Conseil de l'Europe

La triple peine pour les femmes et les filles réfugiées

Le projet de résolution pour « Protéger les femmes et les filles réfugiées de la violence fondée sur le genre » a été voté à la quasi-unanimité par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.

Félicitations, pour son remarquable rapport, à Mme Gisela Wurm, de la Commission sur l’égalité et la non-discrimination!

Mme Petra De Sutter a émis l’avis approbatif de la commission des migrations, des réfugiés et des personnes déplacées.

Succès total. Le résultat d’un travail acharné, de longue haleine (non fictif, celui-là)

Pendant deux années d’enquête, Mme Wurm a pu rencontrer et questionner les acteurs directement concernés : Arne Treves, du Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) des Nations Unies, Dr Richard Matis, (« Gynécologie sans frontières »), Michael Blum, à la tête du projet des quotas spéciaux dans le Bade-Wurtemberg. Elle a recueilli de nombreux témoignages auprès d’ONG (Amnesty international, Médecins Sans Frontières…) et de réfugiées rescapées de Daech, de la guerre ou de violences domestiques.

Des déplacements ont été effectués, en Allemagne, en Suède, deux pays particulièrement confrontés à une forte immigration. La situation en Grèce, Turquie, Italie et les conséquences de fermetures de frontières ont été examinées avec soin.

Cet excellent travail sur le terrain permet d’établir un état de la situation, loin des faux débats politiques ou populistes sur la « gestion » des réfugiés ou de la crise migratoire qui tendent à faire oublier que derrière les chiffres, il ya des tragédies humaines.

Un constat de base, complètement occulté.

Depuis 2015, plus d’un million de demandeurs d’asile sont venus dans les Etats membres du Conseil de l’Europe dans l’espoir d’y trouver une protection et de voir leurs enfants grandir en paix. Or, un sujet est largement sous-estimé, sous-évalué, car trop peu connu : celui des Femmes et des Filles qui sont de plus en plus nombreuses à devoir fuir leur pays pour assurer leur survie et celle de leur famille.. Il est impératif de prendre en compte le problème très spécifique de leur vulnérabilité liée au genre et de mettre en oeuvre une protection particulière.

« Dans leurs pays d’origine, pendant leur voyage, dans les pays de transit et de destination, de nombreuses femmes et filles demandeuses d’asile ont été exposées à une violence fondée sur le genre exercée sous de multiples formes : contrainte, prostitution forcée, harcèlement, sexe comme moyen de survie, esclavage sexuel ou autres formes d’extorsion »

C’est bien à une triple peine que sont condamnées ces migrantes : La première, c’est ce qu’elles ont vécu dans leur pays. La seconde est celle du voyage et de tous les risques qu’il comporte. La troisième est celle des traumatismes  engendrés par les violences sexistes.

 Etre à la hauteur des normes internationales : la priorité absolue.

La « Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique » dite « Convention d’Istanbul« (2011) n’a été ratifiée que par 22 des 47 pays du Conseil de l’Europe. Trois pays ne l’ont ni ratifiée, ni signée : l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Fédération de Russie. « On a coutume de dire, dans nos pays démocratiques, que l’on juge un pays à la façon dont il s’occupe des plus faibles d’entre les siens » a rappelé fort justement M. Fridez (Suisse)

Le principal mot d’ordre lancé lors de cette consultation est de rappeler aux Etats leur devoir de signer et ratifier sans plus attendre la Convention d’Istanbul et de s’assurer de sa pleine mise en oeuvre.

Des solutions simples et concrètes

Les mesures recommandées par ce rapport n’ont rien de difficile ni de très couteux à mettre en place :

Concernant la sécurité des femmes dans les centres de transit et d’accueil, il faut créer des espaces sûrs, dortoirs séparés, installations sanitaires bien éclairées réservées aux femmes.(élémentaire! non?)

Les femmes migrantes doivent avoir droit à des entretiens individuels et confidentiels et la présence d’un nombre plus important de femmes parmi les travailleurs sociaux, les interprètes, les policiers et les gardiens devrait permettre, par une mise en confiance améliorée, d’atténuer plus efficacement les traumatismes.

L’offre de cours de langue, la reconnaissance des savoir-faire et des compétences sont les clés de l’émancipation.

Au regard de l’état du monde actuel, il est mensonger de faire croire à une possibilité de stopper l’immigration. Le phénomène est inéluctable et les gouvernements devront faire preuve de plus de solidarité envers les réfugiés et réagir plus fermement lorsque ceux-ci sont la cible et les boucs émissaires des  discours de haine.

La reprise de flambeau

Une jeune députée roumaine, nouvellement élue, est venue renforcer le débat avec lucidité :

« Nous devons convenir que l’on ne peut pas contrôler les migrations… Toutefois les résistances sont fortes. Face aux mentalités, aux traditions et aux coutumes, un travail considérable reste à faire pour convaincre. Les évolutions récentes montrent que les sociétés régressent en matière d’égalité des genres… Partout le populisme gagne du terrain… Il y a nécessité à agir de façon constructive’

En citant cette phrase de Lao Tseu « Mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres » elle confirme que l’Europe n’est pas morte. Le combat continue.

Gervaise Thirion.

 

 

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1 réponse »

  1. Un drame qui mérite bien qu’on en parle
    Pour le COE ce sont d’ailleurs des femmes qui ont enquêté avec talent.

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