Conseil de l'Europe

Le Prix Vaclav Havel 2017 . Une icône des Droits de l’Homme célébrée à Strasbourg.

Gervaise.thirion.eurolatio@gmail.com 

Selon un communiqué de presse du Conseil de l’Europe, le jury du Prix des droits de l’homme Vaclav Havel s’était réuni le 29 août, à Prague, pour choisir, parmi les candidatures reçues, les trois nominés pour l’édition 2017.

Les candidats présélectionnés sont (par ordre alphabétique) :

  • Murat Arslan (Turquie)

Ce candidat, en détention depuis 2016, est un juge de renom. Il a présidé l’Association turque des juges et procureurs (YARSAV), maintenant dissoute, et a toujours défendu l’indépendance de la magistrature.

  • Le Comité Helsinki de Hongrie

Cette organisation non-gouvernementale de défense des droits de l’homme, fondée en 1989 et basée à Budapest, mène toute une série d’activités dans le domaine des droits de l’homme, en s’intéressant plus particulièrement à l’accès à la justice et aux droits des demandeurs d’asile, des réfugiés et des apatrides.

  • Le père Georg Sporschill (Autriche)

Ce jésuite a consacré sa vie aux plus vulnérables, notamment aux enfants. Il a fondé une association (Elijah) qui met en œuvre de nombreux projets en Autriche, en Bulgarie, en République de Moldova et en Roumanie.

Le nom du lauréat de ce Prix, qui récompense des personnes ou des organisations considérées comme ayant mené des actions exceptionnelles de défense des droits de l’homme, sera annoncé à l’ouverture de la partie de session d’automne de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), le 9 octobre à Strasbourg.

 » Ce prix est décerné en l’honneur de tous ceux qui se lèvent pour défendre la dignité humaine et les libertés fondamentales, qui s’élèvent contre les violations des normes démocratiques et qui ne ménagent aucun effort pour aider ceux dont les droits sont violés » (Anne Brasseur présidente de l’APCE de janvier 2014 à Janvier 2016)

On peut faire son propre choix…sommairement !

Le Prix des Droits de l’Homme Vaclav Havel.

Après la mort de Vaclav Havel en 2011, le Prix fut créé à Prague, en sa mémoire, le 25 mars 2013. Il est décerné chaque année par l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), en partenariat avec la Bibliothèque Vaclav Havel et la Fondation Charte 77, avec le soutien du gouvernement tchèque. Le lauréat reçoit une somme de 60 000 euros, un trophée et un diplôme.

En 2016, le jury avait élu Nadia Murad, militante yazidie (minorité religieuse kurde, Irak). La jeune femme, enlevée par Daech à l’âge de 21 ans, avait réussi à s’enfuir et à gagner l’Allemagne. Depuis, elle est devenue porte-parole de la population yazidie et militante des Droits l’Homme contre l’esclavage sexuel et la traite des femmes et des enfants capturés par Daech. Ambassadrice de bonne volonté des Nations Unies, elle a reçu également le Prix Sakharov du Parlement européen.

Ses prédécesseurs dans l’attribution du prix sont Ales Bialiatski (2013, Bélarus) Anar Mammadli (2014, Azerbaïdjan) Ludmilla Alexeeva (2015, Russie)

Des vigies qui, toutes menacées dans leur propre pays, ont mis leur vie en péril pour défendre un idéal démocratique… Vaclav Havel fut l’une d’entre elles.

Se souvenir de Vaclav Havel, le Président-Philosophe.

Les jeunes générations savent-elles qui était Vaclav Havel ? Si elles ont lu ce nom au fronton d’un lycée ou d’une médiathèque, que connaissent-elles de cette figure emblématique de la résistance à l’oppression, de la lutte pour la démocratie, de son rôle essentiel dans la réunification de l’Europe?

