Psychologie sociale

TOUS NOUS IRONS « AU BOIS ».

 

INOUBLIABLE EXPERIENCE DE PLAIN-PIED DANS LA CREATION QUI FAIT SALLE COMBLE EN SALLE GIGNOUX.

Spectacle créé le 14 mars 2018 au Théâtre National de Strasbourg.

JUSQU’AU 28 MARS 2018

 

 

Capture d_écran 2018-03-19 à 12.21.05Une Petite sublime – Séphora Pondi, Photo TNS – Jean-LouisFernandezU

 

LE PETIT CHAPERON ROUGE  version « AU BOIS »: S’EN LAISSER CONTER AUTREMENT

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L’auteur et  notre journaliste Pascale Harlez se sont parlé. Par écrit aussi!

Sur le plateau ou en mains, le texte de Claudine Galea, Au Bois, nous entraine inexorablement vers une acmé par son style, sa facture et son fond, qui explore bois et tréfonds de l’âme humaine, qu’elle soit celle de la Petite sublime, de la Mère normale, du Chasseur normal et hideux, de la RumeurPublic, entité efficace reflétant le public et son goût du sensationnel et des histoires sordides, mais aussi celle du Loup normal et beau et du Bois normal et moche, enfin celle de la Voix des FEMMES SAUVAGES. Artiste associée au TNS, Claudine Galea est auteure de théâtre, de romans, d’albums jeunesse et de textes radiophoniques. Au théâtre, les éditions Espaces 34 ont publié douze de ses pièces − en collections adulte ou jeunesse. Au Bord a reçu le Grand Prix de littérature dramatique en 2011 et sa pièce Au Bois qui n’a pas été écrite pour la jeunesse a suscité l’engouement et reçu le Prix Collidram des collégiens en 2015. Pourquoi ?  « Parce que « Le conte, c’est la jubilation sans entraves. » (sic), par ce style coup de poing mais coloré et savoureux, nous extirpant de la chape d’une intrigue connue, pour faire entendre les voix des forces vives d’aujourd’hui.

JEU CATHARTIQUE : PURGATION DE NOS PASSIONS, EXACERBATION DES FANTASMES ET DES DESIRS

De fait, la mise en scène inventive de Benoît Bradel, tire au mieux parti de la liberté laissée par l’auteure d’aller vers « les meilleurs ajustements », « les plus féroces évidemment » : on nous conte, en images cinématographiques, parties musicales ou chorales, pantomime et jeu souvent frontal, les passions, les fantasmes et les pulsions, des plus extatiques jusqu’aux plus sordides : de l’ado à la mère, du bois au chasseur, et passant, du loup à la « RumeurPublic » ? Qui saura mieux vous glacer les sangs ? De qui suintera la pire cruauté ou l’amoralité (propre aux contes) des plus ordinaires ? Quelles Voix, en revanche, chanteront le salut ?

Capture d_écran 2018-03-20 à 15.13.24Photo TNS-Jean-Louis Fernandez

La mère,, le chasseur, le bois et le loup

MERE & FILLE : JEU DE DEVOTION ET DE DEVORATION

Fille et mère sont dévouées, d’ailleurs envers l’invisible grand-mère de convention qui habite de l’autre côté du bois urbain ; or, la mère attentive est une gourmande quadra mais frustrée, jouée goulûment par la truculente Emilie Incerti Formentini et, la Petite, une ado d’aujourd’hui, incarnée avec une belle et ténébreuse tonicité par Séphora Pondi, n’est plus une enfant. Les gros plans, filmés jusque dans le grain de peau, sur la relation mère/fille traitent avec le ton de l’allégorie et du conte féroce le lien qui peut devenir dévorant entre une mère qui aime sa fille et une Petite qui travaille à s’émanciper de la lignée maternelle pour apprendre la vie. La Petite en sortira meurtrie mais vengée comme une Passionaria.

