Feydeau, Offenbach , Goethals et « Paris à la Campagne »
Au revoir Vincent Goethals et à bientôt.
On n’oubliera pas votre libre arrangement de « la Dame de chez Maxim, » bien ficelé, rutilant, étourdissant, visiblement confectionné dans la joie avec des ingrédients de haute qualité. On devrait dire désormais que cette version là, celle de Goethals à Bussang en 2017, est la bonne, la meilleure, la définitive. Presque ?
Feydeau et Offenbach sont à la fête, une de ces fêtes à la Breughel qu’ils ont du beaucoup apprécier. Si, si… c’est sûr !
Plutôt vaudeville, mâtiné d’opérette ou théâtre de boulevard empreint de comique troupier ou encore pantomime parfois ici et acrobatie de cirque là ? Plus contemporain : une succession de sketches habilement liés dans un intrigue délicieusement complexe ? Tout cela y est pour qu’on se permette l’audace du recours à un néologisme comme… « Goethalsien » ou « Patchwork HD ».
Pour une scène nationale, classée monument historique depuis 1976, vous êtes vraiment gonflé monsieur le directeur, avec ce style « popu ». Pourriez vous présenter cette version à Paris ? Certes, on y trouve aussi suffisamment de petites gens à côté des gens du monde de chez Maxim mais on n’y rirait peut-être qu’en sourdine grimaçante, pas comme au temps de Molière où le bon peuple se tordait debout. Faut dire que votre public du Théâtre du Peuple est d’une grâce singulière, au sens presque religieux, grâce au bon air des Vosges et des environs du Grand Est. Surtout grâce à un penchant pour une saine rigolade compatible avec une sérieuse simplicité, respectueuse. On repère aussi de brillants intellos…. Eh oui et en plus, ils sont contents!
Complexe ? Comme la pièce alors !
« Humour et gaudriole » promettait Sabine Lesur dans Vosges Matin.
Promesse tenue grâce à de prodigieux artistes.
Au cœur de l’équipe, des comédiens « complets », façon « Broadway », qui restent justes dans un embrouillamini inextricable.
Pris dans des situations abracadabrantesques les personnages ne sont pas toujours cohérents ce qui requiert une finesse d’interprétation rare.
Le Dr Petybon, (Fréderic Cherboeuf) dont les frasques sont à l’origine d’un drame inutilement attendu, est admirable. Coupable de tromperie de bourgeois arrivé et lassé des bondieuseries de son épouse, c’est en toute innocence qu’il prétend se tirer d’un mauvais pas après un cuite géante et amnésiante. Acrobaties physiques et mentales ornées par des airs d’opérette. Bravo le clown piégé !
Le cœur et le corps sur lequel s’appuie l’ensemble est sans conteste Valérie Dablemont, « la môme crevette », petit bout de femme d’un talent incroyable et multiple : comédienne chevronnée dans tous les registres, vitalité époustouflante, gouaille de parigote, grâce de danseuse et performances de « Moulin Rouge » avec french-cancan complet, voix belle et juste…Bref à croquer , la crevette ! Le général Petybon ( exceptionnel Marc Schapira), oncle du médecin bringueur, profitera tout bonnement de quiproquos successifs pour embarquer la belle en toute bonne foi vers son fief en Touraine.
En perspective une Madame Sans-Gêne au Château en Touraine que la mise en scène donne à deviner bucolique . En effet, l’ouverture incomparable de la scène sur la nature où un temple d’amour est implanté dans le parc pour accueillir les musiciens, l’évoque. Magique, à chaque fois !
Malheureusement, c’est fini pour la « pièce principale » cette année et tant pis pour ceux qui ont raté cette occasion de renforcer leurs zygomatiques mais aussi de retrouver un bon moment de fraîcheur sans autre prétention que celles-là.
Alors?
Après les salves d’applaudissements, il est indispensable que le travail de tout cette ardente équipe, ( ils sont tous bons parce qu’ils se sont investis à fond) qui va bien au-delà au service du théâtre, des arts en général soit soutenu par un large public et les aides institutionnelles et privées.
Informez vous cela vaut le peine :
http://www.theatredupeuple.com/le-theatre-du-peuple
Une petite déception : bien avant la fin des « Estivales « , plus un coussin 2017 .De nombreux » fidèles » les collectionnent. On a vu des larmes… peut-être un reste des rires…
On sait : Hautes Etudes d’Art Dramatique c’est pas HEC mais , quand même…..
Antoine Spohr
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