Né à Prague en 1936, il a eu l’infortune de vivre  en direct cette triste période dite de  » guerre froide » où les Etats d’Europe de l’Est étaient maintenus sous le joug soviétique. Dès 1948, avec l’arrivée au pouvoir des communistes en Tchécoslovaquie, il en a subi les violences et s’est toujours senti concerné par les évènements qui ont marqué  l’histoire de son pays : Le « coup de Prague », le « socialisme à visage humain », le « printemps de Prague », la « normalisation ».

Doté d’une haute conscience morale et poussé par l’intime conviction que « L’amour et la vérité doivent triompher de la haine et du mensonge« , il s’est impliqué, dès l’adolescence, dans le combat contre le totalitarisme. Ses actions, ses écrits, ses années d’emprisonnement ont fait de lui  une icône de la dissidence et de la défense des libertés. Il fut le grand artisan de la « révolution de velours » l’un des faits majeurs à l’origine de l’effondrement du régime communiste (1989), ce qui l’a mené, bien malgré lui, au poste de Président de la République. Car, fait remarquable, Vaclav Havel n’était pas un homme politique, mais un immense intellectuel, écrivain talentueux qui rêvait de se  consacrer avant tout au théâtre et à la littérature.

V.H

Il est difficile de résumer une vie aussi intense en quelques lignes. Il faut lire sa biographie qui est encore tellement d’actualité. Il faut lire aussi ses textes. A mettre impérativement entre toutes les mains !

Le 40ème anniversaire de la Charte 77.

A l’origine, il y a eu la Conférence des droits de l’homme d’Helsinki (1975) dont les accords avaient été signés par les Etats de l’Europe de l’Est. Signés, oui, mais pas appliqués. Evidemment, Moscou assure l’orthodoxie du régime à l’Est.

La même année, Vaclav Havel adressait une lettre ouverte au président Gustav Husak qui lui valut d’être remarqué par la communauté internationale.

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En 1977, une poignée d’intellectuels lançait une pétition publique pour exhorter le  gouvernement tchécoslovaque à respecter ses engagements. Vaclav Havel en était l’un des auteurs. Il devint, avec le célèbre philosophe Jan Patocka, l’un des principaux porte parole de cette organisation de défense des droits de l’homme nouvellement créée : la Charte 77.

Le texte dénonçait la surveillance policière et réclamait le respect des libertés fondamentales, d’expression, d’association, de culte, de circulation…  Il appelait surtout à un dialogue constructif entre les autorités et la population. Les 242 signataires furent sévèrement réprimés et souvent emprisonnés. Mais cet appel à la démocratie avait eu un grand retentissement international. Il reçut de nombreux soutiens venant de l’étranger… Le processus était enclenché, le « Bloc de l’Est » allait s’effondrer.

La Charte 77 est un exemple flagrant et encourageant des victoires que la société civile est capable de remporter face aux régimes dictatoriaux. A condition d’y mettre une bonne dose de courage

Strasbourg rend hommage à Vaclav Havel.  

Ce 40ème anniversaire coïncide avec la Présidence de la République Tchèque au Comité des Ministres du Conseil de l’Europe (mai à novembre 2017).

A cette occasion, plusieurs manifestations sont prévues en octobre au Lieu d’Europe (8 rue Boecklin, Strasbourg) pour mieux connaître le personnage historique et aussi l’écrivain et dramaturge qu’était Vaclav Havel

Au programme : Une lecture musicale d’extraits des « Lettres à Olga »(17/10), une représentation théâtrale des pièces « Audience » et « Pétition« (22/10) et une exposition « La politique et la conscience » (14 au 23/10)

« On pourrait vivre mieux sur terre si l’on osait de temps en temps lever les yeux vers les étoiles » (V. Havel, APCE, 10 mai1990).

Gervaise Thirion.

 

2 réponses »

  1. Cette immense figure mérite une attention particulière. Pensez : poète, écrivain, artiste et POLITIQUE avisé et courageux. Ces hommes là nous font en effet » « lever les yeux » .

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