Française

Nuit du 4 Août fin d’une verticalité absolue.

Réflexion parallèle.

Aujourd’hui, après mai 2017.

L’illustration est mystérieuse complexe comme le sujet

C’était il y a 228 ans, nuit pour nuit. L’illustration graphique serait plus facile par une pyramide hiérarchique très élargie à la base mais comportant trois strates, trois ordres (la noblesse emperruquée et sa pointe royale, le clergé et ses ministres du culte encalottés et omniprésents, le tiers-état, tous les autres non privilégiés s’étendant des grands bourgeois riches aux gueux les plus démunis. En raccourci : le pouvoir politique, issu du droit divin que perpétue l’Eglise et le peuple ou la plèbe, grande masse disparate en fortune et en culture. On abolit tout çà (les privilèges)…partiellement, hâtivement mais c’est fait.

Cela n’a pris qu’une vingtaine de jours après le 14 juillet sous la menace des campagnes ( La Grande Peur) mais quelques mois avant l’application des mesures implicites, à l’ automne.La verticalité n’a pas disparu mais l’horizontalité est apparue privilégiant une nouvelle classe sur le plan économique, les bourgeois.

 

Verticalité, horizontalité, transversalité…Le nouveau vocabulaire

On saisira la métaphore ou la comparaison géométrique après quelques explications sémantiques qui en préciseront le sens.

La verticalité concerne les pouvoirs souvent hiérarchisés d’organismes institutionnels tels que les rois ou monarques, gouvernements, les partis politiques, les assemblées nationales ou parlements, les Grands Corps Constitués, les syndicats… et dans le privé, les organigrammes des sociétés, les très grandes comme les PME.

L’horizontalité concerne la base de ce triangle isocèle c’est à dire les citoyens organisés en associations ou sociétés diverses ou même solitaires, tous ceux qui en démocratie, deviennent électeurs ou votants, s’ils le veulent bien, qu’ils appartiennent à la gauche, à la droite, aux extrêmes ou au centre. Sous la Révolution dans l’assemblée législative (1791), on trouvait même la montagne, la plaine ou le marais. Encore une métaphore spatiale dans la salle du Manège .

Alors, les groupes d’individus ou les individus peuvent-ils appartenir à la fois à la verticalité et à l’horizontalité ? Bien sûr que oui : cela dépend du point de vue où l’observateur se place. Intervient alors une sorte de transversalité dans chacun des états. Le mouvement «Nuit Debout» ou les «Zèbres de la République» d’Alexandre Jardin en ont été ou sont encore les exemples les plus récents avec une finalité ni bien connue ni bien comprise. Il en existe des centaines d’autres souvent hybrides d’ailleurs et dont l’une, gigantesque, est parvenue à détenir légitimement et légalement le pouvoir politique.

Alors qu’en était-il après la nuit de 4 août 1789. Rien de la vision que nous avons aujourd’hui, allons disons le, de la Nation Française mais une révolution dont le premier acquis a été chute de la féodalité ( la chaîne de la vassalité jusqu’au suzerain ultime) .

Plus de privilèges dues à l’appartenance à un ordre mais pas de réorganisation fondamentale de la société. Les vrais changements nécessiteront le recours parfois à la violence ( La Terreur). Aujourd’hui nous vivons en démocratie et « les hommes ( et les femmes, en Occident surtout) naissent libres et demeurent égaux en droit » Déclaration des droits de l’homme du 26 août 1789, trois semaines après la nuit que nous évoquions. On légifère dru !

 

La France sous le président Macron ( mai 2017) .

 

Nous sommes aujourd’hui dans une transversalité évidente répondant à un souhait pas toujours très clair de changement face à un dispositif politique usé, parfois corrompu ou menaçant les grands équilibres. Les partis de gouvernement étaient discrédités, impuissants dans la pratique d’une alternance stérile (opposition systématique) à faire de vraies réformes. La responsabilité des hommes, des individus engoncés dans des toges éculées, trop longtemps portées avec trop de désinvolture, est évidente.

La confrontation des idéologies tout aussi systématique que celle des partis s’est estompée avec la fin de la guerre froide. Les religions sont boudées sauf…l’une d’elle ( l’Islam) qui, faute d’ancrage solide et assez ancien, est débordée par ses intégristes que les autres connaissent aussi mais sont en mesure de mieux contrôler.

Une crise morale frappe une société désemparée. Les « chefs » (verticaux) sont contestés, certaines organisations en principe « horizontales » comme les syndicats sont souvent arcboutées sur un conservatisme aveugle.

 Et Macron est arrivé…éé… !

Dans ce contexte un homme neuf jaillissant de la nuit presque ex nihilo d’un Olympe oublié, talentueux, séduisant, a priori modéré mais ferme, réunit la majorité requise, dans les urnes mais pas toujours sous adhésion irrévocable. Un président transversal, érigé rapidement en icône. Ses thuriféraires, souvent compagnons de la première heure, courtisans parfois avisés mais réclamant aussi des droits de primogéniture dans le premier cercle par rapport à tous ces adeptes, adhérents ( 370 000), un peu bouseux tout de même.

De leur ordinateur, ces derniers peuvent néanmoins approuver par un vote électronique les statuts qu’ils n’ont pas contribué à rédiger. Ils pourront aussi si Paris les y autorise, dans leur cellule de base, contrôlée par un «  référent » désigné, ils pourront faire connaître et expliquer aux électeurs la « politique menée ».

Certains « marcheurs » sont déçus mais pas encore frondeurs. Ils ne sont pas les seuls dans le pays à souhaiter que çà marche sans que la pointe verticale et ses piquants en annexe soient dressés de la capitale vers une province soumise.

Les sondages dont l’opportunité est contestable à deux mois de l’élection, tant sur le fond que sur la forme prématurée font état d’une chute de popularité de 10%.

A qui cela profite-t-il ? Sûrement pas aux partis en pleine reconstitution qui doivent rester crédibles même dans l’opposition. La démocratie en a besoin. Les Français la veulent sans autoritarisme et sans  centralisme excessif et multipartite dans le respect

« Nuit du 4 août » ? On l’a oubliée. Elle mérite ce rappel et cette réflexion à défaut de commémoration.

 

 

Antoine Spohr

 

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