Assemblée Nationale

Listes transnationales: a brief history of election

Par  Han-Ull Chang

Salle des pas perdus, deux députés imaginaires en dispute avant le vote.

Capture d_écran 2018-10-04 à 15.43.01Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait purement fortuite. De même les opinions énoncées par les deux protagonistes ne sont pas la représentation réelle de la pensée de l’auteur, seulement une invitation à la réflexion sur le sujet. Ce qu’il y a lieu de faire dans cette période préélectorale qui s’anime.

 

Strasbourg, Parlement européen, le 7 février 2018, quelques heures avant le vote sur la question des listes transnationales. une proposition  suggérée par Emmanuel Macron, deux députés échangent leur opinion sur le sujet. Sofia du groupe de « l’Alliance » et Andrew du groupe des « Populaires ».

 

Capture d_écran 2018-10-04 à 15.35.55Sofia : Les listes transnationales semblent être nécessaires pour une évolution logique dans la formation d’une meilleure unité européenne. Elles permettraient à chacun des électeurs de constater que son vote concerne un enjeu européen et non plus national.

Andrew : Comment pouvez-vous parler d’unité ? Déjà que connaitre l’ensemble de nos propres candidats locaux ou nationaux est épineux, alors imaginez un peu s’il faut y ajouter des personnes au nom imprononçable. La belle affaire !

Sofia : Ce sont des élections européennes, il ne suffit pas de « concerner » une politique strictement nationale, mais bel et bien de concerner toute l’Union. Rappelez-vous de ce qu’écrivait Jean Monnet dans ses Mémoires : « Nous ne coalisons pas des Etats, nous unissons des hommes (et des femmes). » Alors soyons des citoyens… européens.

Andrew : Soit, vous présentez ces listes auprès de vos concitoyens.

Cependant, cela risque d’amener certaines interrogations : quid des têtes de listes ? Des nationaux ou celles d’autres Etats ? La répartition des députés par Etat exigés par le traité de Lisbonne (NDLR : 96 députés maximum pour l’Allemagne et 6 députés minimum pour le Luxembourg, Chypre, Malte et l’Estonie (avec le Brexit, l’Estonie pourrait passer à 7 députés) ? Egalement, les listes, quels mouvements politiques seront représentés ? Le regroupement de bords nationaux ou directement les groupes politiques en présence au Parlement (européen), alors que ces groupes suivent des règles strictes provenant des traités européens. Vous comprenez que l’acceptation de ce système risque de fragiliser davantage la participation des citoyennes et citoyens de l’UE (environ 48% en 2014) et surtout, d’impacter les traités européens qui demanderont une révision. Nous ne sommes pas prêts pour un bouleversement aussi radical.

Sofia : Cher collègue, vos questions sont pour la majorité d’ordre logistique, voire pour certaines d’ordre mathématique. Quant à la révision des traités, j’admets que ce sera la partie la plus laborieuse d’un tel engagement. Mais j’estime que nous devons aller au-delà de ces questions, que je conçois pour la plupart légitimes, pour créer un véritable débat européen. La faible participation que vous évoquez, elle est aussi de notre ressort, car nous médiatisons et informons peu nos concitoyens européens. Quand je discute avec les habitants de ma circonscription, très peu de personnes connaissent la date des élections ou parfois ne sont même pas au courant de cette échéance électorale. Et c’est à nous aussi de mieux informer. Ainsi, à travers les listes transnationales, nous pourrions créer, tout comme au niveau national, des débats entre candidats européens qui seraient diffusés sur un channel européen, mais également sur les réseaux sociaux.

Andrew : Ce que vous proposez là, chère collègue députée, ce serait comme le disait Sir Winston Churchill : “Transnational list is the worst form of election system except for all those other have been tried from time to time.” ( Le pire des systèmes…….)

De surcroit, je reste sceptique, car c’est un pari dont l’issu dépendra de l’engagement des européens. Surtout lorsque je vois la difficulté pour nous d’atteindre la barre des 50% de participation. Ce serait alors un risque inconsidéré et dangereux pour l’avenir de l’Union européenne. Et dans ces temps sombres qui touchent l’Europe aussi bien politiquement, que socialement, nous ne devrions pas nous acharner sur davantage de chicayas clivantes.

Sofia : Monsieur, souvenez-vous que l’Union Européenne a aussi été bâtie sur des paris et des défis. Or, ces dernières années, nous faisons preuve d’un manque d’audace qui ne fait que paralyser notre évolution. Alors essayons d’être audacieux sur ce sujet afin de faire souffler un nouveau vent de départ pour nos institutions.

Andrew : J’admire votre enthousiasme et votre ambition. Mais à l’heure où l’Europe est plus divisée que jamais sur différents points. Je pense que cette histoire de liste ne devrait pas faire partie des priorités immédiates. De plus, à moins d’un an (NDLR : 23-26 mai 2019 ) des euro-élections, le changement serait beaucoup trop brutal, et donc créerait le risque d’une participation plus faible, et de facto une légitimité réduite pour notre institution qui est le Parlement (NDLR : seul organe de l’UE où les représentants sont élus directement par les citoyens).

Sofia : Vous avez peut-être raison, les listes transnationales nécessitent une mise en place en douceur, et non faire preuve de précipitation. J’estime que le débat sur cette question doit rester ouvert…

 

Capture d_écran 2018-10-04 à 15.36.16La cloche retentit dans l’enceinte du Parlement européen, les députés rejoignent l’hémicycle pour procéder au vote

 

Le résultat du vote sera le suivant : 368 voix contre l’établissement des listes transnationales et 274 pour. Cette idée de liste fut proposée par le Président français Emmanuel Macron dans le cadre des remplacements des sièges qui deviendront vacants à la suite du départ des Britanniques en mars prochain.

Toutefois, c’est un débat qui doit se faire au niveau européen et non pas par la proposition d’un dirigeant d’un Etat membre de l’Union européenne, notamment lorsque celle-ci bouleverse le système d’élection en place. Mais bien entendu, c’est à vous de décider, citoyennes et citoyens de l’Union européenne, si ce débat doit être abandonné ou non.

 

Han-Ul CHANG

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