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EU -26 mai    La « macronade » n’est pas totalement ratée.

Le dosage des ingrédients était-il judicieux ?

Notre parti pris un peu hâtif

Nous avions entrepris ici une audacieuse démarche : une lettre /supplique à Emmanuel Macron, adressée à « mon président », concessive et un peu consensuelle avec copie par courtoisie à un surprenant et chanceux jeune conseiller politique à l’Elysée, le trentenaire Stéphane Séjourné. Nous avons reçu un accusé de réception et une promesse de réponse de l’Elysée mais pas du conseiller !

A l’Elysée le courtisan Séjourné où il est peut-être demeuré et demeure encore, a été chargé d’aligner 79 noms, en «  chabadabada », pour constituer une liste exaltante sous le joli nom de Renaissance qu’on n’utilise en général que pour des évènements heureux. Jeune dignitaire de la présidence, il n ‘a pas répondu à un vieux journaliste encombrant.

Merdre alors, comme on peut dire au théâtre mais pas que!

Dès lors le pauvre bougre n’apparaît plus nulle part dans les médias, mais on sait que lui au moins , lui  qui n’a pas été élu à l’Assemblée Nationale en dépit de l’ampleur de la marée «  en Marche » de 2017, sera eurodéputé « auto-choisi ». Il est 6° sur la liste qu’il a concoctée. Jadis avant l’assainissement programmé en 2017, on appelait çà les « parachutes dorés ». Self made député européen ! On se le dira dans l’hémicycle.

Le meeting de Strasbourg ;Mme Keller à la droite de Nathalie Loiseau

Renaissance, résilience ou racolage ?

On choisira le mot qui va. En effet le choix des gens et du titre de la liste, a du nécessiter d’austères recherches sémantiques avant exultation ! Choix « passe et manque » en même temps,  à la vérité «  racolage » aurait pu faire plus populaire puisque pour expurger le populisme, on doit ou on peut user du même vocabulaire, histoire de se mettre au niveau. Ou alors « résilience », à la mode, surtout si le rêve européen s’est à ce point émoussé.

Au quiz grossier et grotesque : -qui est le plus européen des candidats ? On peut néanmoins répondre : « Macron », sans mépris évidemment pour d’autres europhiles tout aussi respectables.

F-X Bellamy

La tête de liste « Bellamy » , Les Républicains, a pris le bon vent sans outrance et pourrait susciter une amorce sérieuse du retour d’une droite traditionnelle crédible qui verra peut-être revenir certains barons bien taiseux pour le moment et peu motivés par le président du parti.

Le jeune philosophe F-X B quant à lui, est souvent pertinent, séduisant et n’a pas ce ton hargneux d’une certaine droite revancharde. Il est à sa place et rappelle le temps de la  » démocratie chrétienne » des Robert Schuman  et du MRP

Anne Sander, député sortant qui connaît le « job » et  le président Wauquiez…

De l’autre côté, en forçant le trait, la liste conduite par un autre philosophe Raphael Gluksmann (PS +Place Publique) peut se parer, en gros des mêmes qualificatifs, pour la liste «  Envie d’Europe ». Dans la tradition  rad-soc, en gros.

Raphaël Glucksmann

Déjà trois listes importantes et européennes sincères , la nébuleuse des autres ne portant pas  une franche position ….

Dès lors il est déraisonnable de parler de match retour Macron vs Le Pen pour réduire la portée de l’élection. Une faute évidente qui ne profite qu’au RN.

Impossible dans l’atomisation des listes candidates de démêler le pour ou le contre des petites listes, parfois intéressantes sur des sujets précis. D’ailleurs pour ou contre qui ou quoi ? On suppute mais confusément… mais il en est qui sont catégoriquement contre l’UE , d’autres sont demeurées sceptiques, fluctuantes et d’une mauvaise foi nourrie de fake news. Européens engagés nous n’en parlerons pas.

Vu de Strasbourg , c’est encore particulier.

