Biologie

Leçon de permaculture avec travaux pratiques.

Par Gervaise Thirion

A Pulau Bidan, Malaisie, nos « envoyés très spéciaux » ont été séduits par l’expérience de permaculture qu’ils ont vécue.

A vrai dire, on avait déjà entendu ce mot sans trop savoir ce qu’il signifiait précisément. Alors, dans un premier temps, recours à Wikipédia :

« …un « mode d’action » qui prend en considération la biodiversité de chaque écosystème. Elle ambitionne une production agricole durable, très économe en énergie …et respectueuse des êtres vivants et de leurs relations réciproques, tout en laissant à la nature « sauvage » le plus de place possible »

Le mot permaculture est né de l’accolement de deux termes américains « permanent agriculture »  Si le concept n’est pas tout jeune (il a été théorisé dans les années 70) il reste encore très mal connu.

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Photo Linda-Michel

Dire qu’on fait parfois des milliers de kilomètres pour découvrir ce qui existe près de chez soi, ou qui y a déjà existé il y a fort longtemps !

Les pérégrinations de Linda et Michel.

On se souvient de ce jeune couple alsacien qui, l’an dernier, « lâchait tout » pour partir sac au dos et nez au vent à la découverte du « monde »… Enfin, ils verraient bien jusqu’où l’aventure les mènerait, au gré des obtentions de visas, des ressources et des intérêts.

En octobre, notre article  (https://eurolatio.org/2017/10/23/une-aventure-courageuse-utile-et-agreable/)  relatait leur participation enthousiaste à la construction d’une école en torchis à Odessa (Ukraine)

Pulau Bidan, une merveille à protéger.

Après l’Europe, l’Asie centrale, l’Inde, le Népal, le Laos, le Viêt-Nam, le Cambodge… Linda et Michel ont posé leurs bagages pour un mois en Malaisie. Tout d’abord en janvier. Guidés par « workaway », ils se sont portés volontaires pour aider à un projet de développement durable. L’aventure leur a plu.  Au mois de juin, ils y sont retournés pour « transformer l’essai »

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Photo eurolatio

On peut chercher longtemps Pulau Bidan sur une carte ou dans un atlas… Située au nord-ouest de la péninsule malaise dans le détroit de Malacca (entre océan Indien et mer de Chine), l’île est minuscule et, à en croire les visiteurs,… paradisiaque !

 

Mais le « paradis » est  menacé par la déforestation, l’érosion des côtes, l’accumulation de déchets charriés par la mer. La biodiversité et l’écosystème de la zone s’en trouvent profondément perturbés.

Une initiative locale, menée par des acteurs locaux

 

Paksu, un pêcheur-agriculteur local, a pris conscience de la menace. Soucieux de sauvegarder le patrimoine naturel exceptionnel de sa région, il a commencé le combat en plantant des arbres pour protéger la mangrove côtière (des milliers en 10 ans). Trois étudiants l’ont rejoint pour lui apporter l’appui de l’université. l’ONG « Puncak charity and educational club » soutient son projet sur deux espaces.

paksu et l'équipe à P.B

Paksu et Masu entourant Michel et Linda

Sur la côte, une ferme ostréicole a été installée comme source de revenus et aussi comme moyen de clarifier l’eau. Une maison d’hôtes accueille des touristes sensibilisés au respect de l’environnement et à la culture locale.

Pulau bidan est à environ une heure de la côte par bateau. Totalement inhabitée, seuls les pêcheurs peuvent y accoster. L’ONG en est l’unique dépositaire par autorisation du gouvernement malais (sans financement malheureusement). L’île est devenue un  laboratoire expérimental de permaculture avec l’objectif de montrer qu’on peut vivre en autonomie grâce aux ressources naturelles trouvées alentour. L’éducation à la protection de l’environnement fait également partie du programme, forcément.

Un terrain d’expériences multiples

Paksu et sa femme Masu mettent en place un mode de vie aussi indépendante que possible tant du point de vue alimentaire qu’énergétique. Pour les volontaires, comme Linda et Michel, qui participent aux différentes tâches, c’est l’occasion d’un formidable apprentissage de gestes et de techniques. Michel est, en plus, très heureux d’avoir nettement amélioré son anglais au contact de partenaires de toutes origines.

Il y a d’abord les activités de subsistance : un élevage de poules , auxquelles on a construit une maison, permet la production d’œufs et d’engrais. Les poules sauvages, elles, sont de bonnes « laboureuses » de terre.

De jeunes plantes sont abritées dans une « nursery » avant d’être mises en terre au bon moment et au bon endroit dans les  jardins qui occupent une grande partie de la zone non boisée.

Nursery plantes P.B

La production de noix de coco a été nettement augmentée en disposant à la base des arbres un tapis de feuilles et d’écorces qui protègent les racines de l’évaporation.   Une production d’huile vendue lors de salons alternatifs a déjà commencé.

La consommation d’eau, denrée rare, doit être sérieusement régulée. Récupérée dans des puits, l’utilisation de filtres naturels (à base de sable, cendre …) permet de la rendre potable.

Chacun apporte son aide selon ses compétences et ses envies : tri sélectif des déchets qui seront recyclés ou utilisés pour le compost, fabrication de « remèdes » naturels (fertilisant pour la terre, répulsifs pour insectes…), cuisine…

 

Tri déchets P.B

Tri des déchets. Photo Linda-Michel

L’île a été, un temps, une base militaire de l’armée australienne. Les bâtiments et les gravats abandonnés ont été récupérés par les membres de l’association.  Ce qui leur permet d’installer un premier « confort ». Les puits leur sont également d’une grande aide.

Quatre à cinq heures de travail par jour, cela laisse pas mal de temps libre pour découvrir  ce magnifique petit coin de nature sauvage et lire, s’amuser, nager, se balader, méditer…. se déconnecter.

La permaculture : un modèle pour demain ?

En tout cas, c’est une idée qui a le vent en poupe.  Pulau Bidan est un exemple qui fonctionne et mérite d’être développé. Un parmi tant d’autres qui se sont créés aux quatre coins de la planète.

L’agriculture productiviste, l’agro-industrie (pesticides, insecticides), le tourisme irresponsable, les dérèglements climatiques, la pollution… ont fait tellement de dégâts.

Le concept semble ne pas être qu’une mode de « bobos ». Il correspond à une aspiration profonde de retour aux fondamentaux et à une société plus respectueuse de la terre et des hommes.

Le succès grandissant d’un Pierre Rabhi et de son association « Terre et Humanisme » en France et à l’international ne démentira pas le propos.*

Evidemment il faudrait corréler cette belle idée à l’explosion démographique dans certaines régions du globe. Loi de l’offre et de la demande prédominant partout, toujours ?

 

Gervaise Thirion

* Pour les antennes locales. Cf. Association « Colibri »

1 réponse »

  1. Merci du fond du coeur pour cet article Gervaise ! Nous sommes heureux et reconnaissant d’avoir participé et appris, au travers de cette sublime expérience de volontariat. Merci aux personnes passionnées qui oeuvre chaque jour à Pulau Bidan !
    Un petit plus pour les intéressés: le magazine Kaizen, un média indépendant et 100% positif. Vous pouvez retrouver un Hors Série pour en connaître plus sur Pierre Rabhi et son oeuvre.
    Belle journée à toutes et à tous 🌻

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