Européenne

ERDOGAN n’a pas gagné !

Ou alors, la Turquie de Mustapha Kemal Atatürk serait-elle bien morte ?

Et si l’effet balancier inversait toutes les prévisions, souvent hâtives, brutes, obnubilées par la personnalité redoutable et tyrannique du chef d’Etat Turc ?

Si les excès délirants du président Erdogan absolument insupportables dans nos démocraties, réveillaient les aptitudes à la raison, au bons sens, d’un peuple turc qui n’en est pas dépourvu? Si ce peuple se réveillait tel qu’en lui-même aspirant à un minimum de liberté, de justice, de paix? Si la nostalgie d’un lointain empire ottoman ne nourrissait pas l’ambition folle d’un potentat qui flatte inutilement la «  fierté » nationale ou nationale-impérialiste?

Non, les jeux ne sont pas faits

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Pourquoi nos doutes et nos certitudes « Coué », les plus justes au moins le temps de les savourer en nous –mêmes ? Si nous voulons y croire, ne pourrions nous communiquer notre optimiste à une partie des suppôts trompés d’Erdogan. Qui sait ?   Les succès électoraux n’ont pas toujours été très nets pour l’apprenti Sultan absolu. Pas inexpugnable le vaniteux autocrate, nous autorisons nous à penser ! Perdant dans le  villes et les régions développées gagnant dans les régions les plus archaïques  rurales. Un peu plus de 51% de OUI contre un peu moins de 49% de Non.

Malgré les baillons ou peut-être grâce à eux, qui obstruent lâchement toutes les formes d’expression ou les relèguent « au bruit sourd du pays qu’on enchaîne », la résistance s’exprimera dans les urnes, tant que c’est possible. La Turquie est classée 180° en matière de liberté de la presse avec plus de 120 journalistes en prison. Après le putsch manqué de 2016, 140 OOO fonctionnaires ont été limogés, 50000 personnes arrêtées tandis qu’on créait des postes pour la répression ( 4000 juges et procureurs, 32000 dans les services de sécurité) Il faut croire dès lors que l’aspiration à la démocrature sans vergogne mise en projet par le référendum de 2O17 n’est pas si fortement acceptée qu’on le dit.Peut-être les électeurs pourront-ils juguler leur peur dans l’isoloir ? La Turquie n’est pas une république bananière bien loin de là.

A preuve ses succès économiques :

« En 2017, la Turquie est la première puissance économique du Moyen-Orient devant l’Iran et l’Arabie saoudite, la 7e puissance économique d’Europe et la 13e puissance économique mondiale. Membre du G20 et de l’Union douanière, la Turquie a officiellement entamé ses négociations d’adhésion avec l’Union européenne en octobre 2005. » Ces données de Wikipédia ont été grosso modo vérifiées.

Sur bien d’autres plans aussi ( 80 millions d’habitants) elle ne porte pas mal ce qui lui inspire une ambition de leadership très contesté au Moyen Orient .

Somme toute le suffrage universel est encore conservé tant que Erdogan ne pourra pas profiter des dispositions prévues par le référendum.

Election le 24 juin. Scrutin à deux tours si aucun candidat ne recueille la majorité absolue au premier. Danger absolu ! Espérance folle ?

A moins que le salut vienne d’une personnalité jaillissant sur la scène comme un «  deus ex machina » : une dame de haute tenue.

 

Madame Meral AKSENER, démocrate et  pour la laïcité.

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Professeur d’Histoire , 5 fois élue député(e) depuis 1996, éphémère ministre de l’Intérieur , elle se dresse à 61 ans, en Avril 2018 contre Erdogan pour dire non au régime « hyperprésidentiel »que le président  souhaite instaurer,en application du référendum.

Elle est musulmane, est allée en pèlerinage à la Mecque, ne porte pas le voile car elle est kémaliste laïque, favorable au maintien dans l’OTAN et favorable au développement des liens avec L’Union Européenne et évidemment au maintien de son pays parmi les 47 Etats du Conseil de l’Europe… favorable encore au respect du régime parlementaire, à une justice indépendante, au retour à une certaine normalité en quelque sorte.

La dire « providentielle » serait excessif mais si c’est «  tout sauf Erdogan » et en cas de 2° tour , binaire cette fois, les cartes seraient rebattues. Les opposants pourraient se coaliser à son profit. De surcroît, au cas où elle ne serait pas seconde, elle est prête à soutenir le candidat susceptible de battre le sortant mis en ballottage. Elle coalise, selon les sondages, les conservateurs déçus, les centres (gauche et droite), les petits partis…

Certains évoquent l’expérience «  Macron », d’autres y voient , ici une dame de fer , là une Merkel… Troublant non ?

 Les Kurdes en arbitrage.

Les Kurdes qui ont gagné l’estime voire l’admiration internationale dans leur lutte héroïque contre Daech, ce qu’on n’ignore pas en Turquie, s’ils s’unissent réellement, pourraient au moins favoriser un second tour et «  discuter et disputer » ensuite. Ils sont 12 à 15 millions d’habitants…Peut-être leur apparition sur la scène mondiale leur vaudra-t-elle une reconnaissance. Pour sûr, ils ne voteront pas pour Erdogan qui les considère comme des terroristes D’ailleurs l’élection présidentielle sera suivie d’élections parlementaires. Et alors … ? Ne craignons aucune hypothèse.

Si les dés électoraux ne sont pas pipés, on peut s’attendre à des surprises forcément.

Dans deux semaines se joue une très importante partie déterminante dans les relations internationales non seulement au Moyen-Orient mais sur toute la planète , si l’échec de Erdogan décourageait ou effaçait, ici et là, des velléités de régime dictatorial.

Antoine Spohr

 

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