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Paris…libérée,…Paris polluée! Mais impérissable Paris de la Culture.

Par Elisa Nogaret

Une étudiante nous fait part en vrac de sa vision spontanée , pour le moins originale, et de ses sensations. Loin des débats qui agitent en ce moment la ville pour pallier une pollution atmosphérique dangereuse pour la santé des habitants – réglementations draconiennes de la circulation motorisée à l’appui -, elle découvre ce que d’aucuns désignent comme la plus belle ville du Monde. Savourez son premier papier à travers lequel elle nous décrit un Paris à vélo, si cher à Anne Hidalgo.(ndlr.El.V)

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 Paris. Une des villes les plus célèbres et les plus visitées au monde. Paris.

Tout un patrimoine. Paris. Ville romantique par excellence. Beaucoup d’entre nous viennent visiter la capitale française en quête de découvertes culturelles. Trop peu sont ceux qui enfourchent les Vélib’ – bientôt concurrencés par les trottinettes électriques en libre-service – pour arpenter les pavés de la capitale. Ce macadam jadis frappé pour les sabots, les calèches et les souliers, parcourons le à bicyclette. Afin de découvrir les personnages qui ont marqué la ville et que, peut-être, ils découvrent un peu de nous aussi. Partons admirer leurs œuvres et les lieux où ils ont vécu et travaillé.

 Des lieux d’abord, quelques-uns..

Comme la littérature nous intéresse, nous voilà au musée Carnavalet où nous visitons la chambre de Marcel Proust, d’où il écrivit « A la recherche du temps perdu », son chef-d’œuvre .

Chambre  de M.Proust

Notre découverte de la ville se poursuit au musée d’Orsay pour contempler le célèbre tableau de Claude Monet La Gare Saint-Lazare qu’il a peint en 1877. Traversons ensuite le cimetière du Père-Lachaise où nombre sont ceux à s’amasser devant les sépultures de Jim Morrison et d’Edith Piaf, la môme. Ceux qui auraient encore l’énergie de chevaucher leur vélo emprunteront la rue Sedaine pour se diriger vers un haut lieu de la capitale. En cette fin de journée, c’est la cathédrale Notre-Dame qui flamboie sous les lumières d’automne.

Devinez…

Après cette journée, sans doute avons-nous l’impression d’en avoir appris sur ces figures « parisiennes ». Nous avons admiré leurs œuvres, nous avons visité les lieux où elles vivaient et travaillaient. Nous avons emmagasiné une quantité d’informations à leur sujet. L’ironie du sort, c’est que ces figures culturelles, elles, ne seraient jamais allées visiter des musées comme nous l’avons fait. Et encore moins à vélo !

Et des auteurs, comme nous …

Chardin et Monet ne passaient pas leur temps à montrer leurs œuvres. Ils n’avaient sans doute que peu d’intérêt pour l’exhibition hors expos ! Alors que Chardin se serait rendu au marché, aurait acheté des pommes et les aurait contemplées des heures durant, Monet aurait passé du temps à observer les gens, leurs vies, leurs destins croisés, dans le but de restituer dans sa peinture la grandeur d’une vie qu’il aurait voulu parfois plus moderne, contemporaine.

Nous espérons qu’en ayant vu de nos propres yeux les lieux où Sartre et Proust travaillaient, nos capacités créatives et littéraires seront stimulées. Mais il y a quelque chose de curieux sur la façon dont nous abordons les choses. Sartre venait dans ce café car son domicile était proche, que le trajet était agréable et le lieu peu cher. Serait-il lui-même jamais allé visiter des cafés pour voir où les autres écrivains déjeunaient…..

 

Quant à notre visite de la belle Notre-Dame, ses bâtisseurs visaient sans doute moins l’intérêt architectural comme l’utilisation pionnière des arcs-boutants ou des jets d’eau de gargouilles, que la puissance spirituelle voire politique de l’édifice.

Peut-être pas, mais l’’occasion de réfléchir sur l’existence humaine. Tout comme c’est le cas au cimetière du Père Lachaise où la brièveté de la vie nous saute aux yeux par les épitaphes et où les préoccupations de nos existences nous apparaissent soudain dans toute leur « relativité ».

Ces figures qui ont marqué l’histoire de la ville n’étaient pas ici en visite. Elles pensaient, écrivaient, peignaient là où elles vivaient. Elles étaient intéressées par les choses ; la beauté des objets ordinaires, certains souvenirs, qui n’appartiennent à aucun lieu particulier. Peut-être la meilleure façon de découvrir Paris est-elle finalement de réaliser que nous n’avons justement pas besoin de visiter la ville mais de la vivre. D’avoir l’impression de faire partie de la vie de cette capitale aux artères toujours grouillantes.

La vraie culture ?

Au terme « culture » on associe très souvent les mots « littérature, peinture, architecture, … ». Pourtant les beaux monuments, les beaux textes et les belles œuvres ne sont que des produits de celle-ci. Ces produits que nous percevons avec nos cinq sens manifestent en réalité la « vraie » culture : ce que nous pensons, faisons et ressentons.

Monnet  : la gare St Lazare.

N’importe quelle gare ne serait-elle pas un lieu plus propice à l’appréciation des œuvres de Monet du moins de celle citée ? Afin de mieux le comprendre, Sartre ne nous aurait-il pas encouragé à aller nous poser dans n’importe quel café modeste non loin de chez nous et de travailler sur nos propres idées ? Et si l’endroit idéal pour être en communion avec Proust était tout simplement notre propre chambre ?

La capacité à se cultiver ne serait-elle pas finalement celle à découvrir une ville comme d’autres l’ont fait auparavant ? En frappant le pavé, à pied ou à vélo. A imaginer ces bâtiments mille fois vus par d’autres, ressentir les odeurs d’une ville qui vit. A retranscrire ce qu’expriment nos cinq sens, tant ils s’émerveillent.

 

Elisa NOGARET

Rédactrice à Réveil Citoyen

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