Au Québec, Grand-mère se souvient et prévient !

Par Antoine Spohr

Je connais particulièrement le Canada où j’ai des attaches profondes et ne m’étonne donc pas.

Le texte de cette grand-mère pourrait être rédigé par des milliers de grand-mères dans tout l’occident judéo-chrétien. Evidemment, là aussi tout a changé mais pas de manière synchrone. C’est aussi un plaidoyer féministe et pour une laïcité férocement anticléricale.

Il frappe fort dans ce sens, trop pour de nombreux progressistes mais il fait le tour du Canada où on évoquait abondamment l’an dernier le dixième anniversaire de la parution du «  code de vie d’Hérouxville », sorte de Charte dépassant largement les Dix Commandements, avec des précisions excessives fustigeant l’Islam Radical.

Mais il s’agit avant tout d’un témoignage partial que nous publions sans adhésion formelle mais pour inviter les uns comme des autres à la réflexion. Il est publié dans le monde entier…. ? Mais lisez avec dans les yeux, des éclats de joie complices pour les uns ou des larmes de désapprobation coléreuse pour d’autres, puis nous vous dirons tout…

 On trouve cette présentation répétée exactement dans les mêmes termes sur les nombreuses diffusions sur les réseaux sociaux dont facebook.

Danielle Talbot communique :« Très beau texte, autant dans la rigueur historique que grammaticale….très belle réflexion…cela vaut la peine de lire
et de ne pas oublier…car la mémoire est une faculté qui oublie…
et transmettre aux générations suivantes.

Grand Mère Johanne Chayer.

Voici son texte qui est en train de faire le tour du Québec, et d’ailleurs, grâce à internet.
Le texte est intégral et n’a pas été retouché!

Capture d_écran 2018-01-09 à 16.02.11JE ME SOUVIENS….

 

Les griefs anciens et le poids de l’Eglise ( la réd)

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photo emprunté à  « l’étincelle »: religieuses?

« J’aurais voulu aller rencontrer ces femmes musulmanes à Hérouxville pour partager leur culture et leurs recettes, mais surtout pour profiter de l’occasion de leur expliquer notre devise « je me souviens. »

 Je me souviens que, dans mon jeune âge, nous ne pouvions pas entrer à l’église sans avoir un voile ou un chapeau sur la tête.

À cette époque, je me souviens aussi que c’était aussi un péché mortel de manger de la viande le vendredi.

Dans la même décennie, je me souviens que ma mère a été chassée de l’Église parce qu’après avoir mis au monde quatre enfants, elle ne voulait plus en avoir d’autres.

Je me souviens que pour cette raison, le pardon de ses fautes lui était refusé par l’Église à moins qu’elle ne laisse son corps à son mari, avec ou sans plaisir, au risque d’atteindre la douzaine.

Je me souviens qu’elle a refusé et qu’elle a quitté l’Église comme beaucoup d’autres femmes de sa génération.

Je me souviens que ma mère s’est ensuite séparée de mon père
et que nous sommes devenus la cible des regards et des commentaires désobligeants de notre paroisse.

Cependant je me souviens qu’à la suite de sa séparation, nous avons vu le collet romain sur la table de nuit.

Le prêtre voulait-il tester les moyens de contraception de l’heure ? Dans la même décennie, je me souviens que la cousine de ma mère a obtenu le divorce et qu’elle a reçu du même coup son excommunication de Rome.

 Je me souviens que quelques années à peine avant ma naissance, les femmes ont obtenu le droit de vote ( 1940 , au Québec, dernier état du Canada à en être doté, NDLR) et en même temps le droit d’être considérées comme des citoyennes à part entière dans la société.

Je me souviens que lorsque j’étais jeune, nous devions nous aussi, comme pour les religions musulmanes et autres, prier sept à huit fois par jour.

La messe à tous les matins, une prière avant le déjeuner, une prière en entrant en classe, une au diner sous le coup de l’Angélus, une autre avant la classe de l’après-midi, les grâces au souper, le chapelet en famille avec le Cardinal Léger et une dernière prière avant d’aller au lit.

