Une réplique du séisme macronien à Strasbourg.

Trois ou quatre groupes pour faire une majorité municipale. A Paris un seul suffit à la République.

Quand on écrira avec un recul un tant soit peu sincère et fondé, une page de ce dernier épisode de notre Histoire politique, on pourra parler d’un séisme dans l’Hexagone au printemps 2017. Les répliques se font sentir et menacent encore le retour au calme dans la résignation. L’exemple de Strasbourg est significatif et particulier.

Pas de révolution mais l’explosion d’une bordure de plaque tectonique, lézardée depuis belle lurette et qui envoie en éclats ses constituants, installés en partis de pouvoir traditionnels, en raccourci le PS et Les Républicains et leurs acolytes respectifs.

A Strasbourg pas de déconstruction immédiate mais tout de même une tendance à revoir la copie de 2014 (dernières municipales)

Le vide appelle une reconstitution, une refondation, une reconstruction, une réinitialisation (reset), indispensables pour demeurer. Cela concerne d’abord l’épicentre parisien qui rayonne.

Pour répondre à cette aspiration, à cette immédiate nécessité, apparaît un certain Emmanuel Macron. Avec un talent indéniable, « le fort en thème », avec une audace prodigieuse, saisit cette opportunité, sans parti, tout juste avec un mouvement de quelques centaines d’adeptes. On a osé parler de complot téléguidé par l’Elysée, à bout de souffle et condamné. Fadaise : le président et même ses pires conseillers n’ont jamais eu cette inspiration ni les moyens d’une manœuvre aussi machiavélique.

A Strasbourg rien de tout ça. Pas de vide. On est dans un premier temps curieux et résigné puis le foyer central ne cessant de s’agiter, on est contaminé. Les structures territoriales sont bien en place. A l’Eurométropole l’exécutif est déjà multipartite sans renoncement à l’identité. Pas d’oppositions féroces ailleurs.

Le trou béant, de plus en plus profond.

C’est l’échec patent du quinquennat.

Le parti socialiste a été discrédité par les épisodes Strauss-Kahn, Cahuzac…

Le président n’a pas respecté ses engagements, gouverné et vécu avec désinvolture et, cerise sur le gâteau, s’est confié à des journalistes peu scrupuleux, l’affichage de sa personne l’emportant sur la plus élémentaire prudence, indispensable pour un chef d’Etat, job pour lequel il n’est visiblement pas fait.

On sait que, Premier Secrétaire du PS pendant 11ans (1997 à 2008) il n’a pas particulièrement brillé et a accepté les dissensions de certains éléphants lors du referendum sur la Constitution Européenne (2005) sans les résoudre. Pas plus qu’il n’a su éviter ou éliminer ou encore refroidir dans l’œuf la fronde de ceux qui finalement l’ont emporté (lui-même et le 1° ministre Valls).

Il faut cependant reconnaître que la conjoncture économique et partant sociale et le terrorisme n’ont pas contribué à les sauver.

Le boulevard de l’alternance s’ouvrait donc par défaut devant la droite qui durant tout le quinquennat faisait flèche de tout bois contre le pouvoir de « Flambi » et de ses sbires.

A Strasbourg, bien entendu, on n’ignore rien de la situation mais la municipalité attentive est sereine, malgré quelques incidents (des démissions) qui ont secoué passagèrement le microcosme sans laisser de traces indélébiles. Mais l’intérêt pour Macron s’insinue d’abord comme hypothèse improbable puis innovante et peut-être un palliatif à la défaite de la gauche qui s’annonce. Une solution ?

Très tôt deux maires-adjointes (Christel Kohler et Nawel Rafik-Elmrini) et pas les moindres, rejoignent « En Marche ». Elles sont suivies après les primaires par un autre adjoint de poids (Olivier Bitz)  et d’autres… Le maire n’est pas en cause et, comme il affirme être un ami de Macron, il reste socialiste et laisse faire. Le programme des municipales de 2014 reste le lien indéfectible.

Le péché de Fillon, mortel pour la Droite.

 (relire notre article du 3avril) :

https://eurolatio.org/2017/03/04/pour-francois-fillon-misericorde/

Dès lors, plus rien ne semblait pouvoir entraver la chevauchée de François Fillon vers l’Elysée, sur son fier coursier blanc. Si ce n’est que le parcours plat s’est transformé en steeple-chase, les obstacles s’accumulant et le cheval se mettant à boiter et à perdre de sa candeur. Ce périple fut fatal au-delà de l’échec devenu dès lors prévisible puis probable et enfin certain.

