Charles de Gaulle « On peut sauter sur sa chaise comme un cabri, en disant l’Europe!,l’Europe, l’Europe! cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien ». 14 décembre 1965 avant le deuxième tour de l’élection présidentielle. Le traité de Rome avait été signé le 25 mars 1957 .A méditer….NDLR
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Par Alain Howiller.
« Seuls les incorrigibles optimistes peuvent penser que l’Europe se porte bien. L’Europe est au point mort…Je souhaite que l’Europe retrouve le sens de l’histoire » avait affirmé , il y a quelques années, Bruno Le Maire.
Et tout récemment Emmanuel Macron, reprenant les thèmes de sa campagne électorale présidentielle, a encore plaidé pour « la relance d’une Europe moins libérale, plus sociale, réformant sa zone euro, une puissance créant son armée , moins ouverte à tous les vent
Au moment où nous connaissons une montée des nationalismes, ces prémices de guerre comme le disait déjà François Mitterrand devant le Parlement Européen à Strasbourg, ce plaidoyer pour l’Europe est courageu
Charles Kupchan, Professeur de Relations Internationales de l’Université de Georgetown (Etat de Washington) avait été plus alarmiste encore que la plupart des observateurs actuels en lançant : « L’érosion de l’idéal européen est préoccupante, même pour les Etats- Unis…L’Union Européenne est à l’agonie… »
L’Europe a besoin d’une nouvelle génération de dirigeants capables de redonner vie à un projet qui menace de rendre son dernier souffle… »
Une nouvelle génération pour se retrouver!
Une nouvelle génération qui compte malheureusement aussi dans ses rangs des Trump, des Orban ou des Salvini – se met en place , mais des menaces se précisent et elles ne sont peut-être pas seulement commerciales ! Ces dernières ne sont apparemment pas suffisamment fortes pour que nos dirigeants retrouvent leurs esprits et acceptent de renoncer à cette part de souveraineté à laquelle ils s’accrochent à nouveau et qu’il est pourtant indispensable de sacrifier pour notre avenir commu
En appeler à un sursaut solidaire à quelques mois des élections européennes n’est pas inutile ; peut-être même est-il utile de rappeler ce que l’Alsace et Strasbourg en particulier, ont vécu le 17 Novembre 1957, à 15 heures, dans un hall du Wacken alors terrain d’exposition de la ville : plus de 3.000 personnes s’y étaient retrouvées pour soutenir l’idée un référendum populaire en faveur de la création des « Etats-Unis d’Europe »
A Strasbourg, le congrès du peuple euro
Le « Congrès du Peuple Européen », mouvement organisateurde la manifestation avec le Mouvement Fédéraliste Européen (MLFE),entendait préparer le « référendum » qu’il avait organisé dans plusieurs villes d’Europe (Milan , Düsseldorf , Turin , Anvers , Maastricht , Lyon , Strasbourg et…Genève!).
Il s’agissait de demander aux Strasbourgeois notamment mais aussi aux électeurs de 54 autres communes alsaciennes, d’adopter, dans le cadre de ce « référendum privé », une proclamation affirmant : « Je me déclare partisan de la création des Etats-Unis d’Europe par une Assemblée Constituante élue au suffrage universel. Je désigne les personnes suivantes pour me représenter au premier Congrès du Peuple Européen… «
La consultation référendaire était prévue le 8 Décembre, dans les villes retenues.
26000 votants en attendant…
Au Wacken, le professeur Michel Mouskhely( 1903-1964), professeur de RI à l’Université de Strasbourg, président du « Comité d’initiatives pour le Congrès du Peuple Européen », prit la parole pour demander aux personnes présentes et debout, d’adopter le « nouveau serment de Strasbourg », qui affirmait: « Nous n’aurons plus désormais ni trêve, ni repos avant que ne soit réunie une assemblée constituante européenne élue au suffrage universel ». Et la rencontre de se conclure sur l’Ode à la joie de la 9ème Symphonie de Beethoven, qui deviendra par la suite hymne officiel européen à l’initiative de Pierre Pflimlin alors Président du Parlement Européen.
Le référendum eut un succès d’estime et en Alsace près de 26.000 citoyens se rendirent aux urnes pour souscrire à la déclaration. Il y eut même quelques résultats remarquables comme à Reinhardsmunster (Bas Rhin) où 90% des électeurs ont voté.
Ils étaient 50% à Sarre-Union et 30% à Molsheim, autres localités du Bas Rhin..
Conclusion à Turin
Dans un ultime effort pour mobiliser, Michel Mouskhely avait souligné : « Si la population strasbourgeoise vote en masse en faveur des Etats- Unis d’Europe, alors les hommes d’Etat trouveront dans cet appui populaire la force qui leur est nécessaire pour nous conduire au haut de la route qu’ils ont choisie…..Si elle s’abstient, alors l’unification européenne sera retardée de vingt ans, c’est à dire qu’elle sera remise sine die , car nous n’avons plus vingt ans à perdre… »
C’était, il y a…61 ans!
Le 7 Décembre, dans l’élégant et somptueux Modana à Turin, là même où, un siècle plus tôt, Garibaldi avait déclaré l’unité italienne et où Salvini a tenu des propos forts contre l’Europe et…pour l’Italie à la souveraineté retrouvée (!) Michel Mouskhely était élu Président du Congrès du Peuple Européen. « En route vers les Etats Unis d’Europe. » concluait le strasbourgeois Alfred Biedermann, son vice-Président. On connaît la suite. Mais les « gens qui y croyaient », leurs descendants ont-ils renoncé, se sont-ils perdus? Les rencontres d’hier, les défis d’aujourd’hui nous ont permis, maintenant que l’anniversaire de ces évènements est proche, de nous poser la question!
Alain Howiller
NDLR : .La photo de couverture est de Catherine Munsch trouvée sur Wikipédia: c’est le Wacken ou c’était…. Bravo à la photographe
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