Il y avait le mois de Marie, les Vêpres, etc… Nous avions aussi de longues périodes de jeûne avant Noël (l’Avant), avant Pâques (le Carême). Je n’ai pas dit non plus que nous devions porter le deuil durant un an et moins selon le degré de parenté de la personne décédée.

Je me souviens que, tour à tour, ma mère et ma belle-mère ont vu une opération urgente retardée en attendant que leur mari respectif, de qui elles étaient séparées de fait et non légalement, apposent leur signature pour autoriser leur intervention chirurgicale.

Devenue adulte, je me souviens que grâce aux pressions de la génération précédente, j’ai eu accès aux premiers moyens de contraception qui m’ont permis de restreindre le nombre de mes propres rejetons.

Je me souviens aussi qu’il n’était plus un péché de manger de la viande le vendredi. Je ne sais pas ce qui est arrivé à ceux qui sont allés en enfer. J’espère qu’on les a rapatriés.

Devenue adulte, je me souviens avoir travaillé dans des environnements traditionnellement réservés aux hommes. Je me souviens des frustrations de ne pas avoir été traitée au même titre que les hommes dans les entreprises et surtout dans la vie en général.

Je me souviens qu’après avoir eu un fils, je ne voulais plus d’autres enfants de peur que ce ne soit des filles, par solidarité et parce que le travail qui restait encore à faire pour atteindre l’égalité était énorme.

Je me souviens des efforts que beaucoup de femmes ont dû déployer pour se faire reconnaître et pour obtenir des postes administratifs de haut niveau.

Je me souviens du militantisme de beaucoup de femmes qui ont travaillé d’arrache-pied pour obtenir l’équité dans notre pays comme politicienne, au sein des chambres de commerce, des syndicats, du Conseil du statut de la femme, etc.

Je me souviens qu’il a fallu plus de cinquante ans d’efforts collectifs pour nous libérer de l’emprise de l’Église et de la religion sur nos vies.

Je me souviens qu’il a fallu plus de soixante ans (1940 à 2006) pour obtenir l’équité salariale et que ce n’est pas encore fini. Mes soixante ans font que je sais que rien n’est acquis dans la vie et qu’il faut maintenir voire redoubler nos efforts pour ne pas perdre le résultat de tous ces labeurs. »

 La peur d’un retour en arrière. (la réd)

« Je ne suis pas raciste, cependant, lorsque je vois d’autres ethnies, imprégnées par leur religion contrôlante, vouloir s’imposer dans notre société, j’ai peur. J’ai peur parce que ces hommes et ces femmes ne savent pas quel chemin nous avons parcouru. De plus, les jeunes québécoises qui embrassent cette religion qui voile les femmes ne se souviennent pas. C’est donc par ignorance qu’on explique leur choix.

Aucun animal dans la nature, à part l’homme, n’habille sa femelle par dessus la tête. Je suis maintenant une grand-mère de quatre merveilleuses petites filles et j’ai peur. J’ai peur lorsque je vois une femme voilée travailler dans un CPE ou dans nos écoles ou encore lorsqu’on y laisse un enfant porter le Kirpan. Nous nous sommes débarrassés de tous ces symboles religieux et voilà qu’ils reviennent à l’endroit même où l’éducation de notre nouvelle génération est cruciale et à la période à laquelle on doit inculquer les principes fondamentaux de vie en société à nos enfants.

La tolérance envers ces symboles religieux que sont le voile, le Kirpan, le turban dans les CPE( Centre de la petite enfance; NDLR), dans nos écoles et dans nos institutions en général est un manque de respect pour les générations précédentes qui ont travaillé si fort pour se retirer de l’emprise de la religion sur nos vies.

 Vous ne vous souvenez pas ! Moi, je me souviens et, à cet égard, je n’ai aucune tolérance et je ne veux aucun accommodement par respect pour ma mère, ma tante et pour mes petites filles.

Je me souviens que la charte des droits et libertés permet à chacun de pratiquer la religion de son choix, mais de grâce que cette religion demeure dans la famille. Le port du voile dans la religion musulmane est pour nous la démonstration la plus importante de la soumission de la femme et c’est cela qui nous fait peur et qui nous choque parce qu’on se souvient.

