Pr Alain Howiller
Angela Merkel a trouvé dans le résultat des élections en Bavière ,une « leçon à méditer au gouvernement…qui , pourtant , doit poursuivre sa tâche dans la stabilité. »
Horst Seehofer son Ministre de l’Intérieur ,Président de la CSU bavaroise ,plaide lui aussi pour la stabilité . De son côté, la secrétaire générale du SPD -Andrea Nahles- estime qu’une « coalition ne dépend pas d’un vote à une élection de Landtag » et son prédécesseur Sigmar Gabriel ajoute « la fin de la grande coalition n’est pas une solution » Le séisme où le SPD s’est effondré (moins de 10% de voix) et la CSU s’est affaiblie (37,7 % de voix contre 47,7 % obtenues lors du scrutin précédent de 2013!), ne serait donc qu’une sorte de mauvais rêve à oublier très vite? Circulez il n’y a plus rien à voir?
La réalité sur le terrain est toute autre!
Les grandes manœuvres ont commencé
Certes au niveau national on attendra les résultats du renouvellement du Landtag de Hesse -le 28 Octobre- pour jauger l’avenir de la Grande coalition: le SPD continuera-t-il sa course vers l’abîme et quelle combinaison succèdera à la coalition sortante CDU/Verts qui , selon les sondages, perdrait sa majorité . Les résultats auront-ils un effet sur le gouvernement ? Le SPD que la perspective d’élections générales angoissait jusqu’ici se décidera-t-il à divorcer avec Angela Merkel? Si tel était le cas la CDU se risquerait-elle, comme l’a affirmé Wolfgang Schäuble, à mettre en place un gouvernement minoritaire ? La chancelière sera-t-elle menacée dans son propre camp ou ses adversaires attendront-ils le congrès de la CDU qui aura lieu du 6 au 8 Décembre à Hambourg?
En Bavière Markus Söder, le Président du Land a engagé des négociations avec les « Freie Wähler » (pas hostiles apparemment) pour entrer dans une future coalition de gouvernement à laquelle le parti libéral FdP pourrait également être associé. Une éventuelle coalition avec les Verts pourrait bien faire long feu. Après avoir affirmé qu’il resterait en place jusqu’en 2020, Horst Seehofer a évolué :il a admis que son poste de Président de la CSU pourrait « être soumis la base lors d’un congrès extraordinaire: « Il pourrait y avoir du neuf avant Noël « a-t-il souligné. Markus Söder ne s’est pas montré hostile à l’idée d’un congrès extraordinaire.
Et si , au-delà du « drame » que la plupart des commentateurs semblent avoir vécu au vu des résultats de l’élection bavaroise, on essayait de trouver des points positifs? Bien sûr j’ai noté, comme tous les observateurs les points négatifs qui sautent aux yeux: la défaite (attendue) des chrétiens démocrates (pire résultat depuis 1954!), l’entrée de 22 députés membres de l’AfD (extrême droite) au Landtag de Munich, les répercussions éventuelles du résultat sur la »grande coalition berlinoise », l’effondrement du SPD (22 sièges contre 42 dans le parlement sortant!),le sort du Ministre et Président de la CSU (85 élus contre…101 sortants!).
Une participation record à 72%!
Mais j’ai relevé aussi une participation (72 %) record à l’élection alors que, ici comme ailleurs, l’absentéisme gagnait du terrain. J’ai relevé encore que le mouvement des « Freie Wähler(F.W.) »(électeurs libres),en passant de 27 (scrutin de 2013) à 42 élus, s’installait à la troisième place des résultats et, contre toute attente, battait l’AfD. Les « F.W. » ont créé leur mouvement en 1950 pour le restructurer réellement en 1978: plutôt conservateurs ils voulaient avant tout réhabiliter les élections locales et régionales ,ce qui ne les a pas empêchés d’entrer au …Parlement Européen! Autres éléments positifs: le parti libéral FdP revient au Landtag avec 11 élus, le parti des Verts s’installe au Parlement Régional avec 38 élus. Les négociations sont en vue pour la mise sur pieds d’une équipe dirigeante.
En attendant le déroulement d’un feuilleton politique aux multiples épisodes , acteurs et observateurs de la vie politique allemande restent ,d’ores et déjà ,tendus vers deux dates : d’une part le 28 Octobre, jour des élections en Hesse, d’autre part le 6 Décembre, premier jour du congrès de la CDU à Hambourg. Là, Angela Merkel mettra son mandat de présidente du parti chrétien-démocrate en jeu. Mais rien ne dit que d’autres dates ne s’ajouteront pas au calendrier politique.
Alain Howiller
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