« Sautons comme des cabris », s’il en est encore temps.

Une gestation fluctuante et un danger de saccage accru.

Soixante années d’existence cela n’est rien pour d’agiles cabris « métaphoriques ». L’Union Européenne ou plus exactement l’Europe est passée par de multiples avatars depuis 1949, mise alors en gestation par la création du Conseil de l’Europe, à ne pas oublier. La CECA (1951), la CEE et Euratom à Rome il y a 60 ans, l’Acte Unique en 1986 puis l’Union Européenne à Maastricht en 1992 ont été suivis de traités jusqu’à celui de Lisbonne initié en 2007 et enfin ratifié en 2009 après le vote du dernier état récalcitrant, l’Irlande après un deuxième référendum. Et puis des adhésions portant le nombre des membres à 28 (La Croatie en 2013, en dernier) et une défection avec le Brexit.

Sans piétiner le pré sacré du vénéré général de Gaulle auquel on doit notre titre, il faut rappeler que sa réaction s’exprimait dans un autre contexte géopolitique et que finalement à son arrivée au pouvoir un an après le traité fondateur, il s’y était conformé.

D’ailleurs son action pour la réconciliation et le rapprochement avec l’Allemagne du chancelier Adenauer a été essentielle pour la suite.

Alors réjouissons nous en attendant de fêter le souvenir de la déclaration Schumann, le 9 mai 1950, journée de l’Europe désormais.

A Strasbourg, la construction européenne est une préoccupation primordiale.

Un zoom sur la capitale européenne où l’on escompte un sursaut indispensable. Les associations europhiles y sont légions et concentrent quelques centaines de militants actifs. Ce sont souvent les mêmes qu’on retrouve à pied d’œuvre dans les réunions ou les manifestations. La défense du siège du Parlement Européen menacé surtout par une fronde des Britanniques (un comble) et quelques alliés, fait évidemment consensus. Hâtez vous Mme May et revoyons nos coopérations équitables. Osera-t-on préciser aux eurosceptiques et surtout aux nationalistes anti-européens que la procédure de sortie est complexe et longue même pour le RU qui n’était pas vraiment dedans et n’a pas de problème direct avec l’euro ni la charte ni les frontières si ce n’est avec les siennes propres.

On doit à cet égard un coup de chapeau au jeune député PS, El Koubi qui œuvre au sein de la commission de préparation du Brexit, côté UE. Il a décrit les difficultés techniques devant un auditoire médusé, persuadé qu’il suffisait de claquer la porte, comme on le ferait dans un couple désuni, sans autre fracas. Eh bien, non cela n’est pas si simple, même si de chaque côté, on feint de ne pas trop s’en faire. Au contraire.

Ambiance exemplaire, sereine.

La manifestation la plus révélatrice a été organisée par la MESA (Maison de l’Europe de Strasbourg et de l’Alsace) avec les eurodéputés :

– Anne Sander pour le PPE (LR),

– Edouard Martin pour le PSE ( soc),

– Jean Arthuis ALD ( président de l’Union Centriste au sein de l’UDI qui vient de l’exclure pour cause de ralliement à Macron)

– Pascal Durand (Verts/Alliance Libre Européenne)

Ajoutons-y celle qui a introduit le débat Mme Nawel Rafik-Elmrini , adjointe au maire de Strasbourg en charge des Affaires Européennes et Internationales. Non encartée, elle a rejoint très tôt le mouvement «  en marche » de Macron, sans avoir à subir l’opprobre de ses collègues, y compris du maire.

Pour colorer encore un peu plus joliment le plateau, on ajoutera l’animatrice, journaliste à la TV Portugaise, Maria Fernanda Gabriel-Hanning. Merci mesdames et messieurs.

« Et le Front National ? » s’enquiert un auditeur. La réponse du président Bohner est catégorique, le titre de la conférence étant «  La place de l’Europe dans l’élection présidentielle », les « antis » sont exclus ipso facto.

On verra par la suite si « nécessaire » !!!

On est pro-européen ou on ne l’est pas. Il est vrai que, pour le coup, le consensus avec quelques variantes peu piquantes, en a été favorisé. Tous ces députés sont pro-européens, à leur façon. Reste à passer aux actes.

 Vivre ensemble en politique aussi.

 En aparté, puisqu’on n’est dans pas loin du dithyrambe ou au moins de l’éloge, en contraste avec une ambiance générale excessivement haineuse, pesante, indigne d’une démocratie qu’on voudrait éclairée, apaisée, on peut trouver un précurseur en la personne de Robert Herrmann, président de l’Eurométropole.

Quel rapport avec notre sujet ? Quel lien ?

Comme les invités de notre plateau MESA, il est une personne d’ouverture. On a pu le constater encore dans les propos tenus lors de la remise de la Légion d’Honneur par le préfet de Région. Elu à la présidence avec une majorité de son parti, le PS, donc en toute sécurité alors, le nouveau légionnaire avait fait élire à la tête de commissions et à des vice-présidences des membres de l’opposition dite de droite.

A la faveur d’une modification de l’Assemblée par l’augmentation des communes membres et partant, du rapport de force, les nouveaux venus renforçaient la droite désormais majoritaire. Qu’à cela ne tienne, les élus se sont montrés ouverts à leur tour et le président sortant a été très largement réélu. C’est à ce titre qu’on a pu lui rendre hommage. Clivages dépassés au profit d’un travail efficace.

L’Europe a besoin de positions de cette hauteur là pour redémarrer efficacement.Elle est si belle!

Antoine Spohr

 

 

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1 réponse »

  1. SAUTONS COMME DES CABRIS, car il en est encore temps. Merci pour ces articles de fond – et de bond – sur l’EUR-Ope. Car LArges-Vues et LATitudes inscrites dans notre nom s’amplifient encore dans le site d’EUROLATIO, qui nous invite à diLATer l’espace, le mouvement, la reLATion (aux deux sens de ce terme) et l’action bien au-delà d’un pré carré où mal sauter – ou trop brouter (aux deux sens du verbe également) – ralentirait le troupeau : à la mesure au contraire de l’immigrée légendaire, mais fondatrice, appelée EURope et qui nous appelle précisément, après trois millénaires, à la liberté solidaire qu’elle a mise au monde, ou plutôt à flot, en Crète !

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