Européenne

Espagne: Pedro Sanchez assure une « Renaissance »

par Tristan Tottet

Au bout d’un parcours sinueux, le président du gouvernement espagnol offre une belle victoire à la social-démocratie.

 

L’Espagne est un pays atypique, dont les politiciens à eux seuls reflètent la complexité et la singularité dans cette terre bigarrée à l’Histoire si riche.

Capture d’écran 2019-05-28 à 09.25.34 Pour preuve, alors qu’une grande partie des partis européens, anciens, traditionnels, ont disparu ou ne sont plus en capacités de peser dans le débat public, il ne devait en rester qu’un et c’est lui, le Parti socialiste espagnol (PSOE).

Une décennie après le début de la crise économique européenne les stigmates perdurent encore dans notre quotidien, avec notamment la poussée des partis populistes. Cette année marque cependant  la consécration politique de celui qui est surnommé El Guapo (le Beau), Pedro Sánchez.

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El guapo vote

Il a réussi à renverser en juin 2018 le gouvernement de droite emmené par Mariano Rajoy et a formé un gouvernement minoritaire socialiste hétéroclite qui, cahin-caha, a pu gouverner jusqu’à ce que les tensions politiques poussent Pedro Sánchez à tenir des élections anticipées en avril 2019.

Élections gagnées haut la main, il doit cette réussite à une succession d’événements, dont l’éclatement de la droite espagnole est le prmier. Comme après la crise économique de 2008 qui a vu l’apparition à gauche de Podemos en 2014, on voit aujourd’hui l’apparition à droite de Vox alimenté par la crise qui traverse l’Espagne et qui peut se résumer en ces deux questions :

1) Qu’est-ce que l’Espagne ? Parle-t-on de l’Espagne ou des Espagnes.

 2) Qu’est-ce qu’être espagnol ? Cette tension s’est cristallisée autour de la Catalogne et de ses velléités indépendantistes. L’élection comme député européen de Carles Puigdemont et d’Oriol Junqueras ne va pas dans le sens d’un apaisement politique en Catalogne…

Cette dispersion permet aujourd’hui au PSOE et à Pedro Sánchez d’avoir une majorité aux Cortes  (Assemblée Nationale) Dans son élan, lors des élections européennes de mai 2019, il réussit même le pari d’envoyer au Parlement européen la plus grande délégation pour le parti S&D, avec 20 députés surpassant le SPD allemand et ses 16 élus européens.

Hier l’Espagne était décriée pour la gestion de la crise économique, affaiblie politiquement au sein des Institutions européennes mais c’est aujourd’hui  le pays qui qui au sein de la sociale-démocratie européenne en sort grandie. L’Espagne apportait un nombre non négligeable d’élus PP qui siègeaient au Parti Populaire européen (PPE). Situation paradoxale car un pays comme la France n’y envoie que 6 députés socialistes et 8 députés LR pour la nouvelle législature. La question de la représentation française au sein des deux partis majoritaires, le S&D et le PPE, se pose clairement.avec celle des nouvelles alliances en discussion.

Cette situation au niveau européen marque un tournant. L’Espagne est l’exemple de ce renouveau du Sud européen qui lors de la crise de la zone euro avait été très critiqué. Par sa délégation de députés socialistes au groupe S&D, le pays marque une renaissance et réaffirme à l’Europe ses attaches au projet et aux valeurs européennes. Attache qui ne fait aucun doute depuis le retour de la démocratie en 1978. Par ce vote, le pays se positionne clairement comme l’un des principaux acteurs voire leader européen pour la prochaine mandature.

Spain is back !

Tristan Tottet

NDLR

La péninsule ibérique toute entière  est  » de retour « comme dit  notre auteur car le Portugal, sans doute le meilleur élève de la classe européenne, se distingue de la même  façon. Les socialistes portugais  emmenés par leur premier ministre Antonio Costa ont réalisé le même score de 1/3 des suffrages exprimés. Social-démocratie ibérique?

Nous  présenteront le Portugal prochainement ( AS)

 

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