LE BOIS A SON MOT SUR SES MAUX A DIRE

Capture d_écran 2018-03-19 à 12.21.22Emmanuelle Lafon – Un Bois normal et moche, Photo TNS/ Jean-Louis Fernandez

Le spectacle joue du point de vue féminin sur les fondations et les frondaisons : pendant que défile sur l’écran la cime des arbres filmés en négatif, mère et fille, solitaires quoique solidaires, se perdent dans le bois, le bois comble la mère qui s’y frotte, le bois craque sous le poids de l’urbanisation et du dédain pollueur des humains. Le loup n’est plus qu’un rocker looser dont le comédien guitariste Seb Martel fait vibrer le lamento, ; vieux faune et flore patientent et frissonnent dans leur pelage-feuillage qui déguise les corps des acteurs ; excellente interprétation du Bois par Emmanuelle Lafon, dans un jeu d’androgyne équilibriste troublant à souhait avec une mise en voix envoûtante et vibrante ; là, devant le sort pathétique d’un parc dégradé, d’un parcours-santé aux agrès délétères ou d’un petit bois de méchant amant (que le charisme de Raoul Fernandez fait paraître crescendo en chasseur pervers et cruel) vibre notre corde sensible : S.O.S ! Le chœur des belettes ! On découvrira de quel bois on se réchauffera dans la seconde salve du dénouement. Un passage qui prend aux tripes, jusqu’au sublime et ultime point d’orgue.

UN SPECTACLE-MANIFESTE

Dans cette vidéo-comédie féroce, marquée par la référence cinématographique à La nuit du chasseur (1955), le metteur en scène Benoît Bradel signe un « spectacle-manifeste » : « j’ai envie que ce spectacle soit une affirmation du croisement de ces arts et de l’aspect transgénérationnel qui m’est cher également. Outre le mélange de ces langages, la pièce aborde des thèmes qui ont toujours été au cœur de notre travail : l’émancipation, l’affirmation de la liberté. »

La création 2018 Au Bois, au TNS, s’inscrit dans une actualité brûlante et parvient à dire des vérités contemporaines sur l’état des bois de la planète, sur la faune qui y rôde, les prédateurs de tous poils et celui de la pire espèce, le civilisé chasseur, tout en faisant résonner le chant des partisanes, au nom d’une liberté vitale.

Pascale Harlez

 

 

ARGUMENT : Au Bois s’inspire très librement du Petit Chaperon rouge. Mais ici, la fille refuse d’aller voir la grand-mère parce qu’elle a mieux à faire. La mère rêve de rencontrer un loup charmant et se perd dans le bois. Le bois parle, craque, en a marre de la maltraitance humaine. Claudine Galea − auteure associée au TNS − part de la matière du conte pour nous questionner : de quel bois sommes-nous faits ? Quels fantasmes ? Quels cauchemars ? Quels désirs ? Le metteur en scène Benoît Bradel, associant acteurs et musiciens, s’empare avec appétit de cette matière d’insoumission, faite de colère, de chansons, d’humour, de révolte joyeuse.

Avec Raoul Fernandez Un Chasseur Émilie Incerti Formentini Une Mère Emmanuelle Lafon Un Bois Seb Martel Un Loup Séphora Pondi Une Petite

Avec la participation filmée de François Chattot Vincent Dissez* Norah Krief Dalila Khatir Annie Mercier Thalia Otmanetelba

Du mercredi 14 au mercredi 28 mars 2018 Horaires Tous les jours à 20h Le samedi 17 mars à 16h Relâche Dimanche 18 et dimanche 25 mars 2018 Séance spéciale | Audio-description Lundi 26 mars à 20h Salle Gignoux

Claudine Galea et Valérie Dréville sont artistes associées au TNS. Spectacle créé le 14 mars 2018 au Théâtre National de Strasbourg. Les décors et les costumes sont réalisés par les ateliers du TNS. Le texte est publié aux Éditions Espaces 34. Production Théâtre National de Strasbourg, Compagnie Zabraka Coproduction La Colline – Théâtre national, Scènes du Golfe – Vannes Avec le soutien de la MC2: Grenoble Zabraka est conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC de Bretagne, et subventionnée par le Conseil régional de Bretagne et le Conseil départemental du Morbihan.

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