Going to Brazil : Sea, Sex and Run…

Plage, cocktail, soleil, samba et clichés brésiliens en tout genre volent très vite en éclat au cours de ce second film de Patrick Mille, à mi-chemin entre la comédie d’aventure et le thriller exotique où quatre amies de longue date voient leurs vacances de rêves virées au cauchemar quand elles se retrouvent poursuivies par la mafia locale. Rencontre avec un réalisateur plutôt inspiré et deux de ses comédiennes, Alison Wheeler et Philippine Stindel, dont il révèle l’énergie solaire.

A l’instar de votre premier film, « Mauvaise fille », où vous révéliez la grâce sensuelle d’Izia Higelin, vous mettez à nouveau en scène des personnages féminins assez forts tout en révélant les actrices talentueuses qui les interprètent…

Patrick Mille : C’est simplement dû au fait que je préfère filmer les femmes, aussi bien dans des drames que dans des comédies, parce que j’aime les femmes… toutes les femmes. Elles donnent plus que les hommes, assument davantage leur fragilité et ont plus d’humour. J’ai besoin d’aimer ce que je filme pour pouvoir le sublimer. C’est aussi mon grand plaisir que de montrer aux gens du métier ainsi qu’au public que des talents encore inconnus existent et qu’il est nécessaire de les révéler.

Et vous les filles, quelle aventure dites moi ! C’est une comédie, bien entendu, mais vos personnages… Qu’est ce qu’ils en chient ? Tout n’a pas nécessairement dû être drôle pour vous… Je me trompe ?

Alison Wheeler : C’est vrai qu’à la première lecture qu’on a fait ensemble, on s’est beaucoup marré mais ce sont vraiment les directions de jeu de Patrick qui nous ont fait comprendre que nos personnages vivent, en réalité, un vrai drame et que la comédie se greffe là dessus grâce à des situations burlesques ou à des personnages loufoques qu’on est amené à rencontrer.

Philippine Stindel : En fait, c’est vraiment en débarquant au Brésil et en commençant le tournage qu’on a appréhendé la dimension dramatique du récit et qu’on a compris qu’on n’allait pas forcément se marrer tout le temps. Les premières scènes qu’on a tournées étaient notamment assez violentes émotionnellement…

Et se retrouver en pleine jungle brésilienne, au milieu des serpents et des scorpions…

AW : Ah oui… on adore ça (Rires) !!! Ceci dit, l’avantage de cet environnement, c’est qu’il vous contraint à rester toujours dans l’émotion de la scène. La direction d’acteur de Patrick nous aidait aussi pour cela car il nous dirigeait en permanence, aussi bien en tournant la scène qu’avant et après.

PM : Et même pendant la pause déjeuner… Diriger des acteurs, c’est comme entrainer une équipe de foot… Tu ne veux pas que tes gars se relâchent à la pause, même s’ils mènent deux buts à zéro. Il y a quelque chose que je déplore dans beaucoup de comédies françaises, c’est que les acteurs sont trop souvent dans le second degré, ils s’amusent eux-mêmes de ce qu’ils sont en train de faire, du coup le spectateur n’accroche pas à la situation. Pour que le film soit crédible, il fallait que les filles restent dans le premier degré de leur situation qui n’est pas drôle du tout, au contraire, elle est même très grave puisqu’elles sont en cavale avec la moitié de la mafia brésilienne au cul qui veut les trucider….

Puisqu’on parle de direction d’acteurs, vous êtes un groupe de quatre filles dans ce film mais l’une d’entre vous, en l’occurrence Vanessa Guide, débarque en cours de route et n’est donc pas au courant du cauchemar que vous vivez… Ça crée un décalage dans l’approche du jeu et des situations ?

AW : C’est vrai qu’on était dans deux rythmes très différents car son personnage vit une histoire parallèle à la nôtre. Elle nous a plaqué pour vivre au Brésil, et quand on vient la retrouver, elle est légère, s’apprête à se marier, attend son premier enfant, alors que nous, on est clairement dans la merde. Donc c’est vrai que Vanessa se sentait un peu seule au début du tournage. C’est vraiment quand on a tourné la cavale que l’amitié s’est cristallisée et qu’on est vraiment devenu un groupe…

Puisqu’on parle de direction d’acteur, vous avez récemment dit à propos de vos actrices, que certaines étaient des actrices techniques alors que d’autres étaient plus instinctives… C’est quoi la différence ?

PM : Une actrice technique c’est quelqu’un qui a une vision de son personnage et qui va travailler de son coté pour proposer quelque chose et jouer sur une rythmique qu’on peut ensuite ajuster afin de donner du naturel à son jeu et casser cet effet de travail… Par exemple, Margot Bancilhon est plus une actrice à l’américaine alors que Philippine Stindel est davantage dans la veine des actrices comme Béatrice Dalle ou Sandrine Bonnaire… C’est quelqu’un de brut, d’entier et avec qui je peux sculpter le jeu mais il faut que ce soit en partant d’elle et de ce qu’elle propose… J’avais fait le même boulot avec Izia Higelin sur mon premier film.

AW : C’est quelque chose de très stimulant de jouer avec une actrice comme Philippine car on est comme devant un félin dans un cirque… Quand on ouvre sa cage, on ne sait pas s’il va bondir ou non et c’est la sensation qu’on a quand on regarde Philippine jouer. Il peut tout se passer et c’est agréable pour une comédienne d’être surprise par sa partenaire.

Et pour conclure, c’est une aventure qui fait avancer vos personnages notamment les deux vôtres qui vont se retrouver peu à peu… Que pouvez vous dire sur les évolutions de chacune ?

PS : Disons qu’elles sont toutes les deux dans un « trop plein ». Mon personnage se rebelle contre tout et tout le temps alors qu’Agathe est, au contraire, très posée, limite coincée de partout et ne peut plus supporter ce genre de scène. Elle n’arrive plus à canaliser cette boule de feu. Mais avec toute cette aventure dans laquelle elles sont plongées, elles retrouvent une certaine complicité qu’elles avaient perdue…

AW : Ce qui est sympa avec ces personnages, c’est qu’ils ont tous, de prime abord, une psychologie proche du cliché mais que le Brésil va transformer. Par exemple, le personnage de Philippine, qui est tout feu tout flamme, se révèle avoir un cœur et le mien n’a pas de vie, est frustré de partout mais va néanmoins se réaliser également. C’est cette mutation qu’elles vont opérer qui est cool et le film parle de ça. On a toutes entre 20 et 30 ans et c’est un âge où on change beaucoup quand on est une femme…

PM : C’est toute la magie du Brésil qui est un pays tellement puissant, surprenant et dingue, qu’il vous confronte à des situations que vous ne soupçonnez pas et qui vous révèle à vous-même…

Sans prétention mais très agréable.

Nicolas Colle.

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