de Boukhara. Depuis ce jour-là, la statut de Ibn Sina ( Avicenne) se dresse dans la ville impériale française, dans le jardin ouzbek.
Avicenne X°/XI° siècles ( photo eurolatio)
Ce philosophe, médecin, mathématicien et en même temps astronome est né près de Boukhara en Ouzbékistan. Il a laissé 156 ouvrages : 21 sont d’une grande importance et parmi eux, 16 sont consacrés à la médecine.
L’islam est-il soluble dans la République?
L’Ouzbékistan se trouvant sur l’ancienne route de la Soie, ayant été le centre économique et culturel majeur du monde islamique en Asie centrale, a pu conserver cette richesse historique en y ajoutant la laïcité, l’éducation universelle, la liberté des femmes et d’autres valeurs républicaines.
«Dans de nombreux domaines, l’Ouzbékistan ressemble au système français et a imité son modèle. La Constitution de l’Ouzbékistan a pris pour base la constitution de la Vème République française. Pour l’Ouzbékistan, la France a toujours été une source de symbolisme et un modèle.», explique le politologue ouzbek Rafael Sattarov dans son interview pour la presse étrangère.
De nos jours, l’Ouzbékistan consacre beaucoup d’attention à l’éducation .L’Etat y dépense près de 10% de son PIB. D’après les chiffres de l’UNESCO, le taux d’alphabétisation des adultes en Ouzbékistan s’élève à 99,5%. L’éducation est la même pour tous depuis l’émancipation des femmes qui a débuté en 1927 avec les premières cérémonies lors desquelles celles-ci ont brûlé leurs voiles. Depuis les écoles sont mixtes et les femmes ont le droit de travailler (ce qui est garanti par la constitution). La constitution attribue les mêmes droits aux hommes et aux femmes dans ce pays musulman laïc.
A compter du premier septembre de l’année en cours, la loi fixant l’âge de mariage des filles va être modifiée. Désormais, les filles ouzbeks vont pouvoir se marier comme les garçons à l’âge de 18 ans au lieu de 17. Dans son interview donné à » sputnik »(agence presse mondiale, créée en Russie), la présidente du Comité d’Etat aux affaires des femmes en Ouzbékistan, Tanzila Narbaeva, a souligné que le problème des mariages précoces n’existent plus dans le pays. La modification de la loi qui est censée prendre en compte des nouvelles réalités sociétales est devenue inévitable. Selon elle, la nouvelles génération n’est plus intéressée par le mariage très tôt. Les filles sont de plus en plus intéressées par la poursuite de leurs études et de leurs projets professionnels. Comme ailleurs……
Vusala Aliyeva (avec sa stagiaire pour « eurolatio »Yana Baev