 

Certains « marcheurs » sont déçus, fâchés même , pas au point de devenir anti-européens ni même euro-sceptiques . Quand même pas, mais prêts parfois à réexaminer leur choix. Pourquoi ? A cause d’un déclassement considéré comme injuste de la candidate la plus évidente à leurs yeux, « marcheuse de la première heure » et depuis deux mandats de maire-adjointe , chargée des affaires européennes et internationales, Mme Nawel Rafik Elmrini .

Un examen attentif de la liste ne laisse subsister aucun doute : cette avocate experte, connaissant à fond les dossiers européens , les structures, les lieux et les gens, selon un barème logique, devait siéger évidemment au Parlement ; elle était parmi les plus indiqués « pour le job » comme dirait tout DRH même inexpérimenté.

Vindicatifs quelques uns attendrons le jeune Séjourné , conseiller politique à l’Elysée par la grâce de Jupiter, promu de surcroit directeur de campagne, pour lui dire son fait à Strasbourg. Le pauvre est devenu le souffre-douleur, tout de même un peu victime expiatoire consentante d’une incurie au sommet de la Macronie. Qui l’a fait «dieu»  sur cet Olympe ne se demandent-ils  même pas car ils le savent.

On a joué « regroupement stratégique » : en clair, en spéculation par large ratissage, quitte à rejeter une partie des siens sur les bords du chemin du Parlement de Strasbourg. La candidate attendue est tout de même propulsée à la 29° place, place d’ honneur mais non éligible.

Si on ajoute du même coup à cela l’avènement en 7° position de la sénatrice Fabienne Keller (UDF puis UMP et enfin Agir) ardente animatrice de l’opposition municipale à la majorité du maire sortant Roland Ries ( PS), la nouvelle configuration municipale s’en trouve « hybridée » donc fortement perturbée. Roland Ries très paisiblement sans être obnubilé par un nouveau mandat auquel il a renoncé depuis longtemps, en maintient habilement les rênes après avoir vu s’y organiser un groupe «  en marche » animé par le premier adjoint Alain Fontanel ,celui qu’on désigne comme le dauphin et l’adjointe aux affaires européennes, la candidate «  déclassée ». Tant que le programme de la mandature n’en souffre pas, il tient la barre, « force tranquille » en fin de mandat. Enfin cette conjoncture locale n’est pas à ranger pour autant dans les affaires classées.

Comme dans le pays, la Macronie manque d’éléments connus, identifiés investis sur le terrain même si elle a profondément perturbé les bases des autres partis. LaREM n’a eu en 2 ans ni le temps ni l’opportunité de se construire une base populaire d’appui autour de ses élus, une sorte de «  Hinterland » comme diraient les géographes. Dans les campagnes de terrain cela manque.

Alors on comprend mieux en observant les « fans clubs » dans les meetings .
Ainsi à Strasbourg pour celui de « Renaissance » on a pu reconnaître , au premier plan, nombre de militants Modem (normal) mais aussi des Radicaux (orphelins en précision de latéralisation) et un faible contingent de Agir mais avec un ténor de poids Jean-Pierre Raffarin.

Comme «  surgissant hors de la nuit… » l’ancien premier ministre y est allé de tout son coeur avec une vista de jeune homme, fouettant ceux ci, portant l’estocade à ceux là, pour décliner à la fin de l’envoi, les touchants mérites du président de la république Emmanuel Macron et de Nathalie Loiseau, la tête de liste.

A son tour Edouard Philippe , premier ministre en fonction a apporté son soutien à la jeune femme avec un certain enthousiasme , plus sobre. La prestation de la tête de liste en conclusion n’en a été que plus difficile et un peu désordonnée sous le coup de l’émotion sans doute. Marseillaise et Ode à la joie ! Fermez le ban !

Cette élection de dimanche est primordiale pour l’avenir de l’Europe et sa place dans le Monde face au relatif abandon d’une Amérique de Trump et la poussée irrépressible de l’immense et surpuissante Chine. Configuration dans laquelle la Russie déclassée à son tour si ce n’est sur le plan militaire pourrait servir d’interface «  atténuant » les chocs. Alors entre Trump ou Xi jinping ? Qui ?

En France quelques jours, quelques heures avant le vote si important, tous médias confondus le cas «  Vincent Lambert » tient la Une. Désolant !

Antoine Spohr

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