Conseil de l'Europe

Avec la Tchéquie, la Mitteleuropa s’impose en acteur de premier rôle.

Sur la grande scène du Conseil de l’Europe à Strasbourg, la République Tchèque qui reste le nom officiel de ce petit pays (population et superficie représentent l’une comme l’autre, environ 15% de la France) a tenu un rôle primordial dès l’ouverture du 4° volet de la session 2017 de l’APCE (Assemblée Parlementaire du Conseil de L’Europe) .

 

Le Comité des Ministres, instance de décision.

 

Capture d_écran 2017-10-12 à 14.11.57Le compte rendu ou la reddition de comptes de M.Lubomir ZAORALEK ministre des affaires étrangères, président durant six mois du Comité des Ministres clôt le mandat tchèque en fin de mois pour laisser la place au Danemark.

Le dernier discours dresse donc un bilan de son action et l’état des lieux. On en retiendra quelques traits saillants.

Ainsi les députés des pays qui n’ont pas encore ratifié La Convention pour la prévention du terrorisme sont invités à pousser leurs gouvernements respectifs à le faire. Même incitation pour la signature puis la ratification de la Convention sur les infractions visant les biens culturels.

La situation en Turquie inquiète le Comité bien qu’il ait obtenu au printemps dernier du ministre turc de la justice M.Bozdag la création, en Turquie, d’une Commission d’examen des mesures prises depuis l’ « état d’urgence ». Patience comme pour le sort du lauréat du prix Vaclav Havel dont nous a parlé notre collaboratrice Gervaise Thirion hier.

En moins pervers mais tout aussi grave, on rappelle à l’Ukraine et implicitement à la Fédération de Russie dont les représentants sont toujours absents, que les accords de Minsk, dans leur dernière version, doivent être respectés. On en est loin… très loin.

Les Russes ( Poutine) suspendent leur contribution au budget ( 10%) en raison des sanctions prises à leur encontre après « l’annexion » de la Crimée. On va encore débattre et pourquoi pas les laisser bouder tout en leur rappelant que « cette contribution est une obligation inconditionnelle ».

Le cas Mammadov toujours emprisonné en Azerbaïdjan, trois ans après l’arrêt de la Cour prescrivant sa libération, est révoltant. On menace de procédures…

Rien à dire de disgracieux à l’encontre de ce rapport sérieusement travaillé.

Au pays de Kafka et de Kundera on attend tout de même un petit couac, une méprise. Elle ne tarde pas le lendemain avec l’intervention insolite du président de la république élu en 2013, le régime étant celui d’une démocratie parlementaire.

Surprenant, atypique président Milos Zeman

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Entre en scène alors un responsable politique d’une superbe presque méprisante habillée de bonhomie, le président, colosse de 73 ans qui n’a pas dû suivre les débats de la veille menés par le ministre ZAORALEK, son compatriote, le rôle de président étant plutôt honorifique .

D’emblée, il rappelle qu’il a déjà prononcé « un excellent discours »( sic) il y a 18 ans et qu’il compte bien revenir en 2035. On se souvient dans les archives qu’il s’était alors montré plus que ravi de l’intégration de son pays dans le périmètre des Institutions Européennes (Conseil de l’Europe en 1993 et… l’UE en 2004). Puis sans aucune question, il choisit de parler de la Russie. Ayant précisé qu’il ne travaille pas si rapidement que les jeunes mais que« mon expérience est ma richesse ».

Bille en tête il démontre que les sanctions ne servent à rien, qu’au contraire elles sont contreproductives tout en affirmant «  ne faites pas d’erreur. Je ne veux en rien dire que les sanctions ne sont pas justifiées, ce que je remets en question c’est leur efficacité » Et d’évoquer le cas de Fidel Castro…. « Ni boycotts, embargos, sanctions…n’ont nui à sa longévité politique ». «  Le Brexit est typique d’une stratégie perdant-perdant ». «  L’expérience d’un régime totalitaire : les Soviétiques craignaient les différences idéologiques… rideau de fer » « Veut-on la même chose aujourd’hui pour la Russie que nous considérons pas comme une démocratie, tout au plus comme une semi-démocratie ? Le mythe de la forteresse assiégée fonctionne et la popularité de Poutine est à 80 % » et encore quelques idées de la même eau.

En réponse à une question d’un parlementaire sur la Crimée, il s’exprime cette fois à titre personnel : « le versement d’indemnités, financières ou sous forme de livraisons de pétrole et de gaz …pourraient être envisagé en dédommagement de l’annexion de la Crimée » .

Ben voilà ! On ne s’étonnera pas si il est en conflit ouvert avec la président du Gouvernement et qu’il considère Vaclav Havel comme « le symbole de la morale politique…qui ne l’emporte que rarement sur la Realpolitik ».

Il avait conclu en souhaitant que les efforts soient couronnés de succès et «  si vous avez des ennemis, je ne vous souhaite que des ennemis peu intelligents. »

On est rassuré !

Antoine Spohr

Courrier International avait ainsi titré un article en mai 2014 :

2 réponses »

  1. A la question concernant la photo de Une : ce n’est pas l’hémicycle bien sûr mais la salle du Conseil des Ministres. Comptez: 47 ministres et autant de délégués permanents, les assistants et conseillers et vous verrez la salle bien remplie.

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