L’obstination orgueilleuse et méprisante du vainqueur adoubé par une primaire pour le moins surprenante, devint bientôt insupportable pour un grand nombre d’électeurs ou de dirigeants de droite et favorisa les divisions. On peut parler de péché pour le chrétien qui s’est même déclaré catholique et donc investi mystérieusement pour faire régner les lois de la justice, de la solidarité et de la probité. Honte et malheur aux pécheurs ! Comme prévu la sanction fut amère et le prétendu preux chevalier blanc fut désarçonné au dernier obstacle à sauter. Avec lui ses thuriféraires, nombre de ses amis même les plus sceptiques furent parfois injustement rejetés ou mis sur la touche. « Mit gefangen, mit gehangen » (Pris avec, pendu avec, littéralement).

A Strasbourg, la droite est muette et feint l’unité. La sénatrice Fabienne Keller donne cependant des signes de désaccord en prônant le retrait de Fillon et son remplacement… « Fillon, grand coupable » ? Il le reconnaît aujourd’hui. Mais le sait-on avec certitude ? Non, car on avait aussi sous-estimé la pugnacité de bon aloi de Macron, élu président et la qualité de ses bases locales.

Le député Bruno Studer.IMG_1207 Ainsi,un jeune professeur , Bruno Studer a été le référent des marcheurs dans le Bas-Rhin. Il a été Brillamment élu député mais saura-t-il  rassurer ceux qui craignent « qu’un quarteron d’adjoints mène une OPA sur le mouvement  EN Marche »?

 Enfin Macron vint ! (plagiat, pédant mais irrésistible, de Boileau pour saluer Malherbe en 1674)

Et la France trembla mais se rassura en élisant un homme nouveau et une Assemblée Nationale hors des normes historiques ou de la culture politique de la République ! Avec une majorité absolue, pour l’heure aucun compromis n’est nécessaire. On verra.

A Strasbourg, d’aucuns craignent que l’unité apparente n’éclate et qu’il faille en venir à des compromis difficiles.

En effet six poids lourds du Conseil municipal ont formé ces jours-ci un groupe «  En Marche » (la photo) On y trouve à côté du premier adjoint Alain Fontanel, Olivier Bitz, adjoint chargé des Finances, Nawel Rafik-Elmrini adjointe aux affaires internationales, Christel Kohler adjointe à l’environnement, les conseillères Michèle Seiler et Laurence Vaton (Modem/EM) qui, de son côté veut néanmoins rester dans l’opposition municipale. Les cinq autres se veulent fondateurs et appellent au ralliement. Que feront des gens comme Chantal Cutajar, jadis « société civile » chez Mme Keller puis candidate Modem aux Législatives, aujourd’hui adjointe issue de la liste Ries et pourquoi pas macron-compatible . Vraiment compliqué.

Pour se mettre à l’abri, le maire Roland Ries quitte le groupe socialiste sans quitter le parti et veut même trouver à recaser Philippe Bies, le député sortant battu. Compliqué encore. Si ce n’est que tous font allégeance au 1° magistrat au nom du respect du programme qui les lie depuis 2014.

Nous éviterons une prospective hardie qui circule pourtant et selon laquelle toutes « ces  manœuvres » ne seraient en réalité que des préparations aux futures élections, municipales et autres. En 2019 auront lieu les «  européennes » où on verrait bien une candidate naturelle EM, expérimentée et issue du groupe des premiers marcheurs.

En 2020 aux municipales, on ne peut imaginer que le 1° adjoint ne soit pas une tête de liste etc…Pure imagination car, prudence et circonspection, nous avons vu tant de rebondissements ces derniers mois et pas seulement en France.

Antoine Spohr.

 

 

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2 réponses »

  1. Attention cher Antoine,

    Tous ces gens ont choisi la « profession politique » du Fontanel au Bitz (fonctionnaire du ministère de la justice pour la prison de Mulhouse une des pires de France), qu’ils aillent aux diables. Gloser sur leur devenir est vain il faut les éradiquer pour « fauxcultrie démocratique ». Haro sur ces petites frappes locales. Qu’ils reprennent leur activités initiales. Tout ce théâtre municipal me provoque un urticaire démocratique. Quelques fonctionnaires probes (ça doit doit encore exister) feraient tout aussi bien et pour moins cher.
    Guata Owa

    • Ta réaction cher Alain m’étonne à peine et eurolatio est là pour la diffuser librement. Je suis moins sévère que toi mais n’ignore pas pour autant les carences de la nature humaine pas plus que ses bons côtés. Haro sur les fonctionnaires?
      Ils ne sont ni pires ni meilleurs que les autres, même quand ils font de la politique. Chacun a ses expériences.

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