On se souvient que ce symbole existait il y a cinquante ans et on ne veut pas revenir en arrière.

Je me souviens surtout que lors de la Révolution tranquille, les communautés religieuses ont suivi tout naturellement l’évolution de notre société en se laïcisant. Elles ont troqué, sans qu’on le leur impose, leurs grandes robes noires et leurs voiles dans le cas des femmes pour des habits civils sans pour autant renier leur foi et sans cesser de prier. Plusieurs de ces personnes sont encore vivantes aujourd’hui. Doit-on leur dire qu’elles ont évolué à tort et qu’elles ont fait tous ces efforts pour tomber dans l’oubli ?

Que l’on prie Jésus, Mahomet ou Bouddha m’importe peu, mais nous nous sommes battus, québécois et québécoises, pour que notre société soit laïque.

Nous nous sommes battues, québécoises, pour obtenir l’égalité du droit de parole entre les hommes et les femmes autant que pour l’égalité des chances au travail.

Souvenez-vous que, si vous avez immigré au Canada et surtout au Québec, c’est pour faire partie d’une société ouverte qui vous donne sur un plateau d’argent tous les acquis que les générations précédentes ont obtenus particulièrement au chapitre des droits des femmes.

Je veux croire aussi que c’est par ignorance de nos traditions et de nos coutumes et non par manque de respect que les femmes musulmanes veulent montrer au grand jour voire imposer ce symbole de leur croyance qu’est le voile. Peut-être que notre société va trop loin avec ses libertés. Mais, le balancier doit s’arrêter au milieu et non régresser jusqu’au point de départ.
Il faut se souvenir. L’intégration à une société commence par le respect de ses traditions et de ses coutumes ainsi que par le respect envers ses citoyens et citoyennes qui ont participé à l’exercice. Peut-être que nos livres d’histoire ne se souviennent pas ou bien qu’ils n’ont simplement pas été mis à jour.

IMG_2218(Devant le Parlement d’Ottawa photo eurolatio.)

C’est donc la responsabilité du gouvernement d’appliquer notre devise « je me souviens » à notre Histoire et d’intégrer à cette Histoire les efforts de nos générations précédentes pour atteindre la société d’aujourd’hui et surtout de s’assurer que la génération montante s’en souvienne.

C’est aussi la responsabilité des organismes d’accueil aux immigrants de leur faire connaître cette devise du Québec « je me souviens » afin que ces nouveaux arrivants ne pensent pas que nous sommes racistes simplement parce que l’on s’en souvient et qu’on ne veut pas imposer à notre progéniture d’avoir à reprendre les mêmes débats qu’il y a cinquante ans.

En terminant, pour commenter le sondage du journal « La Presse » d’hier sur les musulmans heureux de vivre chez nous, je dis que même, et surtout si les femmes voilées que l’on retrouve dans les CPE ainsi qu’ailleurs dans nos institutions font partie de cette majorité heureuse de vivre en notre terre, alors cette majorité m’incommode pour tous les arguments que j’ai soulevés précédemment »

Auteure – Grand-mère Johanne Chayer »

 

Cette brave grand-mère n’existe sans doute pas. N’importe qui peut en être l’auteur, au début sur un quelconque réseau social puis par reprises en abîme par d’autres jusqu’à susciter une controverse sectaire puis politique. Est-ce le but recherché ? Oui vraisemblablement.

Justin Trudeau le premier ministre est accusé par les uns d’une tolérance outrancière d’un côté ( les Conservateurs) et du contraire de l’autre, par  les partis progressistes, dirions nous car il n’y a pas d’extremismes ni de droite ni de gauche si ce n’est disséminés discrètement dans tous les partis. Ces derniers trouvent que les traditions d’accueil et la franche bienveillante tolérance des Canadiens, reconnues de par le monde, ne doivent pas être mises en péril. Compliqué !

 Mais pour nous, ce qui blesse dans cette affaire c’est la manipulation des opinions. Sans que ce soit une «  fake news » de plus, puisqu’il n’y a pas d’événement mais un témoignage libre, visiblement excessif et faussement rapporté, on peut déceler une sournoise incitation masquée sans qu’on sache de qui elle émane réellement. Elle permet à d’autres sites, blogs, réactions sur les réseaux, de se réfugier dans l’ombre, derrière une « grandma », attachante parce qu’elle a beaucoup souffert et qu’elle veut que ces consœurs venues d’ailleurs ne souffrent pas de la même façon et surtout qu’elles ne propagent pas leurs modes de vie à travers un Canada apaisé et prospère. Quelle bravitude !

Le plus difficile à admettre c’est le tableau satanique du clergé catholique, le seul accusé en l’occurrence. Cette dame imaginée n’aurait guère que 70 ans aujourd’hui et nous décrit une société médiévale au sommet du pire des obscurantismes.

 Alors comment démêler le faux du vrai ? Nous avons fait des recherches avec Hoaxmaster ou Hoaxbuster et n’avons rien trouvé si ce n’est que sur certains sites sont accolés au nom de l’auteure ceux de André Audet et Pierre St.Laurent.

Nous avons trouvé aussi un site canadien très contestataire mais bien fait techniquement : L’étincelle@Jean.Lou Helstroffer (nous en avons tiré la photo des dames en noir)

Mais la meilleure protection contre les fake-news ou autres manipulations réside dans l’esprit critique et une information responsable et identifiée. Comme eurolatio. Non ?

AS

La fresque  murale qui figure le Canada dans le titre est l’oeuvre d’artistes inouïts ( esquimaux).(photo eurolatio)

 

 

 

 

 

 

 

 

2 réponses »

  1. Nous avons tous vécu ce que cette grand maman décrit si bien. Si ce long cheminement de 70 années est le fruit d’une extraordinaire évolution de l’humanité, il faut reconnaître aussi que l’Eglise Catholique a beaucoup  »évolué », en France en particulier, avec des églises quasiment vides, des vocations qui se raréfient et des prêtres qui se retrouvent en charge de dizaines de paroisses. Cette  »évolution » commence à entrainer la fermeture définitive de nombreuses églises transformées en loft, greniers à foin, mosquées ou tas de pierres.

    Il ne faudrait pas, pour des jeunes en quête de spiritualité, que ce vide soit comblé par des artifices, addictions, sectes – ou par l’Islam – ce qui, dès lors, pourrait nous faire regretter le temps béni du Maire, de l’Instituteur et du Curé ! Précipiter la disparition de Charybde au prétexte qu’elle vous a déformé, pour laisser un boulevard à Scylla, est-ce vraiment une bonne idée ?

    Quant à vouloir faire comprendre aux adeptes de Scylla qu’il leur faut mettre de l’eau dans leur vin, autant prêcher dans le désert, chère Mamie Chayer !

    • Comme je vous entends et comprends! Mais je ne suis pas aussi nostalgique des monstres mythologiques qui cette fois habiteraient sur les deux rives du ST.Laurent.
      Non, fustiger à fond l’Islam Radical est nécessaire et relativement facile PAR La LOI et son application réelle. C’est dès lors un choix politique à faire à temps.
      Pour autant la désertion des églises n’est pas due à ces poussées là, elle est due à l’horreur du vide que l’Eglise a créée en ne répondant pas à ses idéaux christiques et tant de choses que vous n’ignorez pas ( la grand mère imaginée
      en dénonce quelques unes d’indéniables).Vous le dites d’ailleurs.
      Boulaem Sansal l’auteur de 2084,me disait dans une ITV à la sortie de son livre, que ce que nous ne pouvions comprendre c’est que les « islamistes »les plus dangereux étaient…les convertis. Le vide? La grand’ma craint pour sa progéniture.
      Et puis, je sais que ma grand mère, ma mère même en France aurait pu dire la même chose de manière moins caricaturale mais concentrée, moins excessive et délibérée.Il est vrai que l’islam ne se montrait qu’à peine.
      Moi, je crois que le Canada arrivera à poursuivre son destin paisiblement s’il garde une vigilance sérieuse,appliquée, ferme sur les  » fondamentaux ».
      Je me sens un peu canadien moi-même et ,vous lisant, vous invite volontiers à participer librement à notre journal que je dirige.Merci
      